04/02/2025

Temps de lecture : 3 min

[EXCLU] « Nous lancerons en avril l’Alliance Internationale pour l’économie régénérative (AIR) », Eric Duverger (CEC)

Le fondateur de la Convention des Entreprises pour le Climat fait le bilan de l'année passée et dévoile à The Good la feuille de route de 2025 avec le lancement d'un nouveau collectif mondial en faveur de l'économie régénérative. Explications.

The Good : Quel bilan faites-vous de 2024 à la CEC ?

Eric Duverger : L’élan autour de l’économie régénérative s’amplifie en France à grande vitesse. La bascule vers cette nouvelle économie n’est plus un rêve lointain mais une réalité en train de se concrétiser. Plus de 1.200 entreprises, de toutes tailles, tous secteurs, tous territoires, se sont déjà engagées dans les parcours de transformation proposés par la CEC. Parmi les 1200 dirigeants engagés, plus de 700 ont terminé leurs parcours et délivré une nouvelle feuille de route ambitieuse avec des leviers de d’actions parfois radicaux (comme des renoncements à certains business pourtant en croissance) pour aligner leur entreprise avec les principes régénératifs.


Le Baromètre Alumni CEC 2ème édition apporte également un éclairage et des données clés sur les progrès réalisés :

·  67% des entreprises déploient leur feuille de route dans le calendrier fixé.

·  91% des entreprises ont mis en place des dispositifs d’acculturation et de sensibilisation des collaborateurs.

·  53% des entreprises ont intégré leurs parties prenantes dans la gouvernance.

·  40% des entreprises ont déjà opéré des renoncements dans l’évolution de leur modèle économique pour l’adapter à une logique régénérative.

Ces chiffres témoignent d’un mouvement qui s’amplifie et de l’engagement profond des entreprises engagées à adopter un modèle économique plus respectueux des limites planétaires. Et pour rendre ces nouveaux modèles économiques de plus en plus concrets, nous avons lancé notre Podcast « Cap Regen » dans lequel les dirigeants racontent en détail leurs actions de transformation.

Enfin, en parallèle de toutes ces avancées de la CEC, nous nous réjouissons aussi de la montée en puissance du collectif Regen Ecosystem, qui réunit de nombreux praticiens de cette économie de demain, comme Fabrice Bonnifet, Isabelle Delannoy, Christophe Sempels…

The Good : Comment la CEC compte réagir face à la montée de la désinformation, des extrémismes et des climatosceptiques ?

Eric Duverger : Ne nous voilons pas la face, 2025 s’ouvre sur une réalité implacable : l’année la plus chaude jamais enregistrée, le dépassement symbolique des 1,5°C des Accords de Paris, des tensions géopolitiques exacerbées et une désinformation galopante. Tout porte à croire que nous sommes entrés dans une phase de “mega-backlash”, où les forces contraires à la transition socio-écologique s’avèrent de plus en plus désinhibées.

Face aux vents contraires qui se déchaînent, nous choisissons à la CEC de ne céder ni à la panique, ni au découragement. En 2025, notre réponse au backlash sera déterminée :  tenir le cap sans relâche et tisser des liens pour devenir de plus en plus forts et convaincants. Pour tenir ce cap, nous savons que plus que jamais, il faudra prendre soin de l’équipage : prendre soin de nous-mêmes et de nos écosystèmes.

Plus que jamais, la CEC est un réseau vivant qui tisse des liens entre les forces vives locales, nationales et internationales pour transformer l’économie en profondeur. En 2025, nous prévoyons de connecter nos actions à toutes les échelles : en ancrant durablement nos initiatives dans les territoires, en mobilisant de nouveaux secteurs d’activité en France et en lançant une Alliance Internationale pour l’économie Régénérative (AIR).

A n’en point douter, 2025 sera une année charnière. Chaque action comptera.

The Good : Quel est le programme de l’année 2025 de la CEC ?

Eric Duverger : Nous continuons à développer de nouveaux parcours dans les territoires, comme dans le Grand Est. Certains parcours ont encore beaucoup de potentiel économique dans certains territoires déjà amorcés, nous lançons donc de nouvelle vagues comme en Bourgogne Franche Comté, en Nouvelle Aquitaine, dans l’Ouest et dans le Massif Central.


Des parcours sectoriels arrivent à terme et les feuilles de routes sont très attendues comme pour le parcours des « Nouveaux Imaginaires », le parcours « Industries » et le parcours « Agri-Agro ». Enfin, notre gouvernement a décrété 2025 Année de la Mer et dans ce cadre a fait appel à nous pour lancer un parcours « Océan” d’envergure nationale, qui débutera en mars. Ce parcours va réunir 50 entreprises de tous les secteurs, afin de les accompagner dans l’intégration des enjeux des limites planétaires, en particulier celles concernant l’Océan et le cycle de l’eau, dans leurs modèles d’affaires. Ce parcours est soutenu par un comité phare composé du Ministère de la Mer et de la Pêche, de la Fondation de la Mer et de l’association RespectOcéan.

Nous allons aussi poursuivre notre expansion au-delà de nos frontières avec des Parcours CEC en Suisse et en Belgique.

The Good : Quel est votre message « call to action » pour 2025 ?

Eric Duverger : Les observateurs étrangers sont unanimes : l’écosystème de la transition en France est le plus dense et le plus compétent du monde, grâce notamment aux “Shifters” et aux “Fresqueurs” qui se comptent par dizaines de milliers. Notre tissu d’associations engagées sur les enjeux socio-écologiques est lui-aussi extraordinaire, que ce soit au niveau national ou sur les territoires. Je crois que face au backlash, c’est le moment de renforcer cette dynamique en formant une véritable “union sacrée”. Pour que l’économie régénérative devienne la nouvelle normalité, un véritable élan collectif sera nécessaire, tant au niveau national qu’international. 

C’est avec cette conviction que nous lancerons en avril l’Alliance Internationale pour l’économie régénérative (AIR), sous l’impulsion du Regen Ecosystem français et de Kate Raworth, la célèbre économiste anglaise qui a conceptualisé la Théorie du Donut.

Mon message sera donc de ne pas céder à la panique et de continuer à tracer notre chemin, car nous sommes dans le vrai : l’économie régénérative est ce dont le monde a besoin.

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