Le 17 juin 2025, FIND Climate a organisé un événement d’envergure, en partenariat avec le Club ESSEC Alumni Industrie, dédié aux Femmes dans la Greentech Industrielle. Il rassemblait dirigeant(e)s, investisseur(e)s, entrepreneur(e)s et acteurs(ice)s engagé(e)s pour un moment de réflexion, de partage et de mise en lumière.
Portée par Sonia Artinian-Fredou, CEO de FIND Climate, cette initiative a affirmé avec force la vocation de FIND Climate : faire émerger une industrie plus innovante car plus diverse, en conjuguant excellence technologique, résilience industrielle et inclusion.
Un triptyque clair : Valoriser, Inspirer, Agir
Animée par Virginie Saks, co-fondatrice et associée de Compagnum, l’après-midi a débuté par les mots de Sonia Artinian-Fredou, CEO de FIND Climate, qui a rappelé combien la diversité est essentielle pour répondre aux défis industriels et climatiques.
« L’industrie greentech, comme beaucoup de secteurs industriels, reste encore largement masculine. […] Pourtant, la diversité joue un rôle clé dans l’émergence de solutions innovantes et durables. » — Sonia Artinian-Fredou, CEO de FIND Climate
L’événement, structuré autour de deux tables rondes et de plusieurs prises de parole inspirantes, a permis d’aborder avec franchise les freins systémiques et les opportunités concrètes pour les femmes dans la greentech.
Des rôles modèles qui changent les règles
Première voix à s’exprimer, Marie Ekeland, ingénieure de formation et pionnière du capital-risque en France, a livré un témoignage aussi rare qu’essentiel. Après une carrière transatlantique en finance, elle a fondé le fonds à mission 2050. Elle a partagé un parcours atypique, soulignant que c’est en osant « le pas de côté » que l’on façonne de nouvelles voies.
Pour elle, investir, c’est façonner le futur, et sa vision d’un « futur fertile » replace la finance au service du vivant, du lien social et de la résilience industrielle. Elle investit avec un horizon long, accepte de financer des actifs tangibles, et privilégie la diversité sans recourir à des quotas. Résultat : 42 % des entreprises financées par 2050 sont cofondées par des femmes.
Une étude choc pour objectiver les biais structurels
Florence Sardas, Chief Transformation Officer chez Forvis Mazars Group, a présenté une étude inédite analysant 37 fonds early-stage français : le Baromètre de la diversité dans les fonds d’investissement et les startups par Forvis Mazars Group. Le constat est sans appel :
« Les femmes représentent 10 % des créations de startups, 7 % des levées de fonds et 2 % des montants levés à travers le monde. »
De plus, les conseils d’administration restent largement masculins, homogènes et issus des mêmes cercles académiques.
« Ce qui est frappant, c’est que même quand un board de fonds est divers, ça ne se retrouve pas dans les startups qu’ils financent. […] Donc le fait de féminiser les boards de fonds, ça ne suffira pas. » — Florence Sardas, Chief Transformation Officer chez Forvis Mazars Group
Mais l’étude pointe aussi des leviers d’action : la transparence, la pression collective et la communication engagée ont un effet réel sur la diversité des portefeuilles.
« Elles transforment l’industrie : regards croisés sur le leadership au féminin »
Une première table ronde a réuni :
- Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy (groupe SLB)
- Laurélie Poulard, co-fondatrice et CSO d’Auressens
- Marie-Capucine Lemétais, Partner chez Ring Capital
- Foucauld Delannoy, CEO de Human Boost Company
Les échanges ont mis en lumière des témoignages sincères, parfois percutants. Il a été rappelé qu’une femme seule au board ne suffit pas, et qu’un vrai changement passe par la gouvernance, les recrutements, et l’ouverture du capital.
Cindy Demichel, intrapreneure dans le groupe SLB, a raconté la création de Celsius Energy dans un environnement industriel initialemet masculin. Elle alerte aussi sur la superficialité des effets d’affichage:
« Une femme au board, c’est mieux que zéro, mais ça ne sert à rien si elle est toute seule. » — Cindy Demichel, co-fondatrice et CEO de Celsius Energy
Elle insiste sur la nécessité de casser le conformisme, de faire masse autour de la table, pour permettre une transformation des comportements : « Il serait temps de passer à 33 %, pourquoi pas 50 %. »
Marie-Capucine Lemétais a rappelé la réalité des chiffres présentés par Florence Sardas dans le Baromètre de la diversité dans les fonds d’investissement et les startups. Elle a aussi souligné l’impact du collectif dans les décisions d’investissement, tout en saluant le travail du collectif Sista pour sa pédagogie sur le funding gap. Elle a aussi présenté PALM, programme d’accompagnement à la mixité en entreprise qu’elle a cofondé.
Foucauld Delannoy a salué la force transformatrice des femmes dans les équipes dirigeantes. Il a également partagé une méthode concrète pour diversifier les boards : identifier les compétences nécessaires, élargir le vivier au-delà des réseaux habituels, et « critériser » les profils. Il rappelle que la diversité est une compétence managériale à part entière, et que les entreprises doivent aussi agir sur les statuts d’associés :
« 100 % des VP que j’ai fait accéder au statut d’associé sont des femmes. » — Foucauld Delannoy, CEO de Human Boost Company
Laurélie Poulard a témoigné de son parcours de docteure en science devenue entrepreneure :
« J’ai osé créer ma start-up, ce pas de côté m’a conduite là. » — Laurélie Poulard, co-fondatrice et CSO d’Auressens
Elle évoque notamment les difficultés à recruter des femmes advisors et la difficulté pour les jeunes femmes à se sentir légitimes. Elle souligne le rôle des modèles de leadership fondés sur l’empathie et l’inclusion, qu’elle incarne au sein d’Auressens.
« Femmes investisseuses & administratrices : accélérer l’égalité par l’investissement et la gouvernance »
La deuxième table ronde regroupait :
- Élodie Carpentier, CEO et cofondatrice du Rouge Français
- Isabelle Lange, présidente et cofondatrice de Canopy
- Anne-Sophie Gervais, co-head de RAISE Sherpas
- Adrien Chaltiel, fondateur de Board Project
Les échanges se sont concentrés sur la gouvernance et les biais cognitifs dans l’investissement.
Isabelle Lange a rappelé l’importance d’une “gouvernance utile” et de sortir de la figure classique de l’administrateur passif. Elle déplore la lenteur des transformations, même là où des lois ambitieuses ont été votées (Copé-Zimmermann, Rixain).
« Il n’y a pas de ruissellement. » — Isabelle Lange, présidente et cofondatrice de Canopy.
Elle insiste sur la nécessité d’une masse critique dans les boards pour que les voix de la diversité soient audibles, et appelle à structurer des espaces collectifs comme Canopy pour accompagner les administrateurs et administratrices dans leur rôle d’impact.
Élodie Carpentier a partagé son expérience concrète d’une levée de fonds de 5 millions d’euros, marquée par un engagement fort dans des réseaux de femmes business angels comme WinEquity ou Femmes Business Angels. Elle témoigne :
« Ce réseau m’a ouvert à des dizaines d’investisseuses » — Élodie Carpentier, CEO et cofondatrice du Rouge Français
Pour Anne-Sophie Gervais, le changement structurel passe d’abord par l’étape fondatrice de l’association entre cofondateurs :
« Si les hommes s’associaient systématiquement à une femme, on aurait résolu une bonne partie du problème. » — Anne-Sophie Gervais, co-head de RAISE Sherpas
Chez RAISE Sherpas, elle vise 30 % de femmes cofondatrices dans les start-ups accompagnées — un objectif dépassé aujourd’hui. Elle appelle à agir très tôt dans le pipeline de financement, en s’assurant que la diversité soit déjà présente dans le dealflow.
Adrien Chaltiel, fondateur de Board Project, affirme l’importance d’engager les hommes comme alliés, avec une posture assumée :
« Je ne suis pas là pour aider les femmes, je suis là pour engager les hommes. » — Adrien Chaltiel, fondateur de Board Project
Il présente également l’initiative Men at Work, qu’il a lui même lancée. Elle s’appuie sur des formations en non-mixité masculine pour faire des hommes des alliés de la lutte contre le sexisme. Cette démarche, fondée sur un corpus scientifique validé par des expertes, montre que la diversité renforce à la fois la performance, la santé mentale et l’impact collectif en entreprise.
En filigrane de cette table ronde : un appel clair à faire de la diversité un réflexe systémique dès les premières décisions entrepreneuriales, et à faire de la gouvernance un levier d’impact assumé, incarné et transformateur.
FIND Climate : un catalyseur engagé pour l’industrie de demain
En créant cet espace de discussion intergénérationnel et intersectoriel, FIND Climate s’affirme comme un lieu de débat stratégique, un acteur structurant qui donne de la voix à celles et ceux qui transforment l’industrie en intégrant l’enjeu de diversité comme vecteur d’innovation. Parce que faire place à la mixité, c’est aussi faire place à des solutions nouvelles, plus robustes, plus durables.
Car c’est en croisant les regards, en confrontant les données, en partageant les pratiques et en assumant les engagements qu’un véritable changement devient possible.
Un appel à l’action collective
Pour donner suite à cet après-midi d’échanges et d’engagements, FIND Climate lance avec Make.org une grande consultation ouverte à toutes et tous : « Comment favoriser la place des femmes dans la greentech industrielle ? »
Exprimez vos idées, partagez vos priorités, contribuez à une feuille de route commune.
👉 https://make.org/FR/consultation/femmes-et-industries/selection?introCard=false — Participez dès maintenant.
Un prochain événement sur le passage à l’échelle des Deeptech industrielles
Retrouvez-nous le 3 juillet après-midi pour notre événement “Le Passage à l’échelle de la Deeptech Industrielle pour la transition écologique”. Inscription ici : https://www.eventbrite.fr/e/billets-passer-a-lechelle-la-deeptech-industrielle-pour-la-transition-ecologique-1365852845629?aff=ebdssbdestsearch