Quand la tech aide aussi à réduire la fracture sociale

Vecteur d’emploi, de proximités nouvelles et d’information, le digital est aussi responsable d’une accentuation de la fracture sociale. Si le microcosme privilégié pense le digital comme la solution à tout, faut-il encore qu’il puisse être mis entre toutes les mains. Comme un joli pied de nez à la soi-disant méritocratie et en plein dans le mille d’un monde entrepreneurial en mal de solidarité, Access Inclusive Tech développe depuis 4 ans la formation et l’insertion de profils précaires dans les métiers de la tech. Enjeux, chiffres et preuves concrètes à l’appui, Jean-Christophe Arnauné, son fondateur, nous raconte son pari d’une entreprise à impact.



Si pendant la période de distanciation sociale rendue nécessaire par le Covid-19 le digital s’est imposé comme solution ultime à tous les maux d’une vie sociale comme professionnelle en péril, il s’avère qu’il ne nous concerne pas tous et toutes. La récente enquête d’OpinionWay x Jin en témoigne : comme tout service, l’accès aux technologies et à l’information est plus important chez les plus hauts revenus. Et si en France les revenus les plus faibles ont amélioré leur équipement digital (29% des revenus < 1 000 € répondent s’être améliorés en termes de confort sur internet contre 13% pour les revenus plus élevés 3 500 € et +), cette progression ne concerne pas le facteur de l’information : 45% des revenus les plus hauts (3 500 € et +) déclarent avoir suivi les informations en ligne plus fréquemment pendant la crise, contre 31% pour les plus faibles revenus (< à 1 000 €). 

Fort heureusement, certains font le pari de changer la donne, avec succès. Entreprise du numérique à mission sociale, Access Inclusive Tech développe depuis 4 ans un format d’accompagnement pour l’insertion de profils vulnérables dans les métiers du digital. Preuve vivante de la possibilité d’une économie sociale et solidaire, Access Inclusive Tech inaugure en cette rentrée son centre de services à Saint Denis (93), pour fournir à ses entreprises clientes des services informatiques et administratifs de qualité avec un fort impact RSE. Son objectif : 100 personnes vers l’emploi d’ici fin 2021. Pour en parler, nous rencontrons Jean-Christophe Arnauné, son fondateur. 

The Good : Comment votre parcours vous a-t-il mené à vous lancer dans l’entrepreneuriat social et plus particulièrement dans les questions d’inclusion via le digital ? En tant que chef d’entreprise, quels sont les principaux enjeux liés à un business tourné vers l’économie sociale et solidaire ?

Jean-Christophe Arnauné : J’ai d’abord eu un parcours en entreprise classique, dans le conseil puis les télécoms, puis, à la quarantaine, j’ai voulu donner plus de sens à ma carrière et j’ai décidé de me réorienter vers l’Économie Sociale et Solidaire. Dans la construction de ce nouveau projet, j’avais plusieurs critères en tête : contribuer à une mission sociale, lancer une nouvelle activité et capitaliser sur mes compétences acquises jusque-là. Très rapidement, le secteur de l’Insertion par l’activité économique m’est apparu comme une évidence car il associe très étroitement business et mission sociale. J’ai ainsi rejoint l’association Ares, acteur de référence dans le domaine, pour y lancer sa filiale dans le numérique, Acces Inclusive Tech.

En tant qu’entrepreneur social, il s‘agit de concilier en permanence les enjeux business (rentabilité économique, offre marché, satisfaction client…) et ceux de la mission sociale (sourcing des publics les plus fragiles, qualité de notre accompagnement et réussite des parcours). C’est parfois complexe, mais toujours passionnant !

The Good : Acces Inclusive Tech est la preuve que la fracture sociale liée au digital peut trouver sa solution. Concrètement, comment s’organisent les missions et activités d’Acces Inclusive Tech (profils, accompagnements, objectifs, métiers) ? Comment intégrez-vous la RSE aux services informatiques et administratifs proposés à vos clients ?

J-C.A. : Notre mission est de ramener à l’emploi des personnes vulnérables (jeunes en décrochage scolaire, travailleurs handicapés, réfugiés / migrants, chômeurs de longue durée etc.), en les faisant travailler sur nos prestations clients. Nous recrutons ces personnes sur potentiel, sans aucune considération de diplôme ou de compétence, et nous les intégrons à une équipe Acces, sur une de nos prestations clients, où elles sont formées et accompagnées. Concrètement, nos équipes réalisent ainsi des prestations de test,  de support ou des activités administratives pour des grandes entreprises et administrations. Nous offrons à nos collaborateurs un parcours très professionnalisant sur des projets majeurs. C’est aussi un dispositif tremplin : nos collaborateurs en parcours sont embauchés en CDD, avec l’objectif de rebondir et de rejoindre au bout de 18 à 24 mois une entreprise classique en CDI ou une formation qualifiante.

The Good : Quelles sont les particularités (difficultés ou opportunités) liées à l’accompagnement de profils précaires de tous bords auprès d’entreprises ?

J-C.A. : Notre expertise est d’abord RH, afin de sécuriser le parcours de ces profils atypiques, et en même temps garantir à nos clients la qualité de la prestation. Nous avons ainsi développé nos propres outils pour évaluer le potentiel de ces personnes, mais aussi créé des formations sur les métiers de l’informatique avec une attention forte sur la pédagogie. Nos collaborateurs ont un double accompagnement, à la fois par un manager de proximité, sur la prestation client, et par une chargée d’accompagnement social et professionnel, pour travailler sur les problématiques sociales ainsi que sur la préparation de la sortie en emploi. C’est tout ce dispositif qui nous permet d’accompagner avec succès nos salariés.

The Good : Qui dit rentrée dit bilan et nouveaux objectifs, quels résultats avez-vous obtenu depuis le lancement d’Access Inclusive Tech et quels sont les enjeux pour cette nouvelle année ?  

J-C.A. : Acces Inclusive Tech est né il y a bientôt 4 ans. Le premier succès est d’avoir créé un modèle d’inclusion pour les plus fragiles dans le numérique, en ouvrant la porte à des nouveaux métiers en inventant de nouveaux modes d’accompagnement. La plus grande satisfaction est d’avoir accompagné plus de 100 personnes sur nos prestations clients, avec un très bon taux de sortie en emploi ou formation post-Acces : + de 70%. Avec ce modèle éprouvé, notre enjeu est maintenant de changer d’échelle afin de démultiplier notre impact. Nous souhaitons notamment monter en expertise sur le handicap, en lançant une entreprise adaptée, développer notre Centre de Services en Seine-Saint-Denis et renforcer nos filières métiers dans le Test, le Support et SAP.

The Good : Qui sont les entreprises qui jusqu’ici vous ont fait confiance et que vous avez-vu évoluer vers une démarche RSE intéressante ?

J-C.A. : Une dizaine de grands comptes nous confient des prestations : des grandes entreprises comme EDF, AXA, Engie et aussi des administrations publiques, comme le Ministère des Finances (AIFE) et Pôle Emploi. Nous travaillons aussi via des entreprises de services du numérique, comme Accenture et S&H. Accenture a notamment décidé cette année d’étudier systématiquement comment nous inclure dans chacune de leur proposition commerciale, un signal très fort d’engagement responsable !

The Good : Si vous aviez 3 minutes pour convaincre des prospects d’intégrer vos profils de salariés à leur entreprise, que leur diriez-vous ?

J-C.A. : Le dispositif que nous proposons est là pour rendre transparentes pour nos clients les spécificités de l’accompagnement liées à nos collaborateurs. C’est maintenant un dispositif éprouvé, nos clients grands comptes ont tous reconduit nos missions. Enfin, nous nous positionnons sur les mêmes standards de qualité que n’importe quelle entreprise, et avec des prix très compétitifs. Nos clients achètent d’abord une prestation classique, avec en plus un impact social fort.

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