Dans nos sociétés contemporaines, un des piliers de la démocratie est un accès libre et équitable à l’information. Alors que cela nous est longtemps apparu comme une évidence, l’actualité récente a montré à quel point ce fondement était de plus en plus fragilisé. Fin 2024, les conclusions des États Généraux de l’Information qui avaient pour but de « protéger l’information libre face aux ingérences » ont d’ailleurs mis en avant l’urgence de réinventer l’écosystème médiatique.
Le financement des médias est un élément crucial pour garantir une information libre et un pluralisme des médias. Un paysage médiatique diversifié est essentiel pour une démocratie qui fonctionne bien, permettant la diversité des opinions et des perspectives indispensables à un débat public sain.
Les revenus publicitaires représentent une part importante des modèles économiques des médias, notamment en France où la part de la population prête à payer pour l’information ne représente que 15% de la population contre 27% dans le reste du monde (Kantar). Les revenus publicitaires permettent ainsi aux médias éditeurs de contenus de s’assurer de ressources suffisantes pour produire une information sourcée et vérifiée, de traiter des sujets complexes et de mener des enquêtes d’investigation.
A une époque où les médias d’information sont plus que jamais essentiels pour décrypter un monde fluctuant, un sentiment de fatigue informationnelle grandit chez la moitié des Français.
Les enjeux sont d’autant plus forts avec l’explosion du numérique qui a transformé le paysage médiatique et disrupté les modèles traditionnels de financement. Les revenus publicitaires en ligne sont de plus en plus captés par les plateformes numériques et les réseaux sociaux au détriment des médias producteurs de contenus. Cela met une pression supplémentaire sur les médias et la durabilité de leurs modèles, eux-mêmes de plus en plus dépendants des plateformes.
Il est donc crucial de trouver des solutions innovantes pour soutenir financièrement les médias tout en préservant leur intégrité et leur indépendance. Au-delà de l’enjeu économique, le sujet de la confiance est également crucial. Les intérêts commerciaux ou politiques d’acteurs privés dans certains médias entraînent de la défiance et souvent de la confusion chez les citoyens.
Cette perte de confiance pousse parfois le public vers des sources d’information alternatives, parfois moins crédibles, augmentant ainsi le risque de désinformation et rendant le débat public de moins en moins factuel et de plus en plus polarisé.
L’explosion de l’intelligence artificielle générative inquiète de plus en plus avec la multiplication des bots et des deepfakes à tel point que le World Economic Forum 2024 identifiait la désinformation comme le 1er risque mondial.
Le financement des médias et le rôle de la publicité est donc un enjeu fondamental pour la démocratie pour garantir un environnement sain pour les citoyens mais également pour la survie des marques. Quel avenir pour l’image de marque dans un monde où la majorité des contenus serait dégradée ou envahis de fake news ? Comment préserver l’information si les marques fuient les contenus associés à des mots-clefs d’actualité parfois difficiles ?
Préserver un environnement safe et des contenus de qualité est un sujet de responsabilité qui doit aujourd’hui s’intégrer aux stratégies medias.
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Florence Le Liboux, directrice RSE Publicis Media
