23/09/2025

Temps de lecture : 3 min

« Il n’y a pas de performance économique sans performance durable », Elizabeth Tchoungui (Orange)

À l’occasion du Sustainability Forum d’Orange, qui s'est tenu les 16 et 17 septembre à Paris, Elizabeth Tchoungui, directrice exécutive RSE du Groupe Orange, revient pour The Good sur les résultats déjà obtenus, les ambitions 2030 et sa vision d’un leadership féminin au service d’une transformation durable.

Comment conjuguer performance économique et impact positif ? C’est le défi qu’Orange entend relever avec sa stratégie 2026-2030. Déjà en avance sur plusieurs de ses objectifs 2025 – réduction des émissions, mixité managériale, inclusion numérique – le Groupe trace désormais une feuille de route ambitieuse, avec en ligne de mire le Net Zéro Carbone 2040 validé par la SBTi.
Dans cet entretien, Elizabeth Tchoungui insiste sur l’importance de la coopération avec l’écosystème, du rôle des compétences RSE au cœur des métiers mais aussi de la préparation de nouvelles générations de leaders, notamment féminins.

The Good : Le Sustainability Forum d’Orange s’est tenu autour du thème Grow for Good. Que recouvre pour vous cette notion et en quoi résume-t-elle l’ambition RSE d’Orange ?

Elizabeth Tchoungui : Grow for Good signifie en finir avec l’idée que la croissance économique se ferait forcément au détriment du bien commun. Chez Orange, nous affirmons au contraire qu’il n’y a pas de performance économique sans performance durable : l’un sert l’autre. La RSE n’est pas à côté du business, elle est complètement intégrée.
Ce forum a marqué un tournant : il a rassemblé le COMEX, les équipes finances, innovation, RH, ainsi que nos partenaires externes. Car nous ne pouvons réussir seuls : notre trajectoire de décarbonation ou nos actions d’inclusion numérique reposent aussi sur la mobilisation de tout un écosystème.

The Good : Quels résultats concrets pouvez-vous mettre en avant aujourd’hui ?

E.T. : Quand je suis arrivée en 2020, nous avons fixé pour 2025 des objectifs extra-financiers ambitieux. Cinq ans plus tard, la plupart sont atteints, voire dépassés.

  • Sur la décarbonation (scopes 1 et 2), l’objectif était -30 % d’ici 2025. Nous avons déjà atteint -40 % avec un an d’avance.
  • Sur la mixité, nous nous étions fixé 35 % de femmes dans le management en 2025. Nous y sommes déjà.
  • Sur l’inclusion numérique, nous visons 2,5 millions de bénéficiaires d’ici 2025. Nous en avons déjà touché 3 millions grâce aux Orange Digital Centers, aux programmes de la Fondation et aux actions de formation en Afrique.

Ces résultats sont le fruit d’un travail colossal de gouvernance et d’opérationnalisation : il a fallu embarquer toute l’organisation, transformer les processus et mettre en place des outils robustes.

The Good : Quels seront les axes prioritaires de votre nouvelle feuille de route 2026-2030 ?

E.T. : L’enjeu majeur est l’atteinte de notre objectif Net Zéro Carbone en 2040, validé par la SBTi. Cela implique une réduction de 45 % de nos émissions à horizon 2030, tous scopes confondus. Pour y parvenir, nous avons lancé Partners to Net Zero Carbon, un programme qui engage nos fournisseurs dans des plans de progrès communs. L’idée est simple : nous sommes dans le même bateau, et nous devons travailler ensemble pour réduire collectivement nos émissions.
C’est une manière nouvelle de faire du business, fondée sur la coopération et non plus sur une simple logique transactionnelle.

The Good : Comment embarquez-vous vos collaborateurs et parties prenantes dans cette transformation ?

E.T. : Les compétences RSE sont désormais considérées comme stratégiques pour le plan 2030. Cela ne veut pas dire créer une filière RSE à part, mais infuser la culture RSE dans tous les métiers : appels d’offres BtoB, innovation, finance, RH…
Notre gouvernance a aussi beaucoup évolué : un comité RSE se réunit désormais tous les deux mois au Conseil d’administration, et ma présence au COMEX permet de mettre la durabilité au cœur des décisions stratégiques. Enfin, nous traduisons nos ambitions dans des offres concrètes pour les clients, comme le Safer Phone, qui accompagne les familles dans la protection des enfants face au numérique.

The Good : Vous êtes aussi une dirigeante qui incarne un leadership féminin dans la transformation durable. Quelle est votre vision à ce sujet ?

E.T. : Je n’aime pas les généralités, mais je crois que les femmes leaders apportent souvent une approche plus pragmatique, une résilience forgée par les plafonds de verre franchis, et une capacité d’écoute qui favorise un leadership collégial.
Chez Orange, nous travaillons activement à préparer la relève. Quatorze jeunes femmes à très haut potentiel ont été identifiées pour être accompagnées par les membres féminins du COMEX. Leur talent est immense, mais le manque de confiance reste un frein. Notre rôle est de transformer cette fragilité en assurance. Car dans un monde incertain, la résilience et l’agilité sont des qualités clés du leadership durable

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