Alors que les travaux de l’UNOC 2025 se poursuivent à Nice, le Jumeau Numérique Européen de l’Océan fait parler de lui. Cet outil inédit, développé sous l’égide de la Commission européenne et coordonné par Mercator Ocean International, entend transformer notre manière de comprendre et de gérer l’Océan, en mettant le meilleur de l’intelligence numérique au service de la préservation des milieux marins.
Présenté en ouverture de la conférence et déjà au cœur des discussions cette semaine, le Jumeau Numérique Européen de l’Océan fait figure de projet phare : une réplique numérique évolutive des écosystèmes marins européens et mondiaux, conçue pour mieux anticiper les impacts des activités humaines et soutenir les décisions politiques.
« Ce n’est pas qu’un outil de modélisation : c’est un espace commun pour comprendre l’Océan, partager les connaissances et améliorer nos réponses collectives, » explique Alain Arnaud, responsable de l’Océan Digital chez Mercator Ocean International, en charge du projet. Mercator Ocean International est une organisation à but non lucratif basée en France, spécialisée dans la modélisation numérique de l’océan et la production de données océaniques.
Des données ouvertes pour des politiques mieux informées
Alimenté par les données des services européens Copernicus Marine, du réseau EMODnet et enrichi par l’intelligence artificielle, ce jumeau numérique est conçu comme un bien public numérique.
Son but : permettre à tous les acteurs — pouvoirs publics, entreprises, scientifiques, ONG ou citoyens — d’accéder à des prévisions multidimensionnelles de l’état de l’Océan, avec une précision renforcée (+20 % sur les courants marins notamment).
Cette approche doit faciliter :
- une meilleure gestion de la biodiversité marine,
- la protection des littoraux vulnérables,
- le suivi de la pollution plastique,
- l’adaptation aux risques côtiers accrus liés au changement climatique.
Premiers cas d’usage concrets
Plusieurs démonstrateurs sont déjà en cours d’exploitation :
- modélisation des routes migratoires des tortues marines,
- simulation de la dérive des plastiques à l’échelle globale,
- évaluation des effets des herbiers marins sur l’érosion côtière,
- suivi des populations de thon en appui à une pêche durable.
Ces premiers cas montrent comment le numérique peut aider à opérationnaliser la transition bleue sur le terrain.
« Le Jumeau Numérique Européen de l’Océan soutiendra directement la mise en œuvre du Pacte européen pour l’Océan, » rappelle Kęstutis Sadauskas, de la Commission européenne.
Une gouvernance encore à affiner
Si l’initiative est saluée pour son ambition, plusieurs défis restent à relever :
- garantir une gouvernance ouverte et participative du jumeau numérique,
- assurer l’interopérabilité avec d’autres plateformes internationales,
- veiller à ce que les données soient accessibles à tous, au-delà des seuls experts.
L’Europe, en lançant ce projet, se positionne en tête des efforts mondiaux pour doter l’Océan de nouveaux outils de gouvernance fondés sur la connaissance.
Mais comme le rappellent plusieurs ONG présentes à l’UNOC 2025, ces outils numériques devront impérativement être mis au service de décisions politiques ambitieuses — sous peine de rester des vitrines technologiques sans impact réel.
L’enjeu est donc clair : que ce jumeau numérique ne soit pas une image figée de l’Océan, mais un moteur dynamique de sa préservation.