Régulièrement, Bayard Impact, cellule conseil du Groupe Bayard, décrypte pour The Good un enjeu sociétal du “S” de RSE.
750 000 personnes partent à la retraite chaque année. Pourtant, cette transition de vie est peu anticipée et peut créer un stress important chez les salariés concernés. 68% des salariés proches de la retraite se disent d’ailleurs très mal informés.
La fin d’une carrière telle qu’on la connait est un moment clé de la vie, tant sur le plan professionnel que personnel. Elle peut être une véritable opportunité, à condition de l’aborder suffisamment tôt, et avec les bons outils.
Pour les entreprises, comment mieux accompagner les salariés ?
Pour les salariés, comment anticiper pour aborder sereinement cette étape ?
Nous vous proposons de revenir sur 3 incontournables pour bien gérer ce moment pivot.
Faire de la fin de carrière un temps d’enrichissement mutuel
Les 50 ans et plus font face en entreprise à de lourds stéréotypes liés à l’âge qui entrainent parfois un manque de reconnaissance, des absences d’opportunités, de formations… Face au contexte de transition démographique, certaines organisations se saisissent du sujet pour développer des politiques inclusives. A la fin du mois de juin, 47 entreprises signeront la charte d’engagement pour valoriser les 50+ ans en entreprise, initiée par le Club Landoy (collectif fondé par Bayard) et le Groupe L’Oréal, et prendront 10 engagements dont celui d’« offrir des opportunités tout au long de la vie professionnelle pour permettre à chacun(e) de travailler dans un environnement inclusif jusqu’au départ à la retraite. »
Un exemple d’aménagement bénéfique pour les deux parties ? La transmission des compétences et l’accompagnement du salarié peuvent passer par l’établissement d’un temps partiel à la demande de ce dernier : choisi, il est en effet bénéfique pour le bien-être et la santé des plus âgés tout en présentant un avantage pour les employeurs, qui conservent des travailleurs expérimentés et compétents en réduisant les coûts de formation de nouveaux employés.
L’appréhension de ce nouveau paradigme peut également être l’occasion de prendre plus de recul, comme le souligne la startup Alphonse (ayant récemment rejoint Bayard)[1], spécialisée dans l’accompagnement administratif ainsi que dans le coaching digitalisé de la fin de carrière et ayant déjà accompagné 1 700 participants en 2 ans. « Préparer sa fin de vie pro, c’est penser à ce que l’on va faire de son temps libre et s’organiser en fonction. C’est s’habituer à l’idée d’écrire de nouvelles pages blanches sans carcan et à son rythme » précise Jean-Luc, retraité dans 6 mois. Qu’il s’agisse de faire le point sur sa relation au travail, d’envisager de nouvelles activités professionnelles et de s’y préparer, de réfléchir à comment prendre du temps pour soi ou pour les autres sous la forme de bénévolat, ce temps de réflexion est bénéfique. Il peut d’ailleurs être encouragé ou encadré par les entreprises. Bayard, groupe auquel appartient le média Notre Temps expert de ces questions, organise par exemple des ateliers où ses salariés sont encouragés à écrire sur leur carrière, leur vie dans l’entreprise ou encore sur les moments de leur parcours qu’ils retiennent et à partager leurs témoignages.
« En me posant ces questions, j’ai eu l’impression de sortir de chez l’opticien avec de nouvelles lunettes de vue et d’y voir tout de suite plus clair sur ce qui était important pour moi » confie Jacques – à la retraite dans 1 an – à la startup Alphonse. C’est aussi ce que souligne Yves, ancien participant au parcours Dessiner sa fin de carrière : « Me poser ces questions, cela m’a permis d’évacuer mes peurs et de positiver pour la suite. »
Faire rimer retraités et activités
Le bénévolat et l’engagement associatif constituent une grande composante de ce moment de vie : d’après l’Ifop, 19% des 50-64 ans et ¼ des 65+ ans se consacrent à un engagement associatif.
Les associations d’entreprise sont aussi des moyens de valoriser le parcours des salariés – tout en leur permettant de garder un lien avec le monde professionnel qu’il connaissent – et de faciliter la transition de leur activité habituelle vers la forme de retraite qu’ils envisagent : « J’ai découvert d’anciens collègues totalement différemment à travers les activités de notre association d’alumni de l’entreprise » partage Elisabeth – retraitée depuis 4 ans – à Alphonse. Il s’agit d’ailleurs de l’un des engagements pris par les signataires de la charte évoquée précédemment : « Après le départ, pour celles et ceux qui le souhaitent, l’entreprise peut proposer de conserver le lien notamment par les Alumnis, ou favoriser un engagement associatif. »
Cumul emploi-retraite, mécénat de compétences, mentoring, entrepreneuriat… En 2018, 3,4% des retraités de 55 ans ou plus résidant en France – soit 482 000 personnes –, exerçaient une activité professionnelle tout en percevant une pension de retraite (enquête Emploi de l’INSEE) et plus de 66.000 « seniors » avaient créé une entreprise individuelle (EI) – soit 17 % du total des créations en EI selon l’Insee. En 2019, presque 20 % des entrepreneurs individuels et 25 % des dirigeants de nouvelles sociétés étaient âgés de 50 ans et plus (Insee – Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce). Une étude de 2018 du National Bureau of Economic Research[2] a même établi qu’« un créateur d’entreprise âgé de 50 ans a 1,8 plus de chances de réussir. »
Bernard, retraité depuis 5 ans, est micro-entrepreneur. « Il continue à suivre certains de ses anciens dossiers et à aider ponctuellement » comme le rapporte Alphonse : « une belle façon de conserver un lien tout en gagnant un petit pécule. » Un pécule qui peut prendre de nouvelles dimensions dans le cas d’une entreprise que l’on revendrait pour financer ensuite ses beaux jours.
Temps, expérience, réseau, crédibilité, résilience… Entreprendre ou même se reconvertir peut être l’occasion de se rapprocher de ses passions, de travailler dans un cadre intergénérationnel ou encore de préparer l’avenir.
Anticiper dès 40 ans pour financer ses projets
Prendre du temps pour soi ou pour les autres, décider de s’adonner à ses passions, entreprendre, se lancer dans une nouvelle activité ou tout simplement prendre le temps de mieux cibler ses envies… autant de projets et d’étapes nécessitant une anticipation économique, sachant que passer à la retraite est souvent synonyme dans un premier temps d’un pouvoir d’achat affaibli. Selon l’étude de la Fondation The Adecco Group et du CREDOC, « gagner moins bien sa vie » est d’ailleurs la seconde inquiétude des actifs de 40-59 ans, après la santé[3].Autant de raisons pour lesquelles investir et épargner s’avère nécessaire : se donner les moyens de ses envies doit s’anticiper car, comme le souligne Françoise – tout juste retraitée – pour Alphonse, « quand on est à la retraite, la vie change sur tous les points de vue. »
Pourtant, cette inquiétude se matérialise difficilement par des mises en action concrètes : manque global d’accompagnement, d’information, d’acculturation aux questions financières, de formation, flou administratif… Autant de freins à une bonne appréhension de la fin de carrière et à son anticipation – qui touchent encore davantage les femmes que les hommes du fait de carrières plus souvent hachées voire inégalitaires. C’est face à ce constat que Vives Media – créateur des podcasts Osons l’Oseille – a lancé la ViveS Académie : des parcours d’initiation et de sensibilisation incarnés par une journaliste experte, qui apportent des outils applicables immédiatement pour avancer dans les étapes de vie.
Enfin, échanger avec d’autres personnes au même stade de leur vie professionnelle, passées par là ou ayant les mêmes projets – en dehors ou au sein du cadre professionnel dans lequel on se trouve – est primordial : « Comparer ses idées et angoisses avec d’autres, c’est simple, agréable et cela rassure. On se sent moins seule dans le grand bain de la fin de vie pro » confie Nathalie, ancienne participante des parcours Alphonse.
Les entreprises ont bien sûr là aussi un rôle à jouer dans cette dimension d’anticipation car elles sont les mieux placées pour accompagner leurs collaborateurs, qu’il s’agisse de les orienter vers des ressources ou de les accompagner plus directement à travers des ateliers, des formations, des bilans de compétences, des bilans retraite… ou tout simplement de leur permettre d’évoluer dans un cadre sain et épanouissant pour leur donner l’opportunité de prendre le temps de réfléchir à leur futur, de se renseigner et de se préparer. Des engagements tel qu’« accorder une attention particulière à la préparation et à l’accompagnement du départ à la retraite (dispositifs de transition) », « proposer un accompagnement adapté et individualisé sur les aspects de santé et de bien-être au travail tout au long de la carrière », « accompagner et soutenir les collaboratrices et les collaborateurs aidants » pris par les signataires de la charte pour la valorisation des 50+ ans en entreprise vont dans ce sens. Il est à noter qu’un salarié serein dans une entreprise à l’écoute peut s’avérer plus productif, et que lui permettre de préparer son avenir ne peut être que bénéfique !
[1] https://www.bayard-impact.com/blog/le-groupe-bayard-acquiert-la-start-up-alphonse
[2] https://www.nber.org/papers/w24489
[3] Source : CRÉDOC, Enquête Conditions de vie et aspirations des Français, 2023. Champ : actifs de 40 à 59 ans