Rapport BDO France x Institut Choiseul “La CSRD : s’en saisir pour mieux diriger”

Pour explorer les changements nécessaires dans les pratiques de gouvernance et de reporting des entreprises avec la CSRD, Audrey Leroy, présidente du comité de mission et directrice de l’offre ESG de BDO France, a réalisé une étude en collaboration avec l’Institut Choiseul.

La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui entrera en vigueur pour plus de 50 000 entreprises de l’Union Européenne dès 2025, marque une étape cruciale dans l’évolution du reporting durable. Dans ce contexte, le cabinet de conseil BDO France a élaboré une note intitulée “CSRD : s’en saisir pour mieux diriger“, visant à accompagner les dirigeants dans cette nouvelle ère du reporting durable.

En mettant en lumière les implications de la CSRD, cette note offre un éclairage sur les changements nécessaires dans les pratiques de gouvernance et de reporting des entreprises. Elle explore également les actions concrètes à entreprendre pour une mise en œuvre réussie de la directive au sein des organisations. Recueillant les témoignages d’une quinzaine de décideurs, cette note offre une perspective pratique et stratégique sur la manière dont les entreprises peuvent aborder la CSRD et en tirer parti pour renforcer leur performance durable tout en répondant aux attentes croissantes des parties prenantes“, précise Audrey Leroy, présidente du comité de mission et directrice de l’offre ESG de BDO France, a réalisé une étude en collaboration avec l’Institut Choiseul.

SYNTHÈSE DE L’AUTEUR

À partir de 2025, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) va imposer progressivement à plus de 50 000 entreprises actives dans l’Union européenne de publier un reporting de durabilité selon des normes standardisées. Les politiques des entreprises en matière environnementale, sociale et sur la gouvernance devront ainsi être détaillées, leurs objectifs énoncés et leurs suivis rendus publics chaque année.

Au programme, deux grandes nouveautés : d’une part, une profondeur de champ supérieure à la DPEF (Déclaration de Performance Extra- Financière) notamment dans le domaine environnemental et en particulier sur la biodiversité ; d’autre part, l’analyse de double matérialité qui va mener à chiffrer les risques que font peser les enjeux ESG sur la pérennité de l’entreprise, en complément de l’évaluation de l’impact de l’activité de l’entreprise sur les personnes et l’environnement. Cette analyse initie la rencontre de l’extra-financier et du financier.

Et c’est bien là le but visé par la Commission européenne avec cette nouvelle directive : inciter les entreprises à accentuer leurs efforts pour préserver le climat et la planète, en permettant aux établissements financiers de disposer d’indicateurs fiables afin d’orienter les capitaux vers les entreprises durables. La CSRD vient compléter la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et la Taxonomie verte, mis en place par Bruxelles pour atteindre ses objectifs du Pacte Vert.

Au-delà de l’agenda européen, cet objectif répond aux attentes de toutes les parties prenantes des entreprises. Clients comme collaborateurs se montrent de plus en plus sensibles aux efforts des entreprises face aux enjeux ESG. Près de 80% des Français seraient prêts à boycotter une marque ou un produit non responsable, selon l’Ademe. Quelque 64% des candidats et des salariés1 accordent de l’importance aux engagements RSE de l’entreprise lorsqu’ils postulent à une offre d’emploi. De leur côté, les établissements financiers en ont déjà fait l’un de leurs principaux critères d’évaluation du risque crédit et de valorisation des actifs.

Quant aux ONG environnementales, elles estiment que la transition écologique n’est pas optionnelle, ni pour la planète, ni pour les entreprises. Et elles ne sont pas les seules. De nombreux dirigeants en sont convaincus. « La transformation n’est plus un choix », estime Marie Ekeland, fondatrice et PDG du fonds à impact 2050. « La seule question aujourd’hui, c’est de trouver la meilleure façon de s’aligner, c’est-à-dire de concilier performances financières, environnementales et sociales ».

Certes, la mise en place de la CSRD peut paraître complexe, notamment pour les entreprises de taille intermédiaire qui demandent davantage de proportionnalité dans son application. Mais la mise en mouvement des entreprises vers la durabilité, que la CSRD veut initier, apparaît comme une nécessité qui s’impose à tous, au-delà de l’obligation réglementaire.

De surcroît, en encourageant la transformation des entreprises, la CSRD peut s’avérer un puissant outil de création de valeur. D’abord, parce que cette transformation va permettre aux entreprises de diminuer leurs risques, donc d’augmenter leurs performances. Cela peut également assurer leur pérennité en les menant vers les marchés ou les ressources qui seront disponibles demain.

Ensuite, elle va favoriser une politique active d’innovation. Car intégrer plus étroitement des indicateurs, et donc des objectifs ESG à sa stratégie nécessite souvent d’innover, pour adapter son offre ou son outil de production.

Mettre le cap sur des objectifs de développement durable ambitieux permet en outre de se démarquer commercialement de ses concurrents. Si cet avantage pourrait s’affaiblir à mesure que la CSRD porte ses fruits, cela reste une stratégie gagnante. Au passage, la mise en place d’actions préservant la planète permet souvent de réduire certains de ses coûts opérationnels.

Enfin, des bons indicateurs ESG deviennent un sésame pour nombre de financements. En 2022, les prêts conditionnés, pour tout ou partie, à des mesures de performances extra-financières ont représenté 36% du volume total des nouveaux prêts accordés à des entreprises en Europe, selon le BCG2. Les entreprises les plus engagées en matière de développement durable ont obtenu un taux de financement inférieur (- 50 à 100 pts de base), à ceux de leurs concurrents les moins avancés sur le sujet, selon la même étude.

La CSRD se veut un catalyseur qui va amener les entreprises à mieux concilier les impératifs sociaux et environnementaux qui assureront leur pérennité. La durabilité va se hisser parmi les critères de performance des entreprises.

Et à terme, cette nouvelle référence de marché va s’étendre, non seulement à l’ensemble de la chaîne de valeur de chaque entreprise, mais également au-delà des frontières de l’Union européenne. Elle va en effet s’appliquer à toutes les entreprises qui détiennent au moins une succursale ou une filiale au sein de l’UE et qui atteignent un chiffre d’affaires minimum de 150 millions d’euros, qu’elles aient ou non leur siège social dans l’UE.

S’y préparer apparaît donc comme une priorité.

CONCLUSION DE L’AUTEUR

Très loin d’un reporting supplémentaire, la CSRD se veut un catalyseur. Elle va amener les entreprises à repenser leurs modèles d’affaires, afin de mieux concilier les impératifs sociaux et environnementaux qui assureront leur pérennité. Une impérieuse nécessité face aux dangers qui menacent la planète (raréfaction des matières, déclin de la biodiversité, changement climatique, pollution de l’air, tensions sur les ressources en eau…).

La durabilité va se hisser parmi les critères de performance des entreprises, et compléter, voire infléchir, les résultats financiers. Elle va devenir une des clés indispensables pour décrocher un marché, un financement ou recruter.

Et cette nouvelle référence de marché devrait faire tache d’huile puisqu’elle implique tous les acteurs, en amont et en aval de la chaîne de valeur de chaque entreprise. Chaque écosystème va ainsi devoir progressivement intégrer ces analyses et s’adapter à ces enjeux.

A moyen terme, ce référentiel va même s’étendre au-delà des frontières de l’Union européenne. En effet, à l’instar du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) – une des premières initiatives européennes qui impose le principe d’extra-territorialité sur un sujet majeur, la CSRD va s’appliquer à toute entreprise1, ayant ou non son siège social dans l’UE.

Se préparer, non à la mise en place d’un reporting, mais à ce nouveau modèle de performance apparait donc comme une priorité.

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