Le président du MEDEF revient sur la REF (Rencontre des Entrepreneurs) 2024 en expliquant sa vision et les points forts de cette édition placée dans un contexte politique incertain.
The Good : Pourquoi avez-vous le thème du « pouvoir » pour cette REF 2024 ?
Patrick Martin : Dans un contexte particulièrement exigeant pour les 200 000 entreprises que le MEDEF représente, marqué par une redistribution des cartes du pouvoir aussi bien au niveau international qu’à l’échelon national, nous avons mis avec vous à l’honneur cette thématique centrale. A l’heure où la moitié de la population mondiale est concernée par des élections en 2024, avec en toile de fond un paysage géopolitique troublé, les cartes du pouvoir risquent d’être profondément rebattues. Au niveau européen, cette redistribution est également à l’œuvre au moment où l’Union est confrontée à des défis qui appellent des réponses fortes : comment l’Europe peut-elle financer la transition vers une économie verte tout en maintenant sa compétitivité ? Quelles solutions technologiques pour sa mise en œuvre ? L’IA n’est-elle pas un risque pour nos démocraties, face à la propagation de fausses informations ?
Ce POUVOIR, ces POUVOIRS, sont aujourd’hui dans les mains d’une pluralité d’acteurs à qui nous avons souhaité donner la parole. Face à la multitude de défis à laquelle nous sommes confrontés, nous devons collectivement, dans un esprit constructif, exercer notre pouvoir de faire au service de l’intérêt général et de la réussite du pays.
C’est pourquoi il était essentiel d’entendre celles et ceux – plus de 120 élus, chefs d’entreprise, scientifiques, représentants d’ONG et d’associations – qui détiennent une partie de ce pouvoir et souhaitent, de façon singulière, le mettre au service de la résolution des grands défis.
The Good : Quel est votre bilan de la REF 2024 ?
Patrick Martin : Pour la 6ème année consécutive, la Rencontre des Entrepreneurs de France s’affirme comme l’évènement de la rentrée économique et politique. En terme de popularité, cette année ne faisait pas exception. Nous avons enregistré une forte participation, avec la présence de plus de 10 000 visiteurs. Mais l’édition 2024 avait un caractère inédit, à plusieurs titres. Il s’agissait de la première édition de la REF dans un format totalement repensé, avec une place accrue dédiée à nos adhérents, fédérations professionnelles et territoires, avec un village dédié.
Inédite, la REF l’était également du fait de l’absence des membres du Gouvernement démissionnaire. Dans cette configuration particulière, nous avons convié les Présidents du Sénat et de l’Assemblée qui ont répondu présent, une première à la REF ! Ils pourront compter sur la première organisation patronale comme interlocuteur de référence. De notre capacité à dialoguer et coconstruire des solutions, dépendra l’efficience et l’acceptabilité des politiques publiques.
J’ai fait une priorité de mon mandat que notre mouvement soit un Medef d’affirmation, un Medef de production, qui fasse pleinement vivre le débat d’idées, étant la première organisation patronale de France et pour proposer à nos 200 000 entreprises adhérentes des analyses toujours plus pointues sur les grands sujets économiques et sociaux. Ainsi, cette REF s’inscrit encore plus solidement comme une référence dans le débat public, dans un contexte marqué par les transitions écologique, numérique qui poseront les fondations de l’économie de demain.
Le succès de cet évènement tient à notre capacité d’innovation et d’adaptation aux nouveaux défis – cette année met à l’honneur l’engagement des entreprises dans la création d’un front économique capable d’apporter de la rationalité dans le débat.
The Good : Quelles sont les ambitions sur les enjeux de la transition écologique des membres du MEDEF pour les mois à venir ?
Patrick Martin : La transition écologique figure tout en haut des priorités des entreprises de France et le MEDEF est à leurs côtés pour réussir à relever ce défi. Loin d’être une simple évolution comme le capitalisme a pu en connaitre, il s’agit d’une véritable révolution qui appelle à réinventer notre modèle, à nous décarboner. La solution, les entreprises l’ont dans leurs mains. Elles reposent sur l’investissement, l’innovation, une croissance responsable.
Cette croissance responsable que nous défendons conformément à notre raison d’être, est la condition de la réussite de cette transition. Sans croissance, nous ne pourrons transformer notre appareil productif, nous ne pourrons assumer les 40 milliards d’euros d’investissement supplémentaires par an d’ici 2050, nous ne pourrons faire rimer transition écologique et souveraineté, aussi bien énergétique que technologique.
L’actualité le démontre, l’acceptabilité sociale et la soutenabilité de nos régimes sociaux sont également à intégrer dans nos stratégies et calendriers, sans jamais nous détourner de nos objectifs environnementaux.
C’est pourquoi nous aurons à cœur d’aborder cet enjeu majeur par le prisme du pragmatisme, de la rationalité, en dépassionnant les débats. Pour être réussie, la transition écologique doit être socialement acceptable, planifiée avec un cap clair et réaliste, sans obérer la compétitivité des entreprises. C’est ce que nous défendrons.
Photo © MEDEF – Romuald Meigneux