2021, le point sur les alternatives au plastique

Si nous ne cassons pas l’économie linéaire absurde du plastique à usage unique, son volume pourrait doubler et les déchets rejetés dans l’océan tripler pour atteindre 600 millions de tonnes en 2040 (Source Helen Mc Arthur Foundation). Les entreprises doivent changer d’urgence et abandonner leur modèle de prédation de l’environnement. Comment passer des paroles à l’action ? Décryptage des tentatives très créatives de greenwashing des géants de la pétrochimie. Un marché de 360 milliards d’euros, rien qu’en Europe*.

80% des déchets plastiques que l’on trouve en mer viennent de la terre. Sans parler des images de cette plaque de déchets de 270 000 tonnes dans le nord de l’Océan Pacifique, sorte de « septième continent » qui mesure six fois la France. Chaque année, nous consommons 4,7 milliards de gobelets jetables, dont seulement 1% sont recyclés. 40% du plastique n’est utilisé qu’une fois avant d’être jeté. Que dire des 26,5% seulement qui sont recyclés en France ? Le chiffre est sans appel : Un foyer de 4 personnes jette 71 kg de déchets d’emballage plastiques par an. Pourtant en 2019, 85 % des Français se déclaraient favorables à l’interdiction des produits et emballages plastiques à usage unique et 88 % souhaitaient la mise en place d’un système de consigne permettant le réemploi des bouteilles et emballages.

Changer les réglementations sur le plastique 

La loi anti-gaspillage du 10 février 2020 bannissant la vente de gobelets, assiettes et pailles étant clairement insuffisante, les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, ont obligé Barbara Pompili en novembre dernier, à fixer cinq initiatives très claires pour aider les entreprises de la filière de transformation et de valorisation des déchets, à réduire leur impact environnemental. Jugez plutôt :

  • 20% de réduction des emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025, 
  • 100% de réduction des emballages plastiques « inutiles » d’ici fin 2025.
  • Mise en place d’une filière de recyclage opérationnelle des emballages en plastique à usage unique au 1er janvier 2025.
  • Renforcement des bonus à l’incorporation de plastique recyclé dans les emballages avec l’introduction d’une gamme d’emballages ré-employables pour les produits frais et les boissons d’ici la fin 2021.
  • Dotation de 500 millions d’euros sur deux ans, pour soutenir le développement du réemploi, du recyclage et de valorisation des déchets.

Favoriser les contenants réutilisables : le vrac est-il green ?

Face à l’aberration environnementale du suremballage plastique et la pression des consommateurs, le vrac devient à la mode et les marques et distributeurs rivalisent d’imagination. Achats en vrac ou à la coupe, savons solides et bouteilles consignées, le zéro plastique commence à trouver sa place dans les supermarchés. Mais cette alternative au plastique est-elle vraiment environnementale ?

Selon l’étude du WWF réalisée sur un panier alimentaire de 9 produits sans packaging plastique, le bilan carbone est heureusement très positif et va dans la bonne direction : 96% de déchets plastiques en moins (380 000 tonnes/an), 48% de gaz à effet de serre évités (3 millions de tonnes/an). En revanche, on note une explosion de +169% sur la consommation d’eau nécessaire pour laver les contenants consignés, (49 millions de m3 soit la consommation d’un million de foyers). Laissons un peu de temps pour une meilleure standardisation des contenants réutilisables et un meilleur maillage des sites industriels (production, conditionnement et nettoyage) pour diminuer l’impact sur l’eau. Au Vietnam et en Thaïlande où le plastique est un grave fléau, les feuilles de bananiers sont utilisées comme packaging dans de nombreux supermarchés pour emballer les fruits et légumes.

Développer le bioplastique : la tentation forte du greenwashing 4.0 

Encore marginale, la production de bioplastique commence à se développer, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Mais l’essor du plastique « vert » est freiné avec un prix 1,5 à 4 fois plus cher qu’un plastique traditionnel. Pourtant, utiliser un bioplastique à la place d’un polymère d’origine pétrolière permet d’éviter l’émission de 30 à 75% de CO2. Encore faut-il que le matériau soit 100% d’origine végétale. Saviez-vous que la loi autorise les industriels du plastique à utiliser jusqu’à 60% de pétrole pour fabriquer du bioplastique (40% en 2025) ? Le bio plastique n’est pas vraiment vert. Il est difficilement compostable et souvent non biodégradable. Voilà un parfait exemple de Greenwashing de la filière plastique avec des normes volontairement peu lisibles…

Encourager le « zéro plastique » : des entreprises contributives qui font du bien 

Fabriquer des barquettes alimentaires et des packagings à base d’algues est une formidable revanche des océans. L’énorme avantage de cette solution est de ne rejeter aucun déchet et se décomposer rapidement. Un packaging à base d’algues a une durée de vie de 12 semaines sur terre et 4h en mer contre 4 à 10 siècles pour la durée de vie du plastique pétrochimique.

L’entreprise Algopack basée à Saint-Malo a saisi l’opportunité et conçoit un plastique 100% naturel à base d’algues brunes. Celles-ci sont cultivées en mer bretonne, sans engrais ni pesticides. Sur les plages des Caraïbes, Algopack récolte aussi les algues sargasses, véritable fléau local où elles prolifèrent et les transforme en barquettes biodégradables et compostables. 

Notpla une start-up anglaise, conçoit des packaging comestibles à partir d’algues.

Avez-vous déjà avalé des bulles liquides en sachet qui remplacent les bouteilles en plastique lors des événements sportifs ? 

En France, la start-up Hanabi travaillant avec le CNRS, développe un matériau ultra innovant hybride combinant les avantages du papier et de la céramique. Le papier présente des avantages de flexibilité, de biodégradabilité et d’imprimabilité, la céramique à l’avantage d’être résistante à l’eau et imperméable aux gaz dans le packaging.

Le plastique a de moins en moins sa place dans l’économie des entreprises contributives. Il doit sortir de sa linéarité pour devenir d’urgence circulaire,100% recyclable, 100% biodégradable. Sinon les consommateurs boycotteront d’un vote sur une appli, les marques et les entreprises qui ne placent pas leur engagement environnemental et la défense de la biodiversité en priorité dans leurs bonnes résolutions pour 2021. Emballez-vous et soyez contributif.

*source PlasticEurope

Laurent Lafite
Laurent Lafite
Expert en transformation digitale et environnementale depuis 20 ans. Spécialiste du marketing de rupture, des GreenTech et du développement durable, il est le fondateur de TransfoGreen et accompagne les entreprises dans leur transformation RSE.

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