05/02/2024

Temps de lecture : 4 min

« Nous œuvrons à la sauvegarde des savoir-faire et à la réindustrialisation », Alexandre Garcin (maire de Roubaix)

(contenu abonné) Il y a deux ans, la ville a racheté une ancienne usine textile pour y créer un pôle dédié à l’économie circulaire. Il héberge notamment un incubateur(contenu abonné) Il y a deux ans, la ville a racheté une ancienne usine textile pour y créer un pôle dédié à l’économie circulaire. Il héberge notamment un incubateur(contenu abonné) Il y a deux ans, la ville a racheté une ancienne usine textile pour y créer un pôle dédié à l’économie circulaire. Il héberge notamment un incubateur...

(contenu abonné) Il y a deux ans, la ville a racheté une ancienne usine textile pour y créer un pôle dédié à l’économie circulaire. Il héberge notamment un incubateur d’entreprises industrielles, « afin de créer un véritable parcours pour ces entreprises spécifiques », explique Alexandre Garcin, 3e adjoint au maire, notamment chargée de la transition écologique et énergétique.

TheGood : Pourquoi la Ville de Roubaix a-t-elle décidé de créer ce hub de l’économie circulaire ?

Alexandre Garcin : Ce site est le résultat d’une politique volontariste en faveur de l’économie circulaire, mise en place par la Ville. Roubaix, qui est très engagée sur cette thématique, est d’ailleurs la seule ville française à avoir été retenue par la commission européenne parmi les douze villes et régions pilotes à l’échelle européenne.

Notre objectif était de pouvoir répondre aux besoins de tout l’écosystème de l’économie circulaire que la Ville accompagne et anime, en leur proposant des locaux à un prix raisonnable. Plus largement, nous souhaitions poursuivre le développement de la communauté déjà existante, car l’économie circulaire est aussi un travail de coopération. 

 Il y a deux ans, nous avons racheté cette ancienne usine textile ; les manufactures Tissel, installées depuis le XIXe sur un site de 11 000 m2, dans les quartiers nord de la ville. Les entreprises présentes développent des activités très différentes. Elles recherchent et créent des synergies entre leurs matières secondaires. L’association les Manufactures Tissel, prestataire pour la ville de Roubaix, anime le site. Elles vont proposer des services mutualisés, tels que la logistique. 

TheGood : Parlez-nous des jeunes pousses que vous dorlotez…

Alexandre Garcin : Six structures sont arrivées l’été dernier. Certaines existaient mais ont ainsi pu accélérer leur développement. Je veux parler de « La Vie est Belt », entreprise qui recycle des pneus de vélo en ceintures ; « Les Trois Tricoteurs », qui avaient un bar à tricoter sur Roubaix et qui créent actuellement une usine de tissage automatisé de pulls.

D’autres étaient en phase émergente et nous leur avons offert de bonnes conditions pour démarrer. Il y a « Juin fait le lin », qui fabrique des collections de vêtements en lin. Le lin est une matière locale mais si la majorité de la production vient de France, elle est surtout transformée en Chine, alors que nous avons le savoir-faire ici ! Il y a également « Le Parpaing », une ressourcerie de matériaux de construction, et « Recycle moi », qui répare des vélos d’occasion pour remise sur le marché. Sur ce site, nous hébergeons également le CFA BTP. Les jeunes, qui sont formés sur le sujet du réemploi dans le bâtiment, peuvent ainsi faire leurs travaux pratiques en lien avec entreprises voisines.

TheGood : La création de ce site a-t-elle permis la création d’emplois ou plutôt leur sauvegarde sur Roubaix ?

Alexandre Garcin : Ce site fait travailler une trentaine de personnes. Il permet de sauvegarder les emplois qui existaient et d’en créer de nouveaux. Depuis sa naissance, l’ensemble des entreprises qui y sont installées a créé une vingtaine d’emplois supplémentaires. Mais ce site est le cœur du réacteur car il y a d’autres entreprises de l’économie circulaire sur Roubaix, qui seront également, demain, pourvoyeurs d’emplois.

TheGood : Quel fut le budget consacré à cette acquisition et les travaux nécessaires ? 

Alexandre Garcin : Nous l’avons acheté pour 1,7 million d’euros, et réalisé des travaux à ce jour à hauteur de 253 000 euros en 2023. Un budget de 1,3 million d’euros sera consacré à d’autres travaux en 2024. 

Les services municipaux sont impliqués dans les petits travaux et la maintenance du site. Nous projetons notamment d’améliorer le système de chauffage en raccordant le site au réseau de chaleur qui est à 80% en énergie renouvelable (issu de biomasse, récupération de chaleur de l’incinérateur et 20% gaz et fioul). Ces travaux auront lieu en 2024, en partenariat avec le BTP CFA, avec le soutien de l’Etat et de la Région Hauts-de-France.

TheGood : Avez-vous eu des difficultés à trouver des « poussins » pouvant être hébergées dans cet incubateur ?

Alexandre Garcin : Il y a beaucoup de demandes ! Le site, qui n’a ouvert qu’à l’été dernier, est déjà quasiment plein. Nous réfléchissons à la création d’un deuxième site. Nous avons «la chance », si je peux le dire ainsi, d’avoir un certain nombre de friches industrielles sur la Ville, mais nous n’avons pas encore décidé de l’implantation de ce deuxième pôle.

TheGood : La Ville reste-elle partie prenante dans le suivi du projet ?

Alexandre Garcin : C’est une structure indépendante qui anime le lieu, les Manufactures Tissel, mais nous agissons, nous, comme propriétaire du site et tiers de confiance de l’écosystème de l’économie circulaire. 

TheGood : Roubaix a une longue tradition textile, est-ce que cela vous incite à favoriser ce domaine ?

Alexandre Garcin : Effectivement, nous oeuvrons à la sauvegarde des savoir-faire et à la réindustrialisation. 

Nous avons un pôle dédié au textile et nous animons un réseau des entreprises du secteur. Certaines sont à la fois dans le textile et dans l’économie circulaire. Il s’agit du site Roussel, situé dans un autre quartier de Roubaix. Ce dernier héberge à la fois des structures comme « l’Atelier Agile », qui fabrique de micro-collections très rapidement, pour les grandes entreprises du textile. Il a la même philosophie que « Les Trois Tricoteurs », capables de répondre à des commandes des grands de la distribution très rapidement, et de façon compétitive par rapport à la Chine. Faire fabriquer en fonction des besoins permet aux grands de la distribution de réduire les invendus et les transports. La fabrication en France devient alors compétitive.  

Il y a aussi « Résilience », une structure créée au temps de Covid, pour fabriquer des masques, qui fait des vêtements à présent. Nous avons également des entreprises très pointues qui font des vêtements techniques. Ce site est un mix de public / privé.

Nous avons même une école de production industrielle de couture. Le textile renaît à Roubaix !

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