09/12/2025

Temps de lecture : 3 min

Comment réenchanter l’engagement ? La méthode de l’agence Dagobert pour recréer l’envie dans un monde saturé d’informations

Entre storytelling renouvelé, plaisir retrouvé et proximité émotionnelle, l’agence Dagobert réinvente la communication engagée pour des marques comme WWF, Emmaüs, Nausicaá ou ENGIE. Emeric Moison et Elodie Pomeranc expliquent comment sortir du discours anxiogène pour redonner envie d’agir.

Face à une opinion publique déjà largement sensibilisée aux enjeux climatiques mais lassée par la surabondance d’informations anxiogènes, les discours RSE tournent parfois à vide.

L’agence Dagobert, qui accompagne plusieurs acteurs engagés -Nausicaá, WWF, Emmaüs, Re-Fashion ou encore ENGIE- propose une autre voie : celle de la créativité, de la proximité et du plaisir.

Son directeur général, Emeric Moison, et sa head of strategy, Élodie Pomeranc, nous livrent les clés d’une communication capable de recréer des conditions d’écoute et de retisser la confiance.

The Good : Nausicaá, WWF, ENGIE, Emmaüs, Re-Fashion… Dagobert multiplie les collaborations engagées avec un ton singulier. Quelle est votre approche ?

Emeric Moison : Notre enjeu, c’est la transition — mais surtout la manière de réengager les publics. Nous cherchons à retrouver du bon sens publicitaire pour nos clients : dépasser un récit simplement « désirable » et proposer un véritable point de vue créatif, une manière différente d’aborder les sujets.

L’idée est de redonner de la valeur à des thèmes qui, dans un contexte difficile, montrent aujourd’hui leurs limites. La majorité des Français est déjà sensibilisée. Beaucoup se coupent même de l’information pour préserver leur moral. À nous de recréer les conditions pour que le message puisse à nouveau passer.

The Good : Justement, dans ce contexte anxiogène, comment redonner envie de s’engager ?

Emeric Moison : Il faut partir du principe que, si on les met dans les bonnes conditions, les publics sont prêts à écouter. Nous cherchons avant tout à créer de l’envie, et cela passe parfois par une rupture des codes. Pour Emmaüs, nous avons eu cette approche de création de mouvement : donner envie de rejoindre la cause en donnant à voir l’état d’esprit de celles et ceux qui s’y engagent.

Pour Nausicaá, nous avons imaginé une sorte de So Foot de l’océan, pour montrer que la mer est partout dans notre vie, et créer de la proximité. Notre démarche est très simple : d’abord recréer des conditions d’écoute, puis donner de la valeur aux sujets que nous traitons.  

Élodie Pomeranc : TTout le monde sait aujourd’hui que « ça va mal ». La sensibilisation ne fonctionne plus. Il faut activer d’autres leviers, plus personnels. Les sujets climat et RSE sont souvent perçus comme théoriques, scientifiques. Nous les traitons comme des sujets de consommation et nous nous posons la question : comment redonner du plaisir à s’y intéresser au quotidien ? 

Pour 76% des français, le plaisir est un moteur de la consommation. Surtout en temps de crise. Par exemple, nous travaillons à donner à tous l’envie de mieux trier, réparer et recycler ses vêtements avec l’éco-organisme Refashion.  Ils nous ont fait confiance pour traiter ce sujet avec une vraie approche “mode” et des outils utiles au quotidien. 

The Good : Comment trouver un discours à la fois crédible et sensible ?

Emeric Moison : Les preuves ne suffisent pas si elles ne sont pas transformées en discours. Notre rôle d’agence, c’est de trouver un point de rencontre entre une organisation qui veut favoriser une transition et une audience qui, le plus souvent, a un rapport très distant avec le sujet (voire un total désintérêt dans certains cas !).

Nous confrontons nos clients à cette fatigue de leurs audiences très directement, et essayons de les pousser à assumer une nouvelle forme de relation, plus directe et honnête. Notre métier, c’est de rendre ces sujets intéressants, attractifs. Et pour ça, il y a un principe qu’on aime beaucoup : pour convaincre il faut savoir s’assumer, avec ses imperfections, ses errances, ses difficultés. 

The Good : Avez-vous une stratégie particulière sur les réseaux sociaux ? Travaillez-vous par formats ?

Emeric Moison : Le point de départ n’est jamais le format : c’est l’idée. Ensuite, elle se décline naturellement selon les plateformes. Ce que nous voulons retrouver, c’est le plaisir, notamment en valorisant les acteurs du changement — comme Climax ou même Intermarché ont pu le faire dans leur champ (avec les fameux lardons dans la quiche pour parler pouvoir d’achat).

Avec ENGIE, par exemple, pour promouvoir les énergies renouvelables, nous avons inventé la campagne « deeptruth », qui reprend les codes du deepfake tout en mettant en scène des infos 100% vérifiées. Résultat : nous avons remis le vrai au centre tout en s’inscrivant dans une tendance culturelle forte.

Élodie Pomeranc : Nous sortons d’une époque d’hyper-information. Le sujet n’est pas de remettre en scène des éléments d’information, mais de les raconter avec intelligence pour toucher et donner envie de changer. Trouver des incarnations, des formes et des figures qui donnent envie de suivre la conversation.

The Good : Comment faire émerger la voix d’une marque engagée dans un monde saturé d’informations ?

Emeric Moison : Il faut être lucide : la communication ne peut pas tout. Les prises de parole sont chahutées dans un écosystème médiatique éclaté.

La vraie urgence, c’est de reconstruire un cadre de confiance — politique, sociétal — et des alliances nouvelles. À l’intérieur de ce cadre seulement, les marques pourront reprendre une parole audible.

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Légende photo de Une :

Dans l’ordre de gauche à droite :

Renaud Fouilleul / directeur commercial Dagobert

Nicolas Thiboutot / directeur de la création Dagobert

Emeric Moison / directeur général Dagobert

Élodie Pomeranc / directrice du planning stratégique Dagobert

Charles Lasfont / directeur des productions Dagobert

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