23/09/2025

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CSRD : des premiers rapports de durabilité exigeants mais encore loin des objectifs climatiques

La 15e édition du Baromètre RSE Forvis Mazars souligne que les grandes entreprises européennes ont publié pour la première fois des états de durabilité conformes à la CSRD. Un exercice dense et structurant, mais qui révèle aussi le décalage entre ambitions affichées et trajectoires compatibles avec l’Accord de Paris.

Après des années d’anticipation limitée, les grandes entreprises européennes publient désormais leurs premiers états de durabilité conformes à la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et aux normes ESRS. C’est le constat de la 15e édition du Baromètre RSE Forvis Mazars, qui analyse 154 rapports d’entreprises, dont 68 françaises issues du CAC 40, du SBF 120 et de grandes ETI. 99 % du panel publient un bilan carbone conforme au protocole GHG et 83 % respectent déjà les critères de contrôle opérationnel exigés par la directive. Ces documents, denses et techniques, marquent un vrai progrès en matière de transparence et deviennent des outils d’analyse pour investisseurs, régulateurs et parties prenantes.

Des ambitions climatiques fragiles

Si 96 % des entreprises ont fixé des objectifs de réduction d’émissions, seules 33 % présentent un plan de transition complet, et à peine 26 % sont alignées sur une trajectoire 1,5°C. Ce décalage interroge d’autant plus que, le 19 septembre, le secrétaire général de l’ONU António Guterres a averti que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle est « sur le point de s’effondrer ». Il appelle les États à revoir drastiquement leurs engagements climatiques (NDC) d’ici la COP30.

95 % des entreprises considèrent désormais le « gender pay gap » comme matériel, avec un écart moyen de 15 % entre les femmes et les hommes. Le ratio d’équité (écart entre rémunération la plus haute et médiane) est publié par 88 % des entreprises, mais révèle des extrêmes allant de 4,78 à 614.

Un défi réglementaire et organisationnel

Les rapports restent sous observation : conformité aux normes ESRS (96 %), exigences de la taxonomie (46 %) ou encore double matérialité (27 %). « Les entreprises ont relevé un défi réglementaire et organisationnel majeur. Mais le vrai enjeu est désormais de transformer cette conformité en leviers concrets de transition et d’adaptation », souligne Edwige Rey, Associée, Responsable RSE & Développement Durable chez Forvis Mazars.

Si la CSRD a permis une avancée décisive en matière de comparabilité des données, elle montre aussi ses limites face à l’urgence climatique. Les progrès de reporting contrastent avec le constat des Nations unies : sans accélération massive des plans de transition, l’objectif de 1,5°C pourrait rester lettre morte.

Un triste constat que partage Edwige Rey, associée, responsable RSE & développement durable chez Forvis Mazars en France : « Ces premiers états de durabilité montrent la capacité des entreprises françaises et européennes à relever un défi réglementaire et organisationnel majeur. Même si les indicateurs ne sont pas homogènes par secteur d’activité. Cependant, les rapports publiés, denses et techniques, permettent enfin de comparer les stratégies climat et les plans de transition. La CSRD a donc atteint son objectif de transparence, mais attention le vrai défi commence maintenant : transformer cette conformité réglementaire en leviers concrets de transition et d’adaptation durable. »

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