Longtemps invisibilisées, les femmes sont pourtant au cœur de la transition écologique et sociale. Hélène Valade, directrice développement environnement du groupe LVMH et présidente de l’ORSE, appelle à faire émerger un leadership féminin courageux et incarné pour transformer durablement les entreprises. Entretien avec la présidente d’honneur du Gala des Femmes Inspirantes -organisé par The Good, qui se tiendra le 14 octobre à Paris.
Hélène Valade : Parce qu’elles sont au cœur de la RSE. Elles sont prescriptrices de nouveaux comportements, car ce sont elles qui prennent les décisions du quotidien. Lorsqu’elles sont en position managériale, elles ont un impact réel sur l’amélioration de la performance ESG de leurs entreprises. Elles sont aussi, dans toutes les régions du monde, les premières victimes du dérèglement climatique. Et malgré tout cela, elles sont encore sous-représentées dans les instances internationales tout comme dans les gouvernances d’entreprises. Cela méritait un article !
The Good : Pourquoi est-il essentiel aujourd’hui de mettre en lumière des parcours féminins engagés dans la transition écologique et sociale ?
Hélène Valade : Nous avons besoin de changer le narratif sur la RSE, de le rendre moins technique, plus attractif, plus mobilisateur, et donc plus incarné. Nous avons besoin de modèles inspirants. Les fonctions RSE et Développement Durable sont majoritairement aujourd’hui en France occupées par des femmes qui font un travail remarquable, souvent sans faire de bruit : il faut les encourager à prendre la parole car elles ont un pouvoir d’entrainement immense, même si elles l’ignorent souvent.
The Good : Vous dites souvent qu’il faut « mettre du cœur dans la responsabilité ». Comment ce principe peut-il guider le leadership féminin face aux défis actuels ?
Hélène Valade : L’ambition de transformer les modèles nécessite de parler autant au cœur qu’au cerveau d’un corps social dont on souhaite changer les habitudes : il faut donner le mode d’emploi et le pourquoi du mode d’emploi. Le leadership féminin s’appuie sur un système de valeurs qui sait combiner le pourquoi et le comment, qui remet l’humain au centre, et qui au fond est très courageux : il n’a pas peur de changer pour réellement changer…
The Good : Quel a été le moment clé ou la rencontre décisive qui a nourri votre propre engagement pour une économie responsable ?
Hélène Valade : J’ai eu la chance au début de ma carrière de travailler dans des entreprises dirigées par des femmes. Elles avaient, chevillé au corps, le principe de responsabilité humaine. Elles m’ont beaucoup inspirée, tout comme les femmes que j’ai eu le privilège de rencontrer au Brésil, en Afrique, en Inde qui soulèvent des montagnes pour changer les pratiques et préserver les biens essentiels.
The Good : Si vous aviez un message à transmettre aux jeunes femmes, lequel serait-il ?
Hélène Valade : L’avenir appartient aux entreprises qui auront fait le choix de la transformation structurelle pour répondre aux défis des limites planétaires, car il n’y aura pas d’entreprises qui gagnent dans un monde qui brûle et qui manque d’eau. Dans 20 ans, on peut faire le pari que les dirigeants de ces entreprises seront issus des rangs de la RSE et du Développement Durable. Alors, foncez !