Santiago Lefebvre, CEO de ChangeNOW : “Nous devons et pouvons faire de la France le creuset de cette nouvelle renaissance environnementale et sociale”

Depuis 2017, ChangeNOW fédère des dizaines de milliers d’acteurs du changement autour d’un salon annuel riche en rencontres et réflexions. Avec en ligne de mire un écosystème de l’impact de plus en plus riche et mature, les enjeux évoluent. En amont de la 4ème édition digitale de son sommet international qui aura lieu du 27 au 29 mai 2021, le fondateur et CEO de ChangeNOW Santiago Lefebvre fait le point avec nous sur l’évolution de l’entrepreneuriat à impact à la française. Interview.

The Good : Au regard des précédentes éditions et du contexte de crise que nous traversons, quels sont les enjeux clés de cette 4ème édition ? 

Santiago Lefebvre : Depuis son lancement en 2017, l’idée de ChangeNOW reste la même : créer des ponts entre les acteurs qui œuvrent pour le futur. En passant de 2000 participants lors de la première édition à 28 000 participants pour la troisième, des changements ont inévitablement opéré. Pour cette quatrième édition, les thématiques nouvelles abordées seront nombreuses : 

– La santé : d’un point de vue global avec le concept de One Health, un concept de l’OMS qui dit que la santé humaine est intrinsèquement liée à celle des animaux et des écosystèmes. Pour beaucoup de théoriciens, les virus se transmettant d’animaux à humains sont souvent liés à un déséquilibre des écosystèmes, engendrant notamment la Covid-19. 

– La biodiversité évidemment, avec beaucoup plus de propositions que l’an passé, notamment en termes de biodiversité marine, de reforestation, d’agriculture etc.

– On parlera aussi du sport comme outil de transition sociale et environnementale, et de l’art engagé – une matinée sera dédiée à ce sujet qui se terminera par la première vente aux enchères d’art durable avec Christie’s.

– Les thématiques historiques sont évidemment conservées : mode durable, finance, économie circulaire, cinéma avec la poursuite du marché du film, etc.

The Good : Que pouvez-vous nous dire de l’évolution de l’écosystème de l’impact  ? 

S.L. : Nous sommes arrivés dans le paysage à un moment où on parlait « d’entrepreneurs sociaux » plutôt que « d’impact » et «RSE». Depuis, le champ lexical comme l’engagement des marques ont pris un virage. La notion d’entreprise à impact est extrêmement importante. C’est lorsque les questions de transition ne sont pas exclusivement gérées au niveau du pôle RH ou RSE que le changement peut réellement opérer. L’écosystème à impact a donc vraiment pris de l’ampleur quand les départements innovation des grands groupes ont commencé à porter le sujet en développant notamment des nouveaux business models à impact. Un mouvement qui a aussi permis d’attirer de nouveaux talents et métiers. 

J’observais récemment la cartographie européenne de Tech.eu faisant l’état des lieux des pays où il y a le plus de start up green. Les résultats sont très encourageants car la France est non seulement n°1, mais aussi en tête du podium sur le palmarès des pays ayant le plus de levées de fonds réalisées dans le secteur de l’impact. Évidemment, il faut continuer à creuser le sillon parce qu’il me semble que nous avons ici vraiment la possibilité de nous démarquer (vs la tech pure où nous serons probablement toujours n°2).

Enfin, je constate également que le secteur tend à prendre grandement en maturité. Rien que lors de nos événements, au moment de la session des Pitchs, le ticket moyen demandé par les start up en levée de fonds est passé d’environ 300 000 euros en 2017 à 1 million d’euros en 2020, ce qui veut dire que les start up qui cherchent à lever on déjà gagné en maturité et cherchent à lancer leur deuxième phase.

Évidemment, il reste énormément à faire pour faire grandir cet écosystème. Une de nos missions avec ChangeNOW est de répondre à ces défis. Que ce soit par la rencontre lors du Summit, mais aussi dans l’accompagnement face au problème de recrutement : beaucoup de start up de l’impact sont en recherche de talents. Hormis quelquessolutions qui ont déjà gagné en notoriété comme Too Good Too Go ou Phénix, les autres n’ont pas encore cette force de recruteurs. La Job Fair que nous remettrons prochainement en marche permettra ainsi de faciliter les rencontres.

En somme, si on regarde l’Histoire, dans tous les changements culturels un peu forts, il y avait un lieu qui cristallisait les imaginaires. Au moment de la Renaissance, il y avait  Florence qui accueillait énormément de talents de toutes parts (une sorte de Silicone Valley de l’époque). Je pense que nous devons et pouvons faire de Paris et de la France ce creuset de cette nouvelle renaissance environnementale et sociale. Mon aspiration est que nous fassions de l’écosystème français la Start Up Nation de l’entrepreneuriat à impact. 

The Good : des speakers ou discussions au programme qui selon vous sont à ne manquer sous aucun prétexte ?  

S.L. : Parmi les sessions phares, nous aurons notamment : la session d’ouverture de ChangeNOW avec le Prince Albert II de Monaco, Anne Hidalgo et Bertrand Piccard; la session Explorers and Adventurers for earth : avec Jimmy Nelson, Photographic Artist, Alexia Barrier, Skipper Vendee Globe 2020, Marion Chaygneaud-Dupuy, fondatrice de Clean Everest, Sacha Dench, DG, Conservation Without Border ; la session Empowering Citizens through Systemic Change avec : Ndaba Mandela, co-fondateur de Africa Rising Foundation, Jodie Paterson, blogueuse lifestyle et santé mentale, Nemonte Nenquimo, activiste pour les droits de l’Amazonie, Amanda Nguyen, astronaute and activiste, Philippe Croizon, aventurier.

Enfin, la session Greater equality of opportunities : avec Chivona Renée Newsome, cofondatrice du mouvement Black Lives Matter Greater New York et Alexandre Mars, entrepreneur & philanthropiste.

The Good : Parmi la foule d’initiatives et solutions mises en avant par ChangeNOW, lesquelles vous animent particulièrement ? 

S.L. : Je pourrais citer deux initiatives collectives qui m’ont complètement embarqué. La première est 4 pour 1000 : elle consiste à fédérer tous les acteurs volontaires du public et du privé dans le cadre du Plan d’action Lima-Paris. L’initiative vise à montrer que l’agriculture régénératrice, et en particulier les sols agricoles, peuvent jouer un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et le changement climatique.

La seconde est le Global Pact qui réunit une centaine de juristes pour mettre en place un cadre légal et un droit constitutionnel environnemental. 

The Good : Ce projet est né au lendemain de la COP 21. La lenteur gouvernementale face au plan d’action de la Convention Citoyenne vous décourage-t-elle ? 

S.L. : Je ne suis pas découragé dans le sens où je n’imagine jamais qu’une seule chose puisse faire le grand changement. La COP a été actée mais le bouleversement ne peut pas se faire de suite et d’un seul coup. Aussi, la Convention Citoyenne reste une première victoire : en visibilité, force et réflexions. A mon sens, cela permettra aussi très certainement d’alimenter les programmes des prochaines élections présidentielles. Nous pouvons donc être déçus, parce que la mise en application est lente, mais je crois que cela finira par infuser notre système. Pour accélérer la prise en main des politiques il nous faut nous armer d’alternatives d’un point de vue entrepreneurial et social, et c’est là toute l’ambition de ChangeNOW. 

Le prochain étage de la fusée Impact est celui de la coordination et la collaboration dans l’effort : un pilotage plus stratégique permettant de concentrer nos forces. 

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