L’Association des Entreprises pour l’Environnement (EpE), en collaboration avec l’Institut du Numérique Responsable (INR), publie une enquête inédite sur le pilotage environnemental des projets IT à l’heure de l’intelligence artificielle. Un constat s’impose : les pratiques de mesure et de réduction des impacts progressent, mais la gouvernance et la sobriété restent les conditions clés d’une IA véritablement durable.
Quand l’innovation numérique rencontre les limites planétaires
Alors que l’intelligence artificielle s’impose dans tous les secteurs, ses impacts — énergétiques, climatiques et sur les ressources naturelles — deviennent difficiles à ignorer.
« Que ce soit par ses consommations ou par les usages qu’elle favorise, l’IA génère des impacts croissants, directs et indirects », alerte Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia et présidente d’EpE.
Face à cette réalité, EpE et l’INR ont réuni un collectif d’entreprises françaises pour cartographier les pratiques émergentes de pilotage environnemental des projets numériques. L’étude révèle des avancées significatives :
- 2/3 des entreprises évaluent déjà les émissions de gaz à effet de serre (GES) de leurs projets IT ;
- 1 sur 2 intègre des critères environnementaux dans les appels d’offres liés à l’IA ;
- et un intérêt croissant se manifeste pour l’IA frugale, conçue pour réduire la taille et la consommation des modèles.
Du “drill baby drill” au “count baby count”
Les initiatives se multiplient : EDF utilise l’IA pour anticiper les consommations énergétiques des logements, Veolia a conçu un assistant interne “Secure GPT” économe en énergie, Renault Group impose des critères d’écoconception numérique dans ses marchés, tandis que Société Générale évalue la maturité “Green IT” de ses projets via un simulateur CO₂.
Autant d’exemples qui témoignent d’une volonté partagée : passer d’une innovation subie à une innovation maîtrisée, où la donnée et la sobriété guident les choix technologiques.
« L’IA n’aura de sens que si elle devient un levier de transition écologique, pas une nouvelle source d’impact », rappelle David Laurent, directeur de la transformation écologique d’EpE.
Gouvernance et discernement technologique
’enquête appelle enfin à renforcer la gouvernance environnementale du numérique : structurer les données, harmoniser les outils, et orienter les investissements vers des usages positifs.
Pour Richard Bury, directeur du programme Numérique Responsable du groupe EDF, « il est encourageant de voir les entreprises françaises affirmer leur discernement technologique et leur ambition de faire de l’IA un levier de création de valeur, avec maîtrise et responsabilité ».
Vers une IA à impact positif
Dans un monde où l’IA redéfinit déjà l’éducation, le travail et l’information, l’étude souligne l’urgence d’un pilotage collectif et transparent des technologies numériques.
Car derrière la fascination pour la puissance de calcul, c’est bien la question du sens qui se pose : comment faire du numérique — et de l’IA en particulier — un moteur de transformation écologique, plutôt qu’un accélérateur d’empreinte ?