HelloAsso : l’art de faire converger impact social positif, croissance de l’activité et culture d’entreprise engagée

Première solution de paiement gratuite pour plus de 120 000 associations en France, HelloAsso compte parmi les acteurs d’un monde plus solidaire et mérite toute notre attention. Reconnue ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale), l’entreprise repose sur un modèle économique alternatif entièrement basé sur le volontariat des internautes, au moment du paiement (don). Non pas sans risque, le business model s’avère concluant. En 2019, 700 000 personnes ont fait librement le choix de soutenir HelloAsso, permettant de salarier une équipe de 65 collaborateurs. Comment la transition solidaire de notre société s’organise-t-elle au prisme du don ? Comment l’encourager en temps de crise et quels enjeux sont à considérer ? Questions-réponses avec Charlie Tronche, Directeur de la Communication et des Partenariats.

S’il vous est arrivé d’effectuer un don pour une association en ligne, il y a de grandes chances que vous soyez passé par HelloAsso. Et pour cause, la plateforme de paiement des dons en ligne entièrement gratuite recense pas moins de 100 000 associations participantes. Son activité : aider ces dernières à gagner du temps dans la gestion de leurs activités quotidiennes grâce à ses outils intégralement gratuits (billetterie, adhésion, crowdfunding, vente en ligne, dons etc.). Malgré un business modèle pour le  moins original, l’entreprise française lancée par Ismaël Le Mouël et Léa Thomassin en 2009 ne cesse de s’agrandir et multiplie les initiatives pour activer la transition  solidaire de mode de vie auprès des individus comme des entreprises. 

Si les français n’ont jamais été aussi généreux en 2020 avec +22% de dons aux associations par rapport au premier trimestre 2019, la fin d’année est un moment clé dans la vie associative, encore plus dans ce contexte. Après avoir lancé en mars dernier la plateforme don-coronovarirus.org, permettant de récolter 8 millions d’euros de dons, HelloAsso déploie le second volet de son aide aux associations en dévoilant un partenariat avec le SiteW, solution française de création de site internet. Un moyen de contrecarrer les restrictions sanitaires actuelles en donnant aux associations les clés pour se digitaliser, lancer leur site et survivre à moindre coût.  

Acteur essentiel dans le maintien du lien social, HelloAsso nous redonne l’enthousiasme que ce second confinement tend à nous faire perdre. Charlie Tronche, Directeur de la Communication et des Partenariats nous livre ses retours d’expérience et sa vision de l’économie sociale et solidaire confinée.

The Good : Riche d’une soixantaine d’employés et d’une clientèle d’associations dépassant la barre des 100 000 utilisateurs, HelloAsso fonctionne sur un business model reposant entièrement sur le volontariat des internautes, au moment du paiement (don). Quels enjeux, obstacles et avantages tirez-vous de ce parti pris ? Envisagez-vous de le faire évoluer ?

Charlie Tronche : Ce pacte gagnant-gagnant avec les associations qui bénéficient de tous nos services gratuitement et avec les internautes qui peuvent soutenir le développement de HelloAsso s’ils le souhaitent est le cœur de notre ADN. A travers ce business model nous avons voulu redonner aux utilisateurs la capacité à choisir à quel point ils valorisent notre service et notre impact en étant totalement libres de nous soutenir, ou non. C’est un parti pris fort pour une entreprise tech et c’est aussi un gage de résilience et un modèle vertueux : pour que l’aventure continue nous avons besoin que les associations mobilisent leurs réseaux et voient leurs collectes augmenter. On met toutes nos forces dans cette bataille qui, in fine, profite à tous. Beaucoup de choses ont évolué depuis la création du service en 2009, mais ce pacte là n’a pas bougé d’un iota et ne bougera pas. C’est ce qui fait que l’on fait communauté avec nos 130 000 associations et leurs +3 millions de soutiens.

The Good : Au-delà d’être une solution de paiement en ligne pour les associations, HelloAsso multiplie les initiatives visant à visibiliser, soutenir et accompagner les acteurs du lien social dans leurs démarches. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos ambitions et intentions ?

C.T. : Très rapidement nous avons été convaincus que nous ne pouvions pas rester une “simple” solution de paiement. D’abord parce que le secteur associatif n’est pas au bout de ce qu’on appelle sa transition numérique et qu’il a un besoin fort d’accompagnement ; ensuite parce que notre Raison d’Être est d’aider au développement de toutes les associations, car nous croyons en leurs forces. Dans cette optique, leur fournir des outils de paiement est un moyen, pas une fin en soi. Notre objectif est de créer un maximum de points de rencontre entre citoyens et acteurs associatifs. Cette ambition est renforcée par la crise que nous traversons qui met sous cloche une grande partie du lien social que des organisations comme les associations contribuent à créer, pour le bien de tous.

The Good : Les entreprises sont-elles une cible que vous tentez de faire participer à cette économie ? Comment ?

C.T. : Nous avons coutume de dire que le statut ne fait pas la vertu. Oui, les entreprises peuvent avoir un impact social positif et nous ne sommes que l’un des nombreux exemples. Nous sommes très régulièrement amenés à témoigner sur la manière dont nous faisons converger impact social positif, croissance de l’activité et culture d’entreprise engagée. Mais au-delà du témoignage nous cherchons à contribuer ou participer à des dynamiques collectives pour faire bouger les lignes. Nous avons lancé un programme de montée en compétence numérique pour les acteurs associatifs qui met autour de la table des entreprises, des associations, des coopératives, et l’Etat. Nous lançons régulièrement des initiatives à l’image de la Social Good Week ou du mouvement #20h05JeDonne qui forment des alliances où les entreprises et les associations mettent ce qu’elles ont de mieux au service de l’intérêt général. Et bien entendu nous contribuons au Mouvement Impact France, au Social Good Accelerator, et dans les autres écosystèmes où l’on allie innovation sociale et technologique.

The Good : En mars dernier, à l’annonce d’un premier confinement national, HelloAsso se mobilisait pour soutenir les associations en lançant la plateforme don-coronavirus.org. Alors qu’une deuxième vague de restrictions saisit le pays et précarise les associations, vous collaborez avec SiteW. Pouvez-vous nous raconter les intentions et formes de cette collaboration ?

C.T. : Pour les associations la 2ème vague épidémique et le reconfinement vient ajouter de la fragilité à une situation déjà extrêmement précaire qui, d’ailleurs, ne date pas du printemps. Don-coronavirus.org avait le souci de répondre à une urgence et a eu le mérite de permettre la collecte de plus de 8 millions d’euros. Pour cette seconde vague nous avons besoin de construire sur le temps long, et de nouer des alliances avec des acteurs dont les services sont complémentaires au nôtres avec toujours le même objectif : faciliter la vie des associations, leur permettre de tirer partie du numérique pour se développer. Concrètement les associations qui utilisent SiteW pour créer et administrer leur site internet bénéficient d’un module de paiement HelloAsso extrêmement abouti et intégré. À l’heure du Click & Collect, mais aussi à l’abord de la saison du don qui a traditionnellement lieu en fin d’année, c’est un vrai plus.

The Good : Si en 2020, la crise sanitaire a sensibilisé les populations à s’engager dans de nouvelles formes de justice sociale permettant notamment de faire augmenter les dons aux associations de +22%, comment pérenniser ces formes de solidarité en terres capitalistes ultra-individualistes ?

C.T. : Les premiers signaux sur la générosité des Français au printemps sont effectivement plutôt positifs, il est désormais impératif que la fin de l’année connaisse le même élan car c’est pour beaucoup d’associations le moment clé en matière de collecte de dons. Pour pérenniser ces logiques de solidarité et de passage à l’action, il faut aller plus loin que le don et permettre à chaque Français de s’engager près de chez lui et d’exprimer pleinement son souhait d’agir ensemble. Là encore, le numérique est un moyen de passer à l’échelle certaines de nos pratiques : comment se fait-il que beaucoup d’entre nous aille naturellement faire leurs achats de Noël sur les sites de e-commerce mais n’aient pas le réflexe d’aller sur Internet pour construire ou rejoindre un projet collectif ? Créons des ponts et donnons à chacun le pouvoir d’agir.

The Good : Au-delà du don, comment faire transitionner notre société vers une dynamique plus socialo-centrée ? Est-ce même possible ?

C.T. : C’est une tendance de fond qui, me semble-t-il, est déjà à l’œuvre mais qu’il faut faire émerger. Il y a une vraie aspérité au local et à l’entraide du coin de la rue que la crise que nous vivons vient renforcer. Il faut adresser deux enjeux sur lesquels notre société est bâtie. D’abord arrêter de systématiquement associer la “richesse” à l’économie ou la finance, et créer des indicateurs de santé d’un pays qui vont plus loin que le revenu par habitant ou la capitalisation boursière de certaines entreprises. Ensuite favoriser la construction de réseaux locaux dans un pays très marqué par le rôle de l’Etat central et son administration. Cela nécessite de donner du poids aux acteurs intermédiaires et aux citoyens dans la prise de décision et leur donner les moyens financiers de réaliser des actions locales. C’est possible, c’est souhaitable, c’est d’une certaine manière déjà à l’œuvre, mais c’est à renforcer.

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