02/09/2025

Temps de lecture : 3 min

Universités de l’économie de demain : les nouvelles alliances à l’honneur

Dans un contexte dominé par le court-termisme et le cynisme, des coopérations innovantes avec leurs parties prenantes peuvent fournir de précieuses ressources aux entreprises soucieuses de leur impact environnemental et social.

« Nous avons basculé », reconnaît Pascal Demurger, directeur général de la MAIF et co-président du mouvement Impact France (MIF), vendredi 29 août en ouverture des septièmes Universités d’été de l’économie de demain. Dans un monde « où les valeurs humanistes sont ringardisées, et l’obscurantisme valorisé », déplore sa co-présidente Julia Faure, co-fondatrice de la marque de vêtements éthiques Loom.

Mais face à ce « panorama sombre et réaliste », pas question de renoncer. « La soumission n’est pas une option, martèle Pascal Demurger. Le 29 août 2025 sera le jour où, collectivement, nous avons dit « stop ». » Le succès du MIF, passé en deux ans de 8000 à 30 000 entreprises adhérentes, comme la tribune « N’ayons pas peur » publiée sur Les Echos.fr, signée par 170 personnalités dont des dirigeants – et surtout, dirigeantes – de grands groupes (Engie, Veolia, EDF, Enedis, Orange, Schneider Electric, Fnac Darty), confortent cet espoir.

Entreprises et territoires, des intérêts communs bien compris

C’est au coeur de nouvelles alliances que les entreprises engagées trouveront les armes pour faire triompher un modèle élaboré au bénéfice de l’humain, de la planète, de la résilience économique et pensé dans la durée. Alliances avec les territoires, comme l’ont rappelé élus locaux et représentants d’entreprises ; avec la finance, qui doit assumer son rôle dans le temps long ; avec leurs salariés, autour de modes de gouvernance innovants ; mais aussi entre elles, à travers la coordination des réseaux d’entreprises engagées.

« Poursuivons nos intérêts communs et évitons les diabolisations mutuelles », exhorte Grégory Doucet en ouverture d’une table-ronde consacrée aux nouvelles alliances entre territoires et entreprises, objet d’un rapport dédié. Le maire (EELV) de Lyon prône une « collaboration fine, quotidienne, territorialisée », ainsi qu’une alliance entre les territoires eux-mêmes, notamment urbains et ruraux. Pour Nicolas Méary, (Villes de France et maire Horizons de Brétigny/Orge), les territoires ont besoin des entreprises, acteurs essentiels de la vie locale, pour leur redonner de l’élan. Dans le contexte budgétaire actuel, c’est donc « l’heure des arbitrages et du courage » pour les Régions, conclut Jalil Benabdillah (vice-président de la région Occitanie en charge des questions économiques, Régions de France).

Face à la crise climatique et sociale et sanitaire, un sondage en direct révèle que 35% des participants font confiance aux entreprises engagées, et 62% à leur élu local. Exemples à l’appui, les présidents de Groupama et Veolia, deux entreprises aux forts ancrages territoriaux, témoignent de la nécessité de devenir de véritables partenaires, plutôt que de simples prestataires.

Finance durable et gouvernance du futur

Souvent accusée de court-termisme, la finance a pourtant un rôle essentiel à jouer pour dégager et flécher les lourds investissements nécessaires à la transition écologique. Il s’agit notamment de mobiliser l’important réservoir d’épargne, aujourd’hui peu investi dans les fonds propres d’entreprises. « Cessons d’opposer des sujets aussi étroitement interconnectés », insiste Marie Ekeland. La fondatrice de 2050, un fonds evergreen qui ambitionne de mettre la tech au service des enjeux environnementaux, rappelle comment le dépassement de la plupart des limites planétaires menace la fiabilité des chaînes de production et souligne les liens entre géopolitique, accès aux ressources et souveraineté. « L’appétence des épargnants est freinée par la crainte d’une moindre rentabilité des investissements ISR, ce qui est faux », regrette Nathalie Layani, directrice de la politique durable à la CDC. Pour relever le défi du passage à l’échelle, Marie Ekeland souligne la nécessité de créer des produits financiers adaptés aux enjeux de la transformation durable, à l’image des fonds evergreen qui répondent à une logique de semi-liquidité tout en poursuivant un objectif de performance d’impact.

Quant à la « gouvernance du futur », elle peut prendre diverses formes, du modèle coopératif adopté de longue date par les Caisses d’Epargne à la permaentreprise instaurée par norsys. Cette entreprise de services numériques trentenaire vise « une production efficace, utile aux humains, sans nuire à la planète, faisant un usage sobre voire régénératif des ressources et partageant équitablement les richesses. » Comme le rappelle Sylvain Breuzard, fils du fondateur et directeur permaentreprise, norsys vient de nommer à son Conseil d’administration une personnalité représentant la Nature, la seule dotée d’un droit de véto. L’élaboration d’une vision de long terme partagée par toutes les parties prenantes internes comme externes, est essentielle pour maintenir le cap dans un contexte incertain tel que celui que nous traversons, notamment sur objectifs RSE.

L’édition 2025 s’est conclue par une alliance des réseaux engagés (MIF, Convention des Entreprises pour le climat, C3D, CDJ, etc.). « Quitte à être pris pour une goutte d’eau, nous serons celle qui fera déborder le vase » a réagi Mathieu Hetzer, président du CJD.

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