Dans un univers télécom dominé par la surenchère d’offres illimitées, TeleCoop prend le contre-pied : l’opérateur coopératif propose le premier forfait mobile dégressif en France. Un pari audacieux qui interroge nos usages numériques et la soutenabilité d’un secteur énergivore. Avec ce forfait, la règle est simple : moins vous consommez, moins vous payez. Le prix mensuel varie de 20 € (jusqu’à 80 Go) à 14 € (jusqu’à 5 Go). Une approche en rupture, quand la plupart des grands opérateurs misent sur des packages « toujours plus » généreux en données, mais qui incitent à la surconsommation numérique.
La surconsommation, angle mort du secteur
En moyenne, les Français consomment 16,5 Go de données par mois, selon l’Arcep. Dans le même temps, 42 % d’entre eux estiment passer trop de temps sur leurs écrans. Pourtant, le modèle dominant reste celui de l’illimité, qui fait gonfler artificiellement les usages, avec un coût environnemental conséquent : la data mobile représente déjà près de 1 % des émissions mondiales de CO₂.
TeleCoop prend donc le parti inverse : transformer le modèle économique en outil de régulation des usages. Une logique qui pourrait séduire une clientèle soucieuse à la fois de son pouvoir d’achat et de son empreinte numérique.
Une innovation coopérative, mais un marché difficile
TeleCoop n’est pas un nouvel entrant classique. Avec ses 11 000 abonnés, 1 800 sociétaires et 12 salariés, la coopérative se positionne comme un acteur militant, prônant transparence et sobriété numérique. Son modèle séduit par son engagement, mais reste marginal face aux mastodontes que sont Orange, SFR, Bouygues et Free.
Le défi est de taille : comment un acteur engagé peut-il bousculer un marché structuré par la guerre des prix et des volumes ? L’offre dégressive pose une vraie question : peut-on concilier rentabilité et sobriété dans un secteur où l’augmentation des flux de données est érigée en modèle de croissance ?
Vers une nouvelle norme ou simple niche ?
Ce forfait inédit marque une étape importante dans la réflexion sur nos usages numériques. Reste à savoir s’il fera école. Les opérateurs traditionnels, qui réalisent leurs marges sur des volumes de données croissants, auront-ils intérêt à copier un modèle qui incite à consommer moins ?
TeleCoop ouvre une brèche. Mais pour transformer l’essai, il faudra convaincre au-delà des cercles déjà sensibilisés à la sobriété numérique et prouver que l’innovation coopérative peut rivaliser avec la puissance marketing des grands opérateurs.
