Congé paternité : les entreprises s’activent sans attendre que la politique les suive

Le 23 septembre dernier, le président Emmanuel Macron annonçait (enfin) le doublement du temps de congé paternité de quatorze à vingt-huit jours avec entrée en vigueur en juillet 2021. Si cette annonce est une bonne nouvelle, elle est loin de solutionner la possibilité d’implication égale des pères dans l’éducation des enfants, le rééquilibrage des tâches familiales, ou encore l’égalité professionnelle entre hommes et femmes. Fort heureusement, les entreprises n’attendent pas toutes la bénédiction du gouvernement pour faire changer les lignes de la gestion des droits de leurs salariés. En témoigne Pandacraft qui renforce sa politique RH avec 84 jours de congé paternité et 2 mois supplémentaires pour les mères (en plus des congés et télétravail illimités, depuis toujours). Coup d’oeil sur celles et ceux qui n’attendent pas la politique pour développer les leurs. 

A l’annonce de la proposition encourageante de Pandacraft et au regard de la lenteur des gouvernements à mettre en place des mesures concrètes et impactantes, on ne peut que voir l’importance pour les entreprises d’agir sans attendre pour la transformation de modèle entrepreneuriaux plus solidaires et inclusifs. Car si l’agenda politique compte évidemment dans ses aspirations de transition écologique sociale et solidaire une amélioration des conditions d’emploi et de vie des citoyens, ce sont les entreprises qui sont surtout attendues au tournant. Les études l’ont montré : les entreprises ont une portée politique certaine et les citoyens attendent de celles-ci qu’elles s’emparent de leur responsabilité sous tous aspects, plus seulement en campagne. 

Ne plus attendre que justice soit faite 

Pour rappel, 60% des Français n’ont pas confiance dans notre système politique, parce que plus de 71%  ne se sentent pas représentés par ses élus*. Si 41% attendent des entreprises qu’elles les protègent*, 64% des Français estiment que les entreprises ne sont pas assez engagées**. 

Alors sur la question des congés paternité, comment avancent les entreprises ? En faisant le tour des initiatives, on note au delà de Pandacraft, le Parental Act : un collectif garantissant 1 mois de congé paternité 100% rémunéré. Avec ses 377 entreprises signataires dont My Little Paris, Louer Agile Lita.co, Leetchi, L’Occitane, Dailymotion, Blablacar, Welcome to the Jungle, Citévo, ou encore Yuka, ce sont près de 39 000 salariés qui en profitent. 

Dans les grandes entreprises, le message semble aussi être passé. Ikéa, mais aussi les groupes Kering, L’Oréal ou Chanel permettent aux papas des temps de congés paternité bien plus longs que la moyenne depuis plusieurs mois voire années. Enfin, au delà du territoire national, ce sont les pays nordiques qui comme toujours nous inspirent. En Autriche, le mois de congé paternité est depuis belle lurette installé et pour la Finlande, c’est bien de 7 mois dont il est question. 

De retour en France et pour encourager les entrepreneurs à eux aussi sauter le pas, trois questions à Guillaume Caboche, cofondateur de Pandacraft.

The Good : Pourquoi cette nouvelle proposition chez Pandacraft ? 

Guillaume Caboche : Parce que notre mission depuis 7 ans c’est d’accompagner les enfants dans la découverte active du monde et de créer des moments magiques en famille. Avec Edouard Trucy, l’autre cofondateur de Pandacraft, nous sommes convaincus que cette mission doit vivre partout chez Pandacraft : pas uniquement dans la conception de nos expériences, nos kits, nos nouveautés produits ou dans notre communication, mais aussi dans notre mode de vie en tant qu’entreprise. Et cette mission n’est possible que si on a DU TEMPS avec ses enfants.

Par cette décision, on offre donc à la fois plus de temps aux mères (laisser son enfant en garde à 2 mois et demi c’est pas simple) et la chance au deuxième parent de prendre sa place avec son enfant. D’autant plus que nous tenions à ce que ce congé soit 100% rémunéré.

The Good : En quoi et comment s’inscrit-elle dans une démarche RSE plus globale ?

G.C. : Parce qu’elle s’inscrit dans notre démarche de vivre et pleinement dans notre mission d’entreprise. Chez Pandacraft, cela fait des années que le télétravail et les vacances sont illimités. Précisément pour permettre à chacun d’adapter son équilibre pro/perso au fur et à mesure des évolutions de la vie.

Et cela ne fait aucun doute qu’au fil des années, nous prendrons d’autres décisions très fortes comme celle-ci dès lors qu’elles s’inscrivent dans le sens des enfants et de leurs familles ou du bien-être des gens qui travaillent avec nous.

The Good : Qui sont les acteurs, marques et personnes qui vous inspirent dans ces démarches ?

G.C. : Ce ne sont pas tant des marques que des personnalités qu’on écoute avec beaucoup d’attention. Je pense d’abord à ceux qui ont porté le rapport sur les 1 000 premiers jours, dont nous avons beaucoup parlé avec Edouard et Jason (l’un de nos experts qui est psychomotricien à la Pitié Salpêtrière). Je pense aussi à Clémentine Sarlat et Clémentine Galey via leur podcast Matrescence et Bliss. Elles nous ont permis d’élargir notre base de témoignages au-delà de notre propre entourage. 

*366 – « Françaises, Français, etc »
** Yougov

Dernières publications

Recrutement de valeurs : ING montre la marche à suivre

« Un recrutement de valeurs » : c’est le pari que s’est lancé la banque en ligne ING dans la poursuite de sa stratégie RSE. Dans un contexte de rapport au travail plus que jamais bouleversé -et c’est tant mieux- par la crise Covid-19, cette initiative nous charme par son audace comme son évidence. Pour en parler, une campagne signée Rosapark. Pour la décrypter une interview avec Yvon Martin, directeur marketing ING France.

Sexisme : après la pub, la com

Parce que le sexisme est une oppression systémique qui fait loi dans les imaginaires comme les pratiques, la publicité n’est pas le seul canal qui doit être régulé. Engagé depuis 2012 dans cette lutte, le réseau professionnel « Toutes Femmes, Toutes Communicantes » créé par COM-ENT dévoile un nouveau volet de sa campagne « No More Clichés » pour insister sur l’urgence de revoir la com dans sa globalité. Rencontre avec l’ambitieuse et engagée Laurence Beldowski, DG de COM-ENT et fondatrice du réseau.

Fondation FACE : Engager les entreprises dans la lutte contre l’exclusion et la discrimination

Au regard de la crise économique liée au Covid-19, il va sans dire que la fracture sociale ne cesse de gagner du terrain. Qu’elle soit sociale, professionnelle ou digitale, l’exclusion touche des milliers de français. Pour aider les plus vulnérables à voir l’égalité des chances pointer le bout de son nez, la Fondation FACE développe depuis près de 30 ans une multitude d’actions. Rencontre avec Laurence Drake, Déléguée Générale de la Fondation Agir Contre l’Exclusion.

[Lectures] Médias : que disent-ils de l’exclusion sociale ?

S’il ne fait aucun doute qu’en 2021 l’économie rime désormais avec écologie, qu’en est-il du social ? En marge du brouhaha de la loi Climat, des innovations à impact et solutions énergétiques écologiques en cascade, l’inclusion sociale et la solidarité doivent aussi se faire entrendre. Pour en parler, faire l’état des lieux et semer des graines, l’historienne spécialiste en questions de journalisme et communication Josette Brun met en page un récit aux voix multiples intitulé « De l’exclusion à la solidarité - Regards intersectionnels sur les médias ».

Solène Aymon, makesense : “Au cœur de la communauté, il y a la collaboration”

Solène Aymon est Responsable Développement des Communautés au sein de makesense, plateforme centrée sur l’entrepreneuriat social. Elle nous explique comment la crise a amené l’organisation à repenser ses actions, afin de démultiplier son impact grâce à des programmes d’engagement sur le digital. Une source d’inspiration pour les entreprises et les marques : makesense travaille également avec des grands groupes pour implémenter ses bonnes pratiques d’engagement dans le cadre des politiques RSE.