Baromètre Razorfish-Green IT : l’éco-conception digitale en perte de vitesse
Razorfish France (Publicis France) et Green IT ont dévoilé le 6 novembre au GreenTech Forum à Paris, leur Baromètre de l’Éco-Conception Digitale 2024.
Depuis 3 ans, le Baromètre de l’Éco-conception Digitale mesure et note les sites web les plus représentatifs de l’économie française (CAC40 et TOP40 e-commerce) en fonction de leur performance environnementale. Cette année, et pour la première fois, le Baromètre inclut l’analyse des interfaces des IA génératives les plus utilisées par les entreprises et les consommateurs, parmi lesquelles ChatGPT, Mistral AI ou encore Dall-e.
Comment évaluer les impacts environnementaux des IA génératives ?
Alors que le numérique représente environ 5% des émissions de GES de l’humanité en 2025[1] (soit plus de 40% du budget annuel soutenable d’un européen) et que la course à l’intelligence artificielle commence déjà à bousculer les engagements Neutralité Carbone des GAFAM, la maîtrise des impacts environnementaux de l’industrie digitale semble plus critique que jamais.
Alors que l’adoption par les Français des IA génératives a été rapide : 25% des Français déclarent y avoir recours en mai 2024 selon l’IFOP (contre 16% en mai 2023), l’évaluation des impacts environnementaux associés reste difficile, voire impossible. En effet, les données concernant l’utilisation des serveurs et data centers qui permettent de les faire fonctionner ne sont pas accessibles.
Néanmoins, il est possible d’évaluer la partie émergée de l’iceberg : les interfaces utilisées pour prompter et les résultats affichés. C’est ce que Razorfish a entrepris, avec l’aide de Green IT, et c’est une première en France.
L’étude porte sur 12 IA génératives : 6 textuelles et 6 créatives (image) qui ont été évaluées avec l’algorithme EcoIndex pour les positionner sur une échelle de performance environnementale allant de A à G.
Les 6 IA textuelles : ChatGPT, Claude (Anthropic), Copilot (Microsoft), Gemini (Google), Mistral AI, Perplexity
Les 6 IA créatives (images) : Civitai, Dall-e, Firefly (Adobe), Leonardo AI, MidJourney, Pixlr
Mistral AI et ChatGPT : les 2 IA textuelles ont les interfaces les moins coûteuses pour l’environnement.
Au chargement des interfaces
Les IA textuelles évaluées ont un score moyen de C avec un EcoIndex de 55/100 au chargement des interfaces. C’est nettement mieux que les sites web institutionnels du CAC40 ou que les acteurs du e-commerce.
Après le 1er prompt
Pour un même service rendu, les impacts varient d’un rapport de 1 à 3, ce qui prouve que certaines IA sont plus respectueuses de la planète que d’autres.
Après 5 prompts
Malheureusement, la performance environnementale s’effondre au fur et à mesure du protocole des 5 prompts, obtenant le score final de E (EcoIndex de 27/100).
1 prompt complexe vs. 5 prompts simples
Un prompt complexe est moins couteux pour l’environnement que 5 prompts successifs à l’échelle de l’interface. Cela permet en effet de gagner jusqu’à 31 points d’EcoIndex soit une économie de 1 644 249 litres d’eau et 109 616 kg eq.CO2.[2]
Un impact plus important pour les IA créatives (images)
Du côté des IA créatives (image), les impacts environnementaux sont plus importants encore avec un score moyen d’écoconception de D (40/100) au lancement des interfaces, qui tombe à F (18/100) après 6 prompts.
Que ce soit MidJourney, Dall-e ou encore Firefly, les IA créatives scorent en-dessous de 30/100 avec des notes de E, F ou G.
Le CAC40 ralentit ses efforts d’éco-conception et le e-commerce recule.
Au total, l’ensemble des 80 sites web représentatifs de la vitalité économique française ont une note d’éco-conception digitale en dessous de la moyenne avec 30/100 (en régression de 2 points par rapport à la moyenne de 2023).
CAC40
Les sites corporate du CAC40 obtiennent un score de E soit une note moyenne de 39/100. Contrairement à l’année dernière où ils avaient progressé de 6 points par rapport à 2022, ils stagnent cette année.
En 2023, 75% des acteurs du CAC40 avaient progressé (avec des augmentations allant jusqu’à +28 points par rapport à 2022). Cette année, 45% des sites régressent avec une évolution de -2 à -21 points en 2024.
TOP 40 E-Commerce
La moyenne des 40 sites web e-commerce les plus visités tombe à 20/100 en 2024 soit un score de F(en régression de 3 points par rapport à 2023).
95% des sites e-commerce ont des scores compris entre E et G.
Comme l’année dernière, les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont ceux du voyage / transport (31/100, -5pts vs. 2023) et de la distribution alimentaire (29/100, -2pts vs. 2023).
Malgré la complexité inhérente d’un site e-commerce, il est notable qu’il existe un rapport de 1 jusqu’à 5 en matière de performance environnementale pour un même service rendu au sein d’une même verticale sectorielle. Par exemple, pour un achat alimentaire, les sites web des distributeurs ont des niveaux d’éco-conception variant de 11/100 soit F à 52/100 soit D.
La méthode d’évaluation Razorfish x Green IT
Le Baromètre de l’éco-conception digitale utilise le Razoscan pour quantifier les impacts environnementaux et leurs évolutions année après année.
Le Razoscan se fonde sur l’algorithme de référence du marché, l’EcoIndex (voir ecoindex.fr), mis au point par le collectif Green IT. Cet algorithme calcule une note de 0 à 100, équivalant à un score compris de A et G (A étant le meilleur score et G le plus mauvais). Le calcul est basé sur trois éléments techniques objectifs : la complexité du DOM (Document Object Model), le nombre de requêtes, et le poids des pages.
L’utilisation du Razoscan, développé par Razorfish France, a notamment permis l’automatisation des scans et rendu possible l’évaluation d’un grand nombre de pages.
Les notes d’éco-conception digitale présentées dans le Baromètre ont été obtenues en calculant la moyenne de la note d’éco-conception des 10 pages les plus vues pour chacun des sites web de l’étude. Pour les IA textuelles et créatives, la mesure a été effectuée au lancement des interfaces et suivant un protocole respectif de 5 à 6 prompts de nature différente.
Ce baromètre a vocation à se renouveler tous les ans.
« Nous ne pouvons plus nous contenter de sensibiliser le marché. Si nous ne voulons pas devenir l’industrie la plus polluante du monde, nous devons modifier notre façon de produire le digital. C’est pourquoi nous avons défini chez Razorfish une méthodologie maison pour garantir des scores plancher d’EcoIndex et de RGESN (Référentiel Général d’Éco-conception des Services Numériques) sur l’ensemble de nos productions digitales, en-deçà desquels nous ne nous autoriserons plus à descendre » a déclaré Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France.
« J’ai créé l’EcoIndex pour aider les acteurs du numérique à réduire leurs impacts environnementaux. Ce Baromètre de l’Éco-conception Digitale apporte une vision d’ensemble du marché qui permet à chaque acteur de se situer et d’identifier les champions pour tirer parti de leurs savoir-faire en matière d’éco-conception », a précisé Frédéric Bordage, fondateur du collectif GreenIT.
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