Robot-tortue, fermes verticales, éco-patrouilles : les solutions citoyennes à suivre en 2022

Partout dans le monde, des initiatives locales viennent répondre au désordre global. Des projets écologiques et reproductibles que l’Unesco a rassemblés sur une plateforme dédiée pour inspirer décideurs et citoyens. Parmi les initiatives, un robot-tortue traqueur de déchets en France, des fermes urbaines verticales au Népal, des patrouilles écologiques en Russie. De quoi inspirer et nourrir l’action collective.

On entend souvent que l’action individuelle est insuffisante, voire inutile face à la lutte contre la crise climatique. Certes, plusieurs études – dont celle de Carbone 4 et de Climatic Change  – montrent que les grandes entreprises sont responsables d’environ 2/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais nombre de climatologues, à commencer par les auteurs de ces études, ne cessent de rappeler la dimension incontournable des actions individuelles, à la fois en termes d’émission, mais aussi de mimétisme et d’incitation à l’action. Il ne s’agit pas d’écarter la responsabilité majeure des multinationales et des Etats, mais de ne pas oublier non plus celle des individus. Une chose qu’a bien compris l’Unesco avec sa plateforme Green Citizens dédiée à des projets citoyens, innovants et reproductibles. Le point commun de toutes ces initiatives : transformer leur environnement et leur communauté, que ce soit en matière de biodiversité, d’éducation ou de climat. Au total, plus de 100 projets ont été retenus à travers 56 pays, allant de l’éducation au développement durable jusqu’à la transmission de savoirs locaux, en passant par la gestion des ressources et la lutte contre la désertification. En voici une sélection non-exhaustive.

Green Turtle, le robot-tortue qui traque les déchets plastiques

On commence en France avec un groupe d’étudiants de l’ESTACA, école d’ingénieurs spécialisée dans le domaine des transports. Une équipe d’une dizaine de jeunes a cherché une solution de nettoyage des ports et des zones côtières, avec comme principal exigence une prise en main facile pour les municipalités. Pour obtenir une technologie efficace, ils se sont inspirés de la nature dans une démarche biomimétique. Pour sa capacité à se déplacer de manière agile avec des nageoires particulièrement souples, c’est la tortue qui a été prise comme modèle. Contrairement à la plupart des robots nettoyeurs, le robot-tortue sera en mesure de plonger en profondeur. Il bénéficiera d’un système de sonar (repérage par le son) et de lidar (repérage par la lumière) pour détecter les déchets, ainsi que d’un aspirateur-collecteur de 50 litres pour stocker les rebuts marins (sacs en plastique, gobelets, canettes, etc.) avant de remonter à la surface. Particulièrement adapté au nettoyage des ports, le dispositif pourra multiplier les allers-retours dans une même journée. Le premier prototype sera testé en 2022 dans plusieurs régions de France.

Au Népal, des fermes urbaines verticales dédiées à la sécurité alimentaire

La dérive climatique accroît chaque année un peu plus l’instabilité des pays tropicaux et équatoriaux, sujets aussi bien aux sécheresses et canicules qu’aux inondations et glissements de terrain. Face à une menace climatique particulièrement risquée dans les lieux de haute densité, l’entrepreneuse Sagarika Bhatta a voulu accroître la résilience des villes népalaises en s’attaquant à l’insécurité alimentaire. Car en cas de tempête ou de forte pluie, l’acheminement de la nourriture ne sera plus assuré. Elle a donc lancé Urban Roof Farm Services, une entreprise qui a vocation à fabriquer un maximum de fermes urbaines au Népal. Pour ce faire, des équipements et des services agricoles ont été proposés aux domiciles, hôtels, entreprises et institutions de la ville de Katmandou, particulièrement vulnérable aux phénomènes extrêmes. Sagarika a développé une approche verticale de l’agriculture avec l’investissement des toits et terrasses de la ville. Une manière de fournir aux habitants une agriculture biologique et accessible géographiquement, mais aussi d’absorber davantage de carbone. En 2020, 24 bâtiments ont déjà été équipés.

En Russie, des patrouilles écologiques pour tous

Il est fréquent que des expéditions de récupération des déchets s’organisent à travers le monde. Mais avec ses “ecopatrols”, le mouvement Clean North est parvenu à faire de ces collectes un projet de recherche scientifique sur les microplastiques, le tout dans une zone de la Russie peu accueillante et où les déchets sont difficiles d’accès. À l’aide de kayaks, catamarans et paddles, des patrouilleurs volontaires issus de la région d’Arkhangelsk se retrouvent le temps d’une journée pour faire d’une collecte de déchets un moment de loisir. À chaque fin d’expédition, des prélèvements d’eau sont réalisés puis confiés à des scientifiques pour détecter les taux de microplastiques. Un bel exemple de science participative qui produit du lien social, du recyclage et de la science autour de moments conviviaux.

Romain Salas
Romain Salas
Journaliste. Après une licence de droit à la Sorbonne et un master en médias et communication au CELSA, Romain tombe dans les charmes du journalisme et de l'écriture. Avec un tropisme fort pour l’écologie et la justice sociale, il imprègne dans ses choix éditoriaux un parfum d'engagement à la mesure des urgences de notre temps.

Dernières publications

MiiMOSA annonce le lancement du 1er fonds de dette en Europe dédié à la transition écologique et alimentaire

La plateforme de financement dédiée à la transition agricole et alimentaire, lance “MiiMOSA transition #1”, un fonds de dette privée qui vise une taille de 50 à 60 millions d’euros. Il interviendra aux côtés...

Sidonie Tagliante (Naturalia) : « Le savoir-faire et les convictions portées par le bio depuis des années ressortent comme un besoin client essentiel en...

Dans la continuité de son engagement RSE et après avoir passé le cap de l’inscription de sa Raison d’Être dans ses statuts, Naturalia devient le premier distributeur alimentaire français à être certifié B Corp. Quelle feuille de route et quels enjeux pour l’enseigne du groupe Monoprix ? Questions-réponses avec Sidonie Tagliante, Directrice Marketing, RSE et Communication de Naturalia France.