La production aquacole a dépassé pour la première fois en 2022 la production halieutique, selon un rapport de l’agence des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
La production aquacole a dépassé pour la première fois en 2022 la production halieutique, avec 51% du total mondial, selon un rapport de l’agence des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) publié vendredi 7 juin au Costa Rica lors d’une conférence sur la conservation des océans.
La pisciculture, la conchyliculture et l’algoculture représentent “51% du total mondial” et “fournissent 57% des produits animaux aquatiques utilisés pour la consommation humaine dans le monde”, selon ce rapport sur la “situation mondiale des pêches et de l’aquaculture”.
“Alors que la production des pêches de capture est restée pratiquement inchangée depuis des décennies, l’aquaculture a augmenté de 6,6% depuis 2020“, note le directeur général de la FAO Qu Dongyu dans le rapport. Celui-ci révèle que le commerce mondial des animaux aquatiques a atteint un niveau record en 2022, avec 195 milliards de dollars, soit en hausse de 19% par rapport à 2019, avant la pandémie. Au moins 230 pays et territoires participent à ce commerce international, dont la Chine occupe la première place en termes d’exportations (12%), suivie de la Norvège (8%) et du Vietnam (6%). Ces trois pays représentent ensemble le quart des exportations.
Sécurité alimentaire
L’Union européenne est la principale destination de cette production, mais au niveau des pays, ce sont les États-Unis qui sont en tête avec 17% de la demande, suivis par la Chine (12%). La FAO souligne que 89% de la production mondiale d’animaux aquatiques est destinée à la consommation humaine. Au cours des 60 dernières années, la consommation d’animaux aquatiques est passée de 9,1 à 20,7 kg par personne.”Les systèmes aquatiques sont de plus en plus reconnus comme vitaux pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle“, note le directeur général de la FAO.
Quinze pour cent de l’approvisionnement mondial en protéines animales proviennent d’animaux aquatiques, et cette proportion atteint plus de 50% dans certains pays d’Afrique et d’Asie. Avec des prévisions de croissance de la population mondiale estimées à 8,5 milliards de personnes d’ici 2030, “fournir une alimentation, une nutrition et des moyens de subsistance suffisants” nécessite des “investissements significatifs”, estime Qu Dongyu, soulignant l’importance de l’aquaculture à cet égard.
En parallèle, les stocks de poissons “biologiquement durables” continuent à décliner, à 62,3% en 2021. La FAO propose ainsi trois objectifs : une croissance durable de l’aquaculture pour répondre à la demande croissante, une gestion efficace des pêches pour des stocks de poissons sains, et garantir la durabilité de toutes les étapes de la production des produits aquatiques.
“Un impératif”
L’agence onusienne estime que la production d’animaux aquatiques augmentera de 10% d’ici 2032, principalement en raison de l’expansion de l’aquaculture et de la reconstitution des stocks de pêche. Plus de 90% seront destinés à la consommation humaine, soit 21,3 kg par personne. Essentielles pour la sécurité alimentaire, la pêche et l’aquaculture ont aussi une importance économique déterminante. Le secteur emploie quelque 61,8 millions de personnes dans le monde, selon l’agence onusienne.
Des experts internationaux participaient les 7 et 8 juin dans la capitale San José à la rencontre “Immersed in change” en préparation de la Conférence des Nations unies pour l’océan (UNOC 3), co-organisée par la France et le Costa Rica en juin 2025 à Nice.
Dans un message vidéo, le président français Emmanuel Macron a vanté le sommet qui se tiendra dans le sud de la France comme “un moment fondateur pour la gouvernance de l’océan”. “L’UNOC doit devenir, avec les accords de Nice, le cadre dans lequel la communauté scientifique se rassemble pour alerter, orienter l’action des chefs d’État, comme c’est le cas avec le GIEC pour le climat”, a-t-il dit. De leur côté, 52 ONG estiment que le gouvernement français n’a pas “la crédibilité requise” pour accueillir ce sommet et l’appellent à interdire par exemple le chalutage dans les zones protégées.
“Notre politique de protection de nos eaux est vide”, écrivent les signataires du texte parmi lesquels Bloom, les Amis de la Terre et la Ligue de protection des oiseaux, dans une tribune publiée samedi 8 juin par le quotidien Libération.
Les experts réunis au Costa Rica ont discuté des questions de gouvernance, de réchauffement climatique, de la pêche et de la biodiversité marine afin d’aider à la prise de décision lors de la conférence de Nice. “La protection des océans et l’utilisation durable des ressources marines ne sont pas une option mais un impératif“, a alerté en ouverture de la conférence à San José le sous-secrétaire général des Nations unies aux Affaires sociales, Li Junhua.
Au moins 26 pays ont signé samedi 8 juin au Costa Rica une “déclaration de paix à l’océan” au terme du forum “Immersed in change”, à un an de la Conférence des Nations unies sur les Océans en France. Parmi les signataires figurent l’Allemagne, l’Espagne, la Suède, le Canada, la Colombie, le Chili, Isräel, la Corée du Sud ou encore le Costa Rica et la France, qui seront co-organisateurs de la réunion de l’ONU prévue à Nice (sud-est). A l’issue de deux journées de discussions, les 50 pays participants ont appelé à prendre des mesures pour protéger les océans.
Légende photo : Le président du Costa Rica, Rodrigo Chaves, s'exprime lors de l'ouverture du Sommet sur la protection des océans Immersed Change à San José, le 7 juin 2024. Autorités, scientifiques et experts internationaux se sont accordés le 7 juin 2024 sur la nécessité d'agir sans délai. pour protéger les océans lors d'un forum au Costa Rica en préparation de la réunion cruciale de l'ONU en 2025 en France. (Photo d'Ezequiel BECERRA / AFP)