« Le levier de l’assiette nous permet d’agir à tous les niveaux des transitions », Aurélie Stewart (Elior et C3D)

Servir des repas en collectivité consiste à proposer des produits et un service de qualité, à des prix plus abordables que ceux pratiqués en restauration commerciale. En France, la restauration collective fait partie des avantages en nature proposés par les employeurs, et, plus largement, du contrat social et de solidarité du pays. Ce type de restauration a une fonction sociale forte : on la retrouve en entreprise donc, mais aussi à l’école, depuis la crèche jusqu’aux études supérieures, en milieu hospitalier ou encore pénitentiaire ! Elle est tout sauf anecdotique : dans l’hexagone, on parle de 3,7 milliards de repas servis par an, soit 3 repas sur 10 qui sont conçus pour être accessibles au plus grand nombre, sains, et évidemment… bons ! On cuisine pour d’autres, on mange avec d’autres : la restauration en général et la collective en particulier sont des secteurs magnifiques, passionnants, incarnés par des professionnels engagés, au croisement de savoir-faire et savoir-être qui sont pour moi le terreau de notre nécessaire et urgente transition en tant que société.

Le changement n’est pas un interrupteur, il n’y a pas de bouton « on / off ». De la même façon, je me suis engagée progressivement. J’ai la chance d’avoir un profil atypique pour une directrice RSE : je suis ingénieure, j’ai également étudié le marketing, et je suis franco-américaine, le tout aux US, au Canada et en France. Un mix de compétences et de cultures qui me confère peut-être un regard et une manière d’agir différente, ou du moins qui correspond bien à mon tempérament et à ce que j’aime faire. J’ai sorti de ma besace d’ingénieure et de « bonne élève » mes premiers outils qui me suivent encore : les chiffres, la mesure, les indicateurs. Ceux-ci sont mes boussoles : on peut interpréter les chiffres, mais pas les faire mentir. En tout cas, pour moi, la mesure et l’évaluation me permettent d’éviter de greenwasher, m’aident à prioriser, et surtout, partout dans l’entreprise, ils peuvent récompenser les efforts, encourager et embarquer.

Nourrir est un métier du care : à travers l’assiette, nous prenons soin au sens premier du terme. Manger local, bio, moins de viande : ce qui est mis dans l’assiette, du choix de la composition de son menu par le mangeur va directement impacter son écosystème et ultimement son empreinte. La qualité environnementale de l’assiette peut contribuer à encourager – ou pas ! – la transition sociale et environnementale des territoires et des filières. Nourrir au sein d’une cantine revêt un rôle social important également : la qualité nutritionnelle de nos assiettes contribue au bien-être physiologique de nos convives… et, qui sait, sans doute aussi indirectement, à la balance de la sécurité sociale : une vraie mission de santé publique ! Un autre aspect du care, moins visible mais tout aussi essentiel,  c’est l’empreinte sociétale que la restauration collective représente : l’emploi local, non délocalisable. On a besoin des femmes et des hommes, des compétences, des équipements, la transformation des ingrédients sur place. Tout comme on ne mange pas seul en restauration collective, on n’y cuisine pas seul non plus : ce n’est pas une lapalissade de parler de la force du collectif dans notre univers professionnel ! Ce réflexe vers le collectif caractérise non seulement le secteur mais aussi les métiers connectés à la RSE. C’est un bon moyen pour parvenir à transformer l’éco-anxiété inhibante en énergie motrice. Le Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D) s’inscrit exactement dans cette dynamique et agit comme remède anti solitude que nous, professionnels de la RSE, ne connaissons que trop bien, au quotidien dans nos entreprises : nous y partageons entre pairs, avec beaucoup de bienveillance et de générosité, nous nous formons collectivement et nous partageons aussi nos succès et nos frustrations. C’est un cercle qui grandit et qui permet de partager au-delà des bonnes pratiques, sur l’avenir de notre métier et sur notre rôle dans la transformation des entreprises d’abord et de nos écosystèmes plus large ensuite.

Aurélie Stewart
Aurélie Stewart
Directrice RSE du groupe Elior, membre du Collège des Directeurs du Développement Durable

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