La politique de la ville concerne environ 1 500 quartiers prioritaires (QPV) et 5,5 millions d’habitants en France métropolitaine et en outre-mer. Considérant à la fois leurs vulnérabilités et le rôle incontournable de leurs habitants dans le fonctionnement des territoires (les « travailleurs essentiels » salués lors de la crise du COVID), les QPV devraient être prioritaires en matière d’adaptation aux nouveaux enjeux socio-écologiques : de leur propre résilience dépend en effet grandement la résilience des territoires plus larges.
Au moment de se pencher sur la nécessaire montée en résilience de ces quartiers, il faut d’emblée souligner que, marqués par des fragilités structurelles, leurs habitants démontrent eux-mêmes une très forte capacité de résilience. Devant des difficultés socio-économiques prégnantes et dans un environnement urbain mal adapté aux impacts des dérèglements environnementaux, ils sont une source d’inspiration pour tous les territoires : engagement citoyen, dynamisme associatif, solidarités, créativité, économie sociale et solidaire…
Partant de leurs vulnérabilités et de leurs atouts, les QPV constituent ainsi un enjeu central pour la cohésion et la résilience plus générale des territoires.
Accélérer la transformation socio-écologique des QPV pour renforcer leur résilience…
La question a structuré les rencontres d’un groupe de travail de France Villes et territoires Durables, réunissant l’ensemble de ses membres, pour repérer et valoriser les outils, méthodes et réalisations inspirantes.
Le livrable publié lors du Salon des Maires offre à l’ensemble des professionnels engagés pour le renouvellement urbain une somme d’outils et de références pour inspirer les dynamiques locales. Dans la foulée de cette publication, le présent article explore quatre actions-clés, illustrées par des réalisations concrètes.
L’importance de conforter le diagnostic en amont des projets pour identifier les atouts et les vulnérabilités du quartier
La montée en résilience des quartiers prioritaires de la ville passe notamment par une meilleure connaissance du territoire. Tant pour leurs atouts – ils sont nombreux, parfois informels, mais vitaux – que pour leurs vulnérabilités. Face à de multiples enjeux, les décideurs publics doivent disposer de données fiables et précises quant à ses atouts et ses vulnérabilités.
Cette connaissance partagée constitue le socle de toute stratégie durable. Le département de la Seine-Saint-Denis a par exemple développé un outil cartographique et un tableau de bord croisant les vulnérabilités sociales avec les impacts des dérèglements environnementaux. Autant de données utiles pour éclairer la décision et prioriser les actions.
Valoriser l’existant pour renforcer la cohésion sociale et territoriale
Une fois ce diagnostic renforcé, les politiques de la ville ne peuvent être conçues ex-nihilo et s’imposer de manière verticale. La montée en résilience s’appuie sur ce qui existe déjà, à partir des habitudes déjà forgées pour dépasser les injustices sociales, le savoir-faire des habitants. Autrement dit, toute rénovation urbaine doit considérer les liens humains comme une trame précieuse à conforter et ne surtout pas « démolir ».
En confortant ainsi leur pouvoir d’agir, la co-construction et la gouvernance partagée, les politiques publiques peuvent s’ancrer dans les réalités vécues et s’appuyer sur la créativité des populations. Ainsi entendus et valorisés, les habitants sont acteurs du changement et contribuent à l’amélioration de leur qualité de vie. La convention citoyenne par et pour les habitants des quartiers populaires, organisée par la ville de Laval, vient illustrer cette ambition. A travers trois week-ends de rencontres et la co-rédaction d’un plan d’action opérationnel, cette initiative a permis de fixer collectivement 40 engagements pour une ville tournée vers l’avenir, plus juste, plus équitable et plus démocratique.
Adapter les quartiers au changement climatique pour garantir leur habitabilité
Garantir l’habitabilité du territoire représente un autre pilier fondamental : il s’agit d’assurer des conditions de vie dignes, sûres et adaptées, en intégrant les enjeux environnementaux, sociaux et culturels. Le changement climatique vient déjà accentuer les vulnérabilités auxquelles sont exposés les QPV. Largement bétonnisés, ces espaces deviennent l’été de véritables zones de surchauffe urbaine. Ils représentent un danger pour la santé des personnes vulnérables.
L’action publique doit en conséquence apporter des solutions d’adaptation pour garantir l’habitabilité des quartiers. En tenant compte de l’exposition des plus enfants aux fortes chaleurs, et appuyée sur une méthodologie duplicable, la ville de Creil a rédigé une feuille de route opérationnelle pour conduire des travaux de cours oasis à bas coût.
Faire de la résilience un levier pour la transition économique et la création d’emploi
Enfin, la montée en résilience des quartiers prioritaires doit s’inscrire dans une politique systémique pour répondre aux enjeux multiples auxquels ils sont confrontés. Garantir l’habitabilité du territoire doit être accompagnée d’un soutien à l’économie locale : emploi, entreprenariat, filières de circuits courts… pour dessiner une trajectoire de développement équilibré.
Les jardins de Cocagne en offrent un exemple parlant : ce réseau rassemble une centaine de fermes biologiques dont un quart se trouve en QPV, ayant pour vocation l’insertion socio-professionnelle de personnes en précarité et la production alimentaire biologique et locale pour toutes et tous.
D’autres actions clés et une quarantaine d’exemples inspirants pour illustrer le potentiel et la capacité de transformation des QPV sont à retrouver dans la dernière publication de France Villes et territoires Durables.
Consulter le livrable ici : [Nouveau Livrable] Pour renforcer la résilience des quartiers prioritaires de la ville – Les actions clés – France Villes et territoires Durables
