02/09/2025

Temps de lecture : 2 min

Étude Carbon4 Finance : les banques face au défi de la décarbonation

En orientant leurs financements, les banques peuvent accélérer ou freiner la transition. Mais selon la dernière étude de Carbon4 Finance, la plupart d’entre elles n’ont pas encore pris la mesure de cette responsabilité historique. Décryptage.

Alors que les banques se présentent de plus en plus comme des acteurs incontournables de la transition écologique, une étude de Carbon4 Finance vient rappeler l’ampleur du chemin qui reste à parcourir. En scrutant les engagements de 43 grandes banques mondiales, l’analyse révèle une surexposition persistante aux secteurs les plus carbonés et des politiques d’exclusion encore trop timides.

Les banques, un rouage central de la transition

Avec plus de 71 000 milliards d’euros d’actifs cumulés en 2023 — l’équivalent de 60 % du PIB mondial — les banques sont au cœur de l’économie mondiale. Leurs choix d’allocation de capitaux déterminent directement la vitesse de la transition. L’étude le rappelle : 99,8 % des émissions d’une banque proviennent de ses financements. C’est donc dans l’orientation de leurs prêts, investissements et activités de marché que réside leur véritable pouvoir de transformation.

Deux leviers clés pour accélérer la décarbonation

Carbon4 Finance identifie deux leviers majeurs à activer :

  • Réduire l’exposition aux secteurs les plus polluants : énergies fossiles, transports carbonés, extraction de matières premières… Or, la part des secteurs fortement émissifs dans les prêts bancaires reste 75 % plus élevée que dans l’économie réelle.
  • Accroître le financement des solutions bas-carbone : énergies renouvelables, mobilité durable, rénovation des bâtiments, etc. Pour l’AIE, ce sont 4 500 milliards de dollars par an qui devront être mobilisés d’ici 2030 pour les seules énergies propres.

Transparence et politiques d’exclusion : encore trop d’angles morts

77 % des banques étudiées ne publient pas leurs émissions Scope 3 financées, qui représentent pourtant la grande majorité de leur empreinte. Et lorsqu’elles le font, les émissions reportées couvrent en moyenne moins de 10 % des expositions réelles.

Les politiques d’exclusion progressent mais demeurent insuffisantes. Si la sortie du charbon est plus fréquente, le pétrole et le gaz restent largement financés. Les plans de transition manquent de clarté et ne couvrent pas toujours les activités de marché, pourtant décisives dans le financement des énergies fossiles.

Classement : l’Europe en tête, la Chine à la traîne

L’étude compare 43 banques représentant 45 % de la capitalisation boursière mondiale du secteur :

  • Les banques de l’Union européenne apparaissent comme les plus contributives à la transition, portées par une réglementation stricte (CSRD, Pilier III).
  • Les banques japonaises suivent, devant les américaines, qui affichent des politiques encore limitées sur le pétrole et le gaz.
  • Les banques chinoises, détenues par l’État et encore massivement exposées aux fossiles, ferment la marche.

Parmi les établissements analysés, La Banque Postale se distingue en tête du classement, tandis que l’Industrial & Commercial Bank of China occupe la dernière place.

Un appel à l’ambition

Au-delà des engagements affichés, Carbon4 Finance appelle à une transformation systémique : exclure rapidement les nouveaux projets fossiles, fixer des objectifs chiffrés et transparents de financement bas-carbone, et intégrer pleinement les risques climatiques dans la gouvernance et la gestion des risques bancaires.

Le message est clair : sans une réorientation massive des financements bancaires, les objectifs climatiques resteront hors de portée.

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