5 conseils de Raphaël Masvigner (Circul’R) pour repenser son modèle économique en mode circulaire

Le co-fondateur de l’entreprise de conseil en transition écologique livre ses astuces pour réussir à repenser son modèle économique circulaire.

I/ Transformer ses business models à l’aune des enjeux environnementaux :

L’approche linéaire sur laquelle repose encore 90% de notre économie a montré ses limites en termes d’utilisation des ressources naturelles, d’émissions de gaz à effet de serre et de production de déchets. Si toute l’humanité adoptait un mode de vie semblable au Français moyen, il faudrait 2,9 planètes pour subvenir à ses besoins. Il est donc nécessaire de transformer ce système pour aller vers des modèles économiques fondés sur l’usage plutôt que sur la propriété. Ils sont à la fois plus sobres dans l’utilisation de ressources, moins énergivores et s’inscrivent dans des boucles fermées où le déchet ne doit plus exister. Cela implique pour les entreprises de développer des business models qui reposent sur la location, la réparation et la revente de produits existants, plutôt que sur la fabrication de nouveaux produits. Cette approche peut permettre de concilier les besoins économiques actuels, tout en réduisant la pression sur les ressources naturelles et en minimisant l’impact des entreprises sur l’environnement.

II/ Sortir du tropisme carbone pour prendre en compte l’ensemble des limites planétaires :

Les émissions carbone sont souvent utilisées comme indicateur principal pour mesurer l’impact environnemental des activités des entreprises. Bien que cette analyse demeure importante, il est indispensable de dépasser cette approche “carbone centrée” pour aller vers une approche holistique qui permettrait de rendre compte des apports de la transition circulaire au regard de l’ensemble des limites planétaires (changement climatique, érosion de la biodiversité, pollution des sols, acidification des océans, etc.)

III/ Mettre en place les indicateurs pertinents pour mesurer son impact :

Pour identifier les impacts bénéfiques de la transition circulaire – qu’ils soient environnementaux, économiques ou sociaux – il est crucial de standardiser des indicateurs qui permettent de les mesurer. Il existe aujourd’hui des outils pour mesurer l’impact carbone, comme le SBTi, mais un certain flou persiste sur les indicateurs liés à l’économie circulaire. Ainsi, ce travail de standardisation semble être une étape essentielle pour évaluer avec précision l’efficacité des business models circulaires. Il permettrait par ailleurs aux entreprises d’anticiper les évolutions réglementaires, notamment la CSRD, qui va leur imposer de communiquer sur les actions circulaires mises en œuvre au sein de leurs reportings extra-financiers. Pour accompagner les entreprises sur ces enjeux, Circul’R a récemment lancé un think tank dédié à la mesure de la circularité. Celui-ci réunit 9 grandes entreprises françaises (EDF, BNP Paribas, L’Oréal, Pernod Ricard, Veolia, Orange, Elis, Citeo et Bostik) pour réfléchir conjointement à l’élaboration d’une méthode en capacité de mesurer les activités et les flux qu’elles mobilisent pour transformer leurs modèles d’affaires vers des modèles circulaires.

IV/ Permettre à ses collaborateurs de monter en compétences sur l’économie circulaire :

Une étude de l’AFNOR parue en 2020 indique que pour 35% des représentants d’entreprise, l’économie circulaire demeure un terme “flou”. Cette méconnaissance peut être un obstacle à la mise en œuvre effective de la transition circulaire de l’entreprise. Il est ainsi fondamental de donner les moyens à ses collaborateurs de monter en compétences sur l’économie circulaire afin qu’ils occupent un rôle clé dans cette transformation et qu’ils en deviennent les premiers ambassadeurs, tant en interne qu’à l’externe. Ce sujet de montée en compétences est particulièrement cher à Circul’R. Pour tenter d’y répondre, nous avons notamment lancé un programme de formation continue en partenariat avec l’ESCP pour former les leaders de la transition circulaire au sein des entreprises.

V/ Collaborer avec son écosystème :

La collaboration est un élément clé de la transition circulaire. Il est impossible pour une entreprise de mettre en place une économie circulaire efficace si elle y travaille seule. Ainsi, il est important qu’elle collabore et s’inscrive dans une dynamique de synergies avec l’ensemble des acteurs de sa chaîne de valeur (fournisseurs, partenaires, clients, etc.) mais aussi parfois avec ses concurrents. Cela implique un véritable changement de culture et de paradigme de la part des entreprises : souvent guidées par la compétition, l’enjeu est qu’elles aillent vers des pratiques de “coopétition”. Sur ce sujet, le Livre Blanc du Think tank Sustainability des Echos auquel j’ai eu le plaisir de prendre part offre des pistes de réflexion et d’action intéressantes pour des coalitions d’entreprises réussies.

Emilie Kovacs
Emilie Kovacs
Rédactrice en chef de The Good, est tombée dans la marmite du développement durable il y a une quinzaine d'année. Cette journaliste d'origine hongroise aime mettre en lumière les acteurs et actions à impact, celles et ceux qui font plutôt que celles et ceux qui disent, les solutions plutôt que les critiques. Eternelle optimiste, elle est convaincue que l'être humain pourra se sortir du pétrin écologique dans lequel il s'est fourré. #Team beurre demi-sel, coquillages et crustacés !

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