#J-42Les Sommets « Mon combat, c’est l’innovation par l’équilibre », Angélique Gérard (Groupe Iliad) 

Angélique Gérard, diplômée de l’INSEAD, multiplie les fonctions : présidente Stem Academy et conseillère spéciale du groupe ILIAD dont elle a été pendant 22 ans directrice de la relation abonné Free, mais également présidente de 8 filiales, membre du comité exécutif d’Iliad (holding), dont elle est dirigeante-fondatrice. En amont de sa participation à la prochaine édition des Sommets -dont The GOOD est partenaire- qui auront lieu les 3,4 et 5 avril 2023 à Méribel, Angélique Gérard a accepté de répondre à quelques questions. 

Conférencière et business angel très impliquée dans le suivi des entrepreneurs qu’elle accompagne (top 5 des femmes business angels françaises 2017, Les Échos et Forbes en 2018), elle rejoint le conseil de surveillance d’Europcar en 2015 puis celui de Babilou en 2017, premier groupe de crèches d’entreprises et de collectivités en France. De nombreuses fois récompensée pour ses initiatives (« Palme de l’Expérience Client 2015 », podium de la « Palme du Directeur Client 2015 », « Prix Espoir du Leadership 2015 », « Femme du Numérique 2016 »), elle est remarquée par l’Institut Choiseul qui lui décerne la première place du palmarès « 100 leaders de l’économie française de moins de 40 ans » en 2015 : elle succède ainsi à Emmanuel Macron à la tête du classement. En octobre 2017, elle est décorée de l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Mérite. Angélique Gérard est l’auteure de “Pour la fin du sexisme – Le Féminisme à l’ère post #Metoo” et “L’expérience client, une histoire d’émotions” aux éditions Eyrolles. En 2020, Angélique Gérard est classée parmi les 40 Françaises les plus inspirantes. 

Pour les Sommets, Angélique parle de ses combats et de sa vision de l’entreprise de demain. 

Sophie Guinard-Lacroix : Pour construire l’entreprise de demain, les dirigeants travaillent chaque jour pour répondre aux besoins et aux enjeux de notre époque et du futur. Quelles sont pour toi les priorités à travailler dans la transformation des entreprises ? 

Angélique Gérard : A mon sens, la remise en question et le challenge perpétuel pour s’adapter aux changements, au mouvement global qui concerne l’environnement des organisations, doit être la priorité. Concernant l’éducation notamment, pour préserver et valoriser le capital humain. Mettre en place des programmes adaptés aux valeurs de l’entreprise pour favoriser la diversité et l’engagement des équipes pour l’inclusion (assurer l’égalité dans l’accès à la formation, promouvoir les minorités dans les postes d’encadrements, …). Former les équipes en communiquant pour intégrer et fédérer les différents profils, en misant sur des ateliers et formations qui permettent de libérer la parole sur des sujets majeurs pour l’entreprise : les stéréotypes sexistes, les inégalités, le plafond de verre, les discriminations, etc. 


De la même façon, former à l’identification des compétences socio-comportementales constitue un passage obligé pour replacer les talents au cœur de l’organisation : soft skills (compétences humaines), life skills (compétences de vie) ou même mad skills (aptitudes hors du commun) ! Les entreprises doivent s’intéresser au savoir-être des collaboratrices et collaborateurs afin de mettre en avant leurs aptitudes profondes et révéler les talents. Chacun·e possède un parcours unique et peut s’appuyer sur cette richesse pour mieux se connaître, mieux connaître ses talents, ses facilités, et identifier ce qui lui correspond le plus. 


L’adaptation, c’est enfin, et bien sûr, les transformations liées au changement climatique et aux défis de l’environnement. C’est adopter des politiques volontaires et innovantes pour la planète, qui produisent aussi des avantages transformationnels pour l’entreprise. C’est challenger les équipes pour co-construire des solutions en impliquant toute l’entreprise. 

Sophie Guinard-Lacroix : Tu es connue notamment pour être une experte de la relation clientèle, quelles sont pour toi les principales tendances et transformations à venir que tu peux nous partager ?   

Angélique Gérard : Je pense que toutes les grandes transitions de notre époque sont inévitablement liées à l’humain. Dès qu’on instille de l’humain dans un système, une organisation, une relation, les choses prennent une autre dimension. Et quand je dis humain, j’englobe bien évidemment les considérations écologiques dans ma pensée. 
Il n’est plus à prouver que l’innovation est portée par la diversité et la mixité. Utilisées systématiquement en tant qu’innovation, elles impacteraient positivement tous les aspects de la vie des organisations, et nous permettraient de répondre plus efficacement aux défis technologiques, sociaux et environnementaux. 

Toutes les organisations vont en outre prendre un tournant qui s’éloignera de la seule performance économique. L’objectif majeur sera de chercher à améliorer son environnement, à avoir un impact positif sur son écosystème. Tout ce que nous construisons actuellement ne peut plus être conçu sans prendre en compte le fait que nous travaillons pour les générations futures. 


Nous assistons enfin actuellement à un effondrement de nos connaissances, qui remet profondément en cause la souveraineté intellectuelle et économique de l’Europe. 
Réaction plutôt rassurante, ce terrible délitement dont est victime notre culture, le domaine scientifique en première ligne, est dénoncé de manière de plus en plus conséquente. Les sphères scientifiques de l’entreprise et même politiques montrent régulièrement du doigt ce très clair nivellement par le bas, et agissent déjà pour bousculer les choses. 


En ligne de mire : préserver et redécouvrir notre culture, la faire rayonner à nouveau, déménager nos fondations numériques en Europe, redonner leurs lettres de noblesse à nos richesses, et notamment aux sciences, matrices fondamentales de notre évolution. 

Sophie Guinard-Lacroix : Tu es une femme dirigeante engagée depuis toujours, quels sont tes combats du moment ? 

Angélique Gérard : Les enjeux de transformation de nos modèles sont inspirants mais le tournant actuel est décisif. Mon combat à moi, c’est l’innovation par l’équilibre ! Innover avant tout pour assurer notre souveraineté intellectuelle grâce à tout ce qu’apporte la diversité dans les organisations : créativité, équité et performance. 

Nous sommes face à un déséquilibre de taille, dont l’enjeu est clairement civilisationnel : dans le monde, seulement 24 % des professionnel.les dans les STEM sont des femmes ! 
Or, toutes les technologies et les transformations numériques prennent leur racine dans les STEM. Ce manque de talents féminins dans ces sphères exclut de la 4e révolution industrielle la moitié de la population ! 


Et la France n’échappe pas au constat. Elle affiche même des statistiques peu flatteuses. 
En sciences fondamentales, la proportion de chercheuses oscille entre 20 et 30 %, et seul 1 brevet sur 7 est déposé par une femme; pire encore, dans le domaine technologique, avec seulement 10 % des femmes recrutées pour concevoir des algorithmes. Avec 26,1 % des femmes françaises diplômées en ingénierie, l’Hexagone affiche une proportion inférieure à la moyenne mondiale (28 %). Enfin, les mathématiciennes en poste à l’université ne représentent que 22 % des effectifs, d’après la professeure Laurence Broze. Un chiffre qui n’a pas évolué depuis plus de 20 ans ! 


Quand une entreprise n’est pas digitalisée, la perte saute aux yeux et paraît évidente. Ça l’est moins pour la représentation des femmes, alors que les conséquences sont pourtant tout aussi importantes : reproduction des inégalités sociales et économiques, concentration de valeurs et renforcement des schémas d’exclusion. 

Ce constat édifiant démontre que nous sommes face à un phénomène multi-échelles : pour avoir un impact, il est primordial d’être présent à tous les âges et à toutes les étapes de vie qu’une fille ou femme rencontre (cercle familial, primaire, orientation, collège, lycée, études supérieures, emploi, reconversion). 


Le faible nombre de femmes dans certaines industries à haute valeur ajoutée comme le numérique et la tech ne défavorise pas uniquement les femmes mais tout notre écosystème économique et donc la société dans son ensemble. Mon ambition est ainsi de créer autour de cet objectif pour soutenir l’économie et l’écosystème de l’innovation par la promotion de la diversité. 

Sophie Guinard-Lacroix : Que viens-tu chercher aux Sommets ? 

Angélique Gérard : Je suis déjà intervenue il y a quelques années pour parler des millenials et du Big Data, à travers une métaphore sur le territoire du numérique, ses intérêts, ses dangers et ses enjeux. Et c’est avec le même plaisir que je reviens, que ce soit en tant que speaker ou en tant que visiteur. Ce moment représente pour moi une parenthèse rafraîchissante et qui tombe … à pic. 


Une expérience oxygène pour s’élever, prendre du recul tout en restant connectée aux autres, mais de manière physique cette fois. Et c’est cela qui nous manque je pense : profiter d’échanges en 3 dimensions, sans un écran qui nous sépare ! 
Un moment cocon pour s’inspirer dans la diversité, s’émerveiller dans la richesse des échanges et les différentes énergies des rencontres !

 
Une bulle de chaleur pour suspendre le temps et prendre soin de nos liens, de nos ambitions et de nos émotions. C’est pour moi ce qu’il y a de plus précieux et d’essentiel pour redécouvrir mes objectifs et mes envies. 

Les Sommets, qu’est-ce que c’est ? 

Les Sommets, ce sont trois jours pour s’inspirer et respirer, et repenser l’entreprise de demain. Au programme : des masterclass, des échanges sans filtre, des interviews live, des ateliers indoor et outdoor, le fameux télécabine pitch, des déjeuners, des dîners, et enfin des soirées dont les Sommets ont le secret. Avec en filigrane l’objectif de créer de nouvelles connexions : entre les neurones, entre les problématiques, entre les gens. 

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