Bambou, amidon, canne à sucre : les alternatives au plastique sont-elles sérieuses ?

Depuis 2021, la vente d’objets en plastique à usage unique est interdite sur le sol européen. L’existence des barquettes et des pailles en polymère touchant à sa fin, c’est l’occasion de se pencher sur les alternatives au plastique que les industriels tentent de développer. Spoiler alert : elles ne sont pas forcément plus écologiques que le plastique.

L’Union Européenne s’est finalement décidée cet été à bannir la vente de couverts, pailles, cotons-tiges, barquettes, sacs et autres plastiques à usage unique. Ces torrents de déchets représentent selon la Commission européenne jusqu’à 70% des déchets marins. Des masses d’immondices qui asphyxient les amphibiens et forment des soupes de plastique dans l’océan Pacifique nord et l’océan Atlantique nord. Une fois désagrégé, ce sable de polymère est absorbé par les poissons, les tortues et les oiseaux marins. Selon l’ONG Greenpeace, ce phénomène tuerait des centaines de milliers d’animaux chaque année, sans compter l’impact sur la santé humaine via la chaîne alimentaire. C’est donc un euphémisme de dire qu’il était temps de réguler le secteur, à plus forte raison que 91% des déchets mondiaux de plastique ne sont pas recyclés selon l’Atlas du plastique.

Le bambou, une bonne idée rongée par l’industrialisation 

Réduire la production de déchets ne signifie pas réduire l’impact global du produit. Dans une analyse de cycle de vie, il convient de compter notamment la consommation en eau, en ressources et en énergies fossiles du produit évalué, et ce, du berceau à la tombe. Sans cet outil d’analyse, le bambou semble en apparence être un candidat idéal pour remplacer le plastique : sa croissance est ultra véloce – jusqu’à un mètre par jour -, ne nécessite aucun engrais chimique et favorise l’infiltration de l’eau dans le sol. Sa transformation et son traitement sont par ailleurs peu gourmands en énergie. L’arbre préféré des pandas est devenu une star qui aujourd’hui révèle ses failles : sa production massive a engendré des déforestations majeures. Une surproduction menée au détriment des espèces animales et végétales, mais aussi au stockage du carbone nécessaire pour limiter la dérive climatique. L’exploitation industrielle du bambou, qu’on pensait être un atout sérieux dans la lutte écologique, est devenue une fausse bonne idée. La prochaine fois que vous achèterez des couverts jetables ou des pailles en bambou, sachez que votre geste pour la planète est tout relatif.

L’amidon et la canne à sucre, clefs de voûte d’un bioplastique pas si bio que ça

On parle souvent du bioplastique comme alternative au plastique. Pour ceux qui utilisent des polymères dérivés du pétrole, la question ne se pose pas tant leur lien de parenté avec le plastique est évident. Cela dit, il existe bel et bien des bioplastiques, c’est-à-dire selon l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise des énergies) des matériaux biosourcés et d’origine renouvelable. C’est le cas des matériaux à base d’amidon de pomme de terre, de maïs ou de blé. Le problème, c’est qu’un matériau biosourcé n’est pas forcément biodégradable. Le « plastique amidonné » contient souvent des additifs chimiques qui renforcent sa résistance et rendent difficile sa dégradation naturelle. Sur le plan des ressources, ce n’est guère plus satisfaisant : la production d’amidon nécessite une grande quantité d’engrais chimiques ainsi que des considérables quantités d’eau. Sans compter que la pomme de terre, le maïs et le blé sont à la base de notre alimentation. Un double usage nécessiterait une production encore plus importante. Pour ce qui est de la canne à sucre, c’est le même son de cloche. Elle est in fine peu biodégradable car bombardée de produits chimiques pendant sa croissance.

Les alternatives industrialisables

Le bambou, comme l’amidon et la canne à sucre, peuvent être des alternatives au plastique à la seule condition qu’elles soient produites localement et durablement. Ces pistes ne résistent pas à l’effet de l’industrialisation. À l’inverse, le « plastique » d’algue est intéressant car c’est une ressource abondante qui peut être transformée en matière rigide. La culture d’algues permettrait d’ailleurs d’absorber davantage de CO2, dont la plante sous-marine se nourrit par photosynthèse. Le simili-plastique en peau de banane présente lui aussi tous les intérêts du plastique sans ses inconvénients. Il est résistant et abondant, c’est d’ailleurs l’un des fruits les plus consommés de la planète. Il produit en conséquence une quantité considérable de déchets qui ne cherchent qu’à être valorisés, notamment dans les pays en voie de développement. On notera aussi l’existence du «plastique » en graines d’olives, à base de cactus, de champignons… Une myriade de solutions pour en terminer avec une ère du plastique qui a suffisamment abîmé notre planète. 

Romain Salas
Romain Salas
Journaliste. Après une licence de droit à la Sorbonne et un master en médias et communication au CELSA, Romain tombe dans les charmes du journalisme et de l'écriture. Avec un tropisme fort pour l’écologie et la justice sociale, il imprègne dans ses choix éditoriaux un parfum d'engagement à la mesure des urgences de notre temps.

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