Aujourd’hui en France, bien que l’école soit gratuite et obligatoire, 1,4 million d’adultes âgés de 18 à
64 ans sont en situation d’illettrisme (ANLCI – Agence nationale de lutte contre l’illettrisme a analysé les résultats de l’enquête de l’INSEE sur la formation tout au long de la vie (FLV) – Avril 2024). Ils sont incapables de lire, d’écrire ou de comprendre un texte simple.
Ils ont été scolarisés en France, parlent français, mais ne maîtrisent pas suffisamment la lecture,
l’écriture ou le calcul pour être autonomes dans les gestes du quotidien. Ce chiffre, issu de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), est alarmant. Il ne doit pas être ignoré. Il témoigne de la persistance d’un problème qui touche toutes les générations, tous les
territoires et qui ne recule que trop lentement.
Dans notre société de l’information, la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul n’est plus un
luxe mais une nécessité vitale pour s’épanouir, accéder à la santé, aux droits, à la citoyenneté et à la
dignité. Pourtant, l’illettrisme reste un fléau souvent invisible, nourri par le silence, la honte et le
renoncement. De nombreuses personnes en situation d’illettrisme développent des stratégies
d’évitement pour dissimuler leurs difficultés, ce qui rend leur situation encore plus difficile à repérer
et à accompagner.
Un défi sous-estimé
Contrairement aux idées reçues, l’illettrisme ne concerne pas que les publics marginalisés. En France,
plus d’une personne sur deux en situation d’illettrisme exerce une activité professionnelle. Près de
18 % des demandeurs d’emploi rencontrent ces difficultés, ce qui complique leur insertion ou leur
reconversion sur un marché du travail de plus en plus exigeant. Cette réalité ne s’arrête pas aux zones
urbaines ou industrielles : le monde agricole est lui aussi touché. Près de 10 % des salariés du secteur
rencontrent des difficultés graves avec la lecture, l’écriture ou le calcul. Là aussi, les conséquences sont
lourdes : perte d’autonomie professionnelle, difficultés à remplir des formulaires administratifs ou à
suivre des formations, obstacles à l’adoption des outils numériques.
Ces situations, qu’elles concernent un chercheur d’emploi en reconversion ou un ouvrier agricole,
révèlent une même fragilité : celle d’une société qui laisse certains de ses membres s’éloigner, parfois
durablement, des compétences de base. Il s’agit souvent d’adultes ayant quitté l’école prématurément
ou dont les compétences de base se sont érodées avec le temps, faute de pratique ou de soutien.
A cela s’ajoute une autre réalité préoccupante : l’illectronisme, c’est-à-dire l’incapacité à utiliser les
outils numériques. Aujourd’hui, 17% de la population, soit environ 13 millions de personnes, sont en
difficulté face aux démarches en ligne. Dans une société de plus en plus numérisée, le risque de
fracture sociale s’accroit dangereusement, renforçant l’exclusion de ceux qui ne maîtrisent pas la
lecture ou l’écriture.
Ces constats doivent nous alerter : l’illettrisme n’est pas qu’un problème individuel, c’est un enjeu
collectif majeur, aggravé par la transformation numérique de notre société.
Une mobilisation collective indispensable
Depuis plus de dix ans, la France se mobilise chaque année autour des Journées Nationales d’Action
contre l’Illettrisme, initiées par l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI). Ces journées
rappellent que la lutte contre l’illettrisme est l’affaire de tous : entreprises, associations, collectivités,
citoyens.
Avec sa Fondation pour la lecture, le Crédit Mutuel, fidèle à ses valeurs mutualistes et à sa mission
d’inclusion sur les territoires, participe activement à cette mobilisation. Ce combat est au cœur de sa
responsabilité sociétale : les difficultés de lecture et d’écriture ne doivent jamais être un obstacle à la
connaissance et à l’autonomie. Parce que nous croyons que la lecture façonne l’identité même de
notre entreprise, chaque action menée en ce sens renforce ce que nous sommes et ce que nous
défendons. Soutenir la lutte contre l’illettrisme c’est investir dans l’avenir, promouvoir la justice sociale
et favoriser la réussite collective. L’engagement du Crédit Mutuel s’inscrit dans une dynamique plus
large : l’inclusion bancaire, la lutte contre l’exclusion numérique ainsi que le soutien aux associations
et projets éducatifs locaux.
Agir, c’est possible
Cette cause ne relève pas uniquement de l’école ou des pouvoirs publics : elle nous concerne tous.
En cette semaine d’action contre l’illettrisme, chacun a le pouvoir de s’engager : diffuser l’information,
soutenir les associations, proposer des solutions d’accompagnement dans les entreprises, ou changer
tout simplement le regard sur celles et ceux qui, chaque jour, luttent pour apprivoiser les mots.
L’illettrisme n’est pas une fatalité. Faire reculer ce fléau, c’est offrir à chacun les moyens de construire
son avenir. C’est un devoir de solidarité. Quand on combat l’illettrisme, on construit plus que des
savoirs, on construit le futur.
Daniel Baal – Président du Crédit Mutuel, à l’occasion des Journées Nationales d’Action contre
l’Illettrisme
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Crédits photo : Sebastien Soriano