26/02/2024

Temps de lecture : 3 min

« Il vaut mieux anticiper que subir », Sophie Robert-Velut, Directrice Générale Dermo-Cosmétique et Rhumatologie, Laboratoires Expanscience

(contenu abonné) Sophie Robert-Velut a pris les commandes des Laboratoires Expanscience (Mustela, Babo Botanicals et plusieurs médicaments de dermatologie, rhumatologie et d’arthrose) en 2019, après une quinzaine d’années à piloter la direction marketing ou générale de différentes marques...

(contenu abonné) Sophie Robert-Velut intègre les Laboratoires Expanscience en tant que Directrice Générale Opérations Dermo-Cosmétique en 2019, après une quinzaine d’années à piloter la direction marketing ou générale de différentes marques du groupe L’Oréal en France, mais aussi au Mexique et au Brésil. Elle est membre de la convention des entreprises pour le climat depuis 2021 aux côtés d’autres dirigeants pour contribuer à accélérer la transition vers une économie régénérative. Rencontre avec une dirigeante militante à la tête d’une entreprise à mission labellisée BCorp.

The Good : D’où vous vient votre engagement très militant pour la responsabilité sociétale des entreprises ?

Sophie Robert-Velut : Elle vient de mon éducation : mes deux parents travaillaient dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, j’ai donc été sensibilisée dès mon plus jeune âge aux métiers à impact, avec des valeurs fortes. Plus tard, durant ma carrière chez L’Oréal, j’ai travaillé pour la marque drômoise bio Sanoflore. Je me souviens en 2008 d’avoir eu une vraie prise de conscience concernant les limites planétaires. J’ai remis profondément en question la notion de croissance et de profit, et j’ai eu envie d’agir professionnellement dans une entreprise à échelle plus humaine. Lorsque je suis arrivée chez Expanscience en 2019, la société était déjà certifiée B Corp depuis un an, un indicateur important pour moi. De plus, Jean-Paul Berthomé, le président d’Expanscience et le fils du fondateur, était moteur sur ces sujets depuis longtemps, puisque déjà en 2004, il avait signé le Pacte Mondial des Nations-Unis, la plus importante initiative internationale d’engagement volontaire en matière de développement durable. Expanscience est aussi devenue entreprise à mission en 2021 avec pour raison d’être « aider les individus à façonner leur bien-être ».

The Good : Et puis peu après votre arrivée chez Expanscience en 2019… la crise Covid paralysait le monde. Comment l’avez-vous vécu ?

Sophie Robert-Velut : La Covid a été un accélérateur de changements chez Expanscience. Nous avons notamment déployé largement nos services e-commerce. En parallèle, j’ai aussi décidé de rejoindre la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC). Inspirée de la « Convention Citoyenne pour le Climat », cette association d’intérêt général a pour vocation d’organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour les décideurs économiques, afin de basculer d’une économie extractive vers une économie régénérative d’ici 2030. Il était important pour moi d’agir autant en tant que citoyenne que cheffe d’entreprise.

The Good : Comment avez-vous organisé votre feuille de route financière et extra-financière ?

Sophie Robert-Velut : Nous nous aidons d’outils et de méthodologie pour suivre notre feuille de route « impACT » à 2030 qui comprend à la fois la baisse de notre empreinte carbone, celle de notre consommation d’eau mais aussi celle du plastique dans nos emballages. De plus, nous avons questionné l’utilité de chacun de nos produits, pour orchestrer la suppression de certains d’entre eux, comme les lingettes jetables pour bébé de la marque Mustela d’ici 2030, et l’ajout de nouveaux, comme des savons solides.

De plus, la directive européenne CSRD nous pousse à comparer nos données et critères déjà évalués par des référentiels tels que B Corp, SBTI et « Entreprise à mission ».

D’autre part, la pandémie de Covid-19 comme la guerre en Ukraine nous ont enseigné qu’il valait mieux anticiper que subir. Ma mission consiste à ce que notre entreprise soit la plus résiliente possible. Cela signifie faire des choix, concernant notamment nos ressources.

Par exemple,  71% de nos achats sont réalisés en France. Nous avons également pu poursuivre l’activité de notre usine en Eure-et-Loir en période de sécheresse grâce à la réduction d’usage de l’eau, et nous allons plus loin en investissant sur une utilisation en circuit fermé sur le site, d’ici à 3 ans. Enfin, au Pérou, nous avons développé depuis plus de 15 ans avec notre entité de transformation de matières premières végétales, Deshidratados Tropicales, des filières responsables qui garantissent la qualité, la traçabilité et la pérennité de nos approvisionnements.

The Good : Qu’est-ce qui est le plus compliqué dans votre mission au sein de cette entreprise de plus de 1000 collaborateurs répartis dans 13 filiales et une présence internationale dans plus de 100 pays ?

Sophie Robert-Velut : C’est de réussir à se rapprocher de la théorie du donut de Kate Raworth*. C’est à dire réussir à exercer notre activité et la réinventer pour rester dans cette zone d’équilibre entre le respect des limites planétaires et le minimum des planchers sociaux.

C’est difficile de mesurer notre impact – sur la biodiversité par exemple – mais aussi de trouver des solutions pour réparer, restaurer, régénérer. Plus largement, c’est compliqué d’embarquer l’ensemble des parties prenantes tout au long de notre chaîne de valeur alors que l’on se trouve très souvent à subir un triangle de l’inaction où chacun se renvoie la balle pour ne pas agir.


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