Le Network for Greening the Financial System (NGFS), coalition de 144 banques centrales et superviseurs, vient de publier ses premiers scénarios climatiques de court terme. Une avancée majeure pour aider les décideurs à mieux comprendre les risques économiques et financiers immédiats liés à l’inaction climatique… ou à des transitions mal préparées.
Dévoilés le 7 mai 2025, ces scénarios projettent des conséquences tangibles d’ici 2030 selon quatre trajectoires distinctes : catastrophes climatiques sans politiques adaptées, transition verte ordonnée, bascule brutale vers une économie bas carbone, ou encore réalités divergentes entre pays industrialisés et émergents. Leur point commun ? Tous montrent que retarder l’action climatique coûte cher — en croissance, en emploi et en stabilité financière.
Des risques climatiques de plus en plus concrets
Dans le scénario Disasters and Policy Stagnation, une série d’événements climatiques extrêmes (sécheresses, incendies, inondations…) frappe successivement différentes régions du monde. Résultat : jusqu’à –12,5 % de PIB en Afrique et –7 % en Amérique du Sud, avec des répercussions globales via les chaînes de valeur et les marchés financiers. Les secteurs agricoles et intensifs en capital, comme la production d’énergie, sont particulièrement exposés aux faillites.
Une transition brutale serait économiquement risquée
Le scénario Sudden Wake-Up Call, simulant une mise en œuvre tardive et précipitée de politiques climatiques, anticipe une chute mondiale du PIB de 1,3 % d’ici 2030, contre seulement 0,4 % dans le scénario Highway to Paris reposant sur une transition progressive. Le taux de chômage mondial bondirait de 1,3 point, et les coûts d’investissement pour les entreprises augmenteraient fortement, notamment dans les secteurs polluants.
Des enseignements pour les régulateurs financiers
Avec ces nouveaux scénarios, le NGFS outille les banques centrales pour intégrer les risques physiques et de transition dans leurs stress tests. En intégrant les effets des politiques climatiques, des chocs économiques et des bouleversements météorologiques sur les secteurs clés, ces modèles fournissent une base précieuse pour calibrer les réponses monétaires et prudentielles à court terme.
« L’analyse robuste des risques climatiques est essentielle pour piloter l’économie mondiale dans un contexte de bouleversements environnementaux croissants », souligne Sabine Mauderer, présidente du NGFS.
Alors que les événements extrêmes se multiplient, ces scénarios sonnent comme un avertissement : sans anticipation, le coût de l’inaction pourrait être bien plus lourd que celui d’une transition juste et planifiée.