10/06/2025

Temps de lecture : 2 min

Le Crédit Agricole renonce à financer l’exploitation minière des fonds marins

À l’approche de la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), le Crédit Agricole annonce qu’il ne financera pas l’exploitation minière des fonds marins. Une position qui s’inscrit dans le sillage des appels au moratoire émis par la France et l’Union européenne. Si cet engagement marque une avancée pour la préservation de la biodiversité marine, il rappelle aussi les contradictions d’un système financier encore largement dépendant de l’économie extractive.

L’annonce a été faite en ce début d’Année de la Mer 2025 : le Crédit Agricole, premier financeur de l’économie française, s’engage à ne pas financer les projets d’exploitation minière des fonds marins. Un signal fort alors que les tentations industrielles autour de ces « nouveaux eldorados » sous-marins suscitent une mobilisation croissante de la société civile et du monde scientifique.

Face à des océans qui couvrent 71 % de la surface du globe et constituent l’un des derniers réservoirs de biodiversité planétaire, la position du Crédit Agricole s’aligne sur celle de la France et de l’Union européenne : pas d’exploitation minière tant qu’il n’est pas prouvé qu’elle peut se faire sans dommages significatifs sur les écosystèmes marins.

« Il ne peut y avoir de croissance bleue durable qui se fasse au détriment de l’intégrité des fonds marins actuellement inexplorés, » déclare Eric Campos, Directeur de l’engagement sociétal de Crédit Agricole S.A.

Un engagement salué… mais partiel

Cette décision est saluée par de nombreuses ONG environnementales, qui rappellent que les grands fonds marins jouent un rôle crucial dans la régulation du climat et l’équilibre des écosystèmes. À ce jour, les connaissances scientifiques restent largement insuffisantes pour évaluer les impacts potentiels d’une exploitation minière en eaux profondes, qu’il s’agisse de la destruction des habitats, du relargage de sédiments ou des perturbations sonores.

Reste que cet engagement pose aussi la question de la cohérence globale de l’action climatique des grands groupes financiers. Le Crédit Agricole reste par ailleurs un acteur engagé dans le financement de secteurs fortement émetteurs, notamment dans l’énergie fossile, comme l’ont régulièrement pointé plusieurs rapports du Réseau action climat ou de Reclaim Finance.

Le cas des fonds marins est donc emblématique d’un débat plus large sur les « zones rouges » que les banques pourraient — ou devraient — exclure de leurs portefeuilles dans le respect des limites planétaires.

Une transformation structurelle encore à bâtir

L’annonce du Crédit Agricole intervient alors que le secteur de la finance cherche à renforcer sa contribution à la « croissance bleue », thème central du Blue Economy and Finance Forum de Monaco, dont le groupe est partenaire cette année.

Mais pour de nombreuses voix du mouvement climat, ces engagements thématiques — s’ils vont dans le bon sens — devront désormais s’accompagner d’une transformation structurelle des flux financiers vers les modèles réellement soutenables, sous peine de ne demeurer qu’un signal de communication.

Au-delà des positions sur des projets encore embryonnaires, c’est donc sur le cœur de l’économie réelle que les attentes restent fortes.

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