10/01/2022

Temps de lecture : 3 min

Carrières à Impact en 2022 : Pour une humilité et une authenticité retrouvées !

Si 2022 sera encore une belle année pour les métiers “à impact”, la multiplication - voire la surenchère - de messages engagés de la part des employeurs pour attirer les talents pose question. Caroline Renoux, fondatrice et CEO du Cabinet de recrutement Birdeo, appelle les recruteurs à un retour à l’authenticité et à l’humilité pour remporter la bataille des talents.
Hortense Harang

Si 2022 sera encore une belle année pour les métiers “à impact”, la multiplication – voire la surenchère – de messages engagés de la part des employeurs pour attirer les talents pose question. Caroline Renoux, fondatrice et CEO du Cabinet de recrutement Birdeo, appelle les recruteurs à un retour à l’authenticité et à l’humilité pour remporter la bataille des talents.

Dans les médias, les comités de directions et les offres d’emplois … Enfin, nous y sommes, l’impératif d’impact positif est partout. Il infuse derrière chaque mot prononcé, transpire –soi-disant– dans chaque décision prise. Il serait donc déplacé de nous plaindre me direz-vous ? Néanmoins, tout succès ayant son revers, il semblerait que celui de l’avènement tant attendu des problématiques sociales et environnementales ait également trouvé le sien, qui nous revienne prochainement au visage à la vitesse d’un boomerang : une suffisance et une complaisance qui ralentiraient nécessairement nos efforts.

L’impact positif devient depuis plusieurs mois déjà un argument promotionnel de poids auprès des parties prenantes de l’entreprise, à commencer par les candidats. Encore très récemment au Web Summit, grand-messe des startups et de la Tech à Lisbonne, les discussions s’orientaient principalement vers les messages à mettre en avant dans sa marque employeur, guerre des talents oblige et les notions de RSE et de contribution positive se retrouvent très souvent en tête. Or, à l’heure où toute entreprise, même les plus résolument technologiques et les plus sujettes au « cash burn », a su se définir une mission, une raison d’être ; à une époque où chaque action commerciale et managériale est empreinte de cette –soi-disant– responsabilité, force est de constater que ce n’est plus un argument différenciant, ni même valable à vrai dire.  En outre, prétendre toujours bien faire en la matière serait présomptueux, et j’exhorte aujourd’hui nos leaders économiques à avoir une approche honnête et humble du sujet. Les entreprises qui remporteront cette guerre des talents, et qui pourront participer in fine à la révolution en marche, sont en effet celles qui oseront être authentiques et transparentes : mettre en avant leurs réussites, mais également témoigner de leurs échecs, et ainsi rendre compte de leurs contraintes, réelles, pour illustrer les combats en cours, et les progrès qu’il reste à effectuer.

Dans le même temps, je ne peux qu’inviter les candidats à appréhender leur carrière dans l’impact, naissante ou galopante, avec cette même humilité. Les convictions et la bonne volonté ne suffisent pas. Il faut prendre le temps non seulement de s’informer, mais aussi de se former (car oui, on se forme à l’impact !), et de réinterroger ses compétences techniques au prisme des enjeux sociétaux et environnementaux de l’organisation que l’on aspire à rejoindre. Quant aux soft skills, il s’agit de faire un bilan lucide sur celles que l’on a naturellement, celles que l’on a acquises avec plaisir… Et celles sur lesquelles on bute (et c’est normal, personne n’est parfait !). Cette organisation aussi, il nous faut pouvoir la regarder avec bienveillance. Il est illusoire de penser que nos entités économiques, qu’elles soient jeunes ou plus anciennes, sont en mesure d’intégrer la RSE en tout et en toute cause rapidement. En revanche, il est bien entendu conseillé de s’attacher aux preuves factuelles, tangibles, de l’engagement d’une entreprise en ce sens. En contrepartie, ne nous étonnons pas de devoir avancer des preuves, également, de la sincérité de sa posture. A titre d’exemple un changement de poste tous les ans ne traduit pas d’un engagement et d’une réelle volonté de changer les choses, de faire évoluer son métier. L’humilité, c’est aussi apprendre à échouer, à accepter que le changement prenne du temps, et qu’on n’est pas les seuls à pouvoir le diriger ou l’incarner. C’est enfin avoir intégré qu’une entreprise est avant tout chose capitalistique, et que les enjeux business peuvent – et doivent – se combiner à une raison d’être sociétale et environnementale.

En définitive, tandis que le marché se tend, fortement impacté par les difficultés de recrutement rencontrées par nos startups comme nos grands groupes, et par la nécessité d’une action rapide pour une économie plus juste, j’en appelle à aborder 2022 sous le signe d’une humilité collective retrouvée et surtout raisonnée, de part et d’autre. L’Impact est une chose sérieuse, qui ne peut naître que d’une volonté profonde, exister par une implication authentique, sincère, et se transmettre et perdurer grâce à des Femmes et des Hommes talentueux techniquement et engagés dans le temps.

Caroline Renoux, Fondatrice est fondatrice et CEO de Birdeo, le cabinet leader en France en recrutement et chasse de tête spécialisé dans le Développement Durable et l’Impact

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