Les vignobles à l’ère du développement durable (1/2) : le Château Roquefort et la préservation de la biodiversité

RSE, développement durable, raisons d’être, labels… les engagements en faveur de l’environnement se multiplient au sein des entreprises et touchent tous les secteurs. La filière du vin n’y échappe pas. Effet de mode ou vrai engagement ? Nous avons rencontré deux acteurs du secteur qui nous parlent de leurs actions en faveur du good au travers des labels et de la raison d’être. Rendez-vous cette semaine au Château Roquefort.

Taux de sucre plus élevé, bourgeons plus tardifs et vendanges précoces… Le réchauffement climatique se répercute sur la culture et la qualité du vin et ses conséquences sont inévitables. Forts de ce constat, les vignerons ont dû s’adapter et développer des pratiques durables.

C’est le cas du Château Roquefort, propriété bordelaise de l’Entre-deux-Mers de la famille Bellanger. Sur les 240 hectares du domaine, seulement 100 sont constitués de vignes. Les 140 hectares restants sont composés de forêts de charmes et de chênes et de prairies. Il s’agit là d’une véritable volonté de la famille Bellanger de préserver cette biodiversité riche. Dès lors, limiter les impacts de l’activité viticole sur cet environnement est une préoccupation majeure. Cela passe notamment par trouver des substituts non agressifs, des nouvelles méthodes de désherbage et limiter les quantités utilisées. A chaque agrandissement du domaine, le mot d’ordre a été de garder 55% de nature vierge.

La faune et la flore sont denses sur la propriété et permettent ainsi une attractivité touristique importante. Des visites sont proposées avec un naturaliste qui emmène les visiteurs dans la forêt et analyse la faune et la flore locales. La spécificité du domaine est de reposer sur un site archéologique avec une allée qui date du néolithique, ce qui leur a valu notamment le Best of Wine en 2019 dans la catégorie architecture et paysage. Chaque année, le CNRS vient effectuer des campagnes de fouilles. Les racines culturelles, historiques et naturelles du domaine sont très présentes. Les Bellanger ont adopté la philosophie de Saint-Exupéry « nous n’héritons pas de la Terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ».

Ce fut donc naturel pour les Bellanger de s’inscrire dans une démarche RSE. Actuellement en train de réaliser son bilan carbone, le domaine travaille à de nouvelles pratiques économes en énergie. Il projette de passer à l’énergie solaire pour le chai et de limiter la consommation d’eau. Les bouteilles sont désormais en verre allégé, détail auquel les clients américains sont très sensibles. Les caisses en carton sont également préférées aux caisses en bois, le carton présentant un meilleur bilan carbone. Un système d’économie circulaire est mis en place afin que ces caisses soient réutilisées.

Avec le changement climatique, la température a pris 1,5°. Cette année, le domaine a perdu 40% de sa production à cause d’une gelée printanière intervenue en avril alors que des bourgeons étaient déjà sortis. Le Château Roquefort a été contraint de réfléchir à adapter sa production et à planter de nouveaux cépages pour augmenter sa résilience. L’idée est de décaler les bourgeons dans le temps, ils seront ainsi moins sortis au moment des gelées tardives. Le Château Roquefort va essayer deux nouveaux cépages en lançant 4000 pieds cette année : le Castets et l’Arinarnoa. Il s’agit de cépages oubliés anciennement présents dans la région qui sont plus tardifs et plus résistants, et ainsi adaptés à la météo d’aujourd’hui.

Du côté des labels et certifications, Château Roquefort est membre depuis 2014 de la première association pour le SME « Système de Management Environnemental » du vin de Bordeaux certifié ISO 14 001 qui prend en compte l’ensemble des activités du domaine, de la vigne jusqu’aux consommateurs, pour maîtriser et diminuer son impact sur l’environnement. Les bonnes pratiques comme les stations de lavage, la maîtrise des rejets, la limitation des traitements et produits phytosanitaires restreints au plus strict besoin de la vigne, les pulvérisations ultra-ciblées et la protection renforcée des salariés ont été mises en place et sont régulièrement contrôlées.

En 2017, le domaine a reçu le label Haute Valeur Environnementale niveau 3, rejoignant ainsi les 120 domaines bordelais labellisés. Ce label HVE certifie la performance environnementale des propriétés viticoles sur les enjeux biodiversité, phytosanitaire, et fertilisation. En parallèle, le Château Roquefort fait un vrai cheminement depuis 2014 pour passer en vin bio, la conversion bio a été lancée début 2021. Les premières cuvées sortiront dans deux ans et le calendrier étale la conversion sur 100% du domaine en cinq ans.

Tous ces efforts les ont fait remarquer par le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) pour être parmi les châteaux qui réfléchissent à l’avenir du vin de Bordeaux. Le CIVB a lancé la démarche « Bordeaux Cultivons Demain » qui doit permettre de labelliser l’engagement des acteurs de la filière vin en matière de RSE et dont le Château Roquefort fait partie. Cette démarche repose sur quatre piliers : les questions de qualité de vie au travail, celle de l’approvisionnement local, avec un objectif de ne pas dépasser les 60 kms, le dialogue pour plus de proximité avec les consommateurs, et la préservation de l’environnement avec des économies d’eau et d’énergie et la préservation de l’écosystème et de la biodiversité.

L’engagement en faveur de l’environnement n’est pas la seule démarche RSE du domaine. Le château Roquefort se veut également très engagé socialement. Situé à 1h de route de Bordeaux, le château permet à certains employés d’être logés sur place. Il est également engagé dans la vie locale notamment dans le village de Lugasson afin de faire vivre les acteurs locaux, principalement grâce au tourisme.

Le Château Roquefort est attaché à la transmission du savoir-faire et souhaite intégrer des jeunes dans ses équipes. Ils travaillent ainsi avec les Apprentis d’Auteuil mais également avec l’école de commerce de Bordeaux Kedge Business School où des alternants sont embauchés au domaine. Le souci du maintien de l’emploi est important : aucun licenciement n’a eu lieu malgré les années difficiles dues au covid. Cette année, le domaine crée de nouveau de l’emploi.
Enfin, le prix du vin est un engagement important. Le Château Roquefort vend son vin à un good value wine et fait preuve de prudence après beaucoup de Bordeaux bashing. Le rapport prix/plaisir se veut excellent avec des premières bouteilles autour de 7 euros, les bouteilles les plus chères étant à 19 euros de quoi allier partage, engagement et plaisir.

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