Le rapport Climate Transition Assessment 2025 d’EthiFinance dresse un constat lucide : malgré des progrès notables, la majorité des grandes entreprises européennes ne disposent pas encore de plans de transition climatique crédibles. Si certaines PME et ETI montrent la voie, les failles de gouvernance et le manque d’objectifs mesurables freinent toujours la décarbonation à grande échelle.
La transition climatique ne se gagne pas à coups d’annonces. Elle repose sur des trajectoires chiffrées, des indicateurs transparents et une gouvernance solide. Or, selon EthiFinance, 74 % des entreprises cotées les plus émettrices au monde échouent encore à réunir ces trois conditions essentielles. L’Europe conserve une légère avance sur le reste du monde, mais la moyenne régionale reste faible, autour de 40/100 sur l’échelle d’évaluation du cabinet.
Les entreprises européennes montrent des signes d’engagement sur certains aspects : 91 % mettent en œuvre des actions concrètes sur leurs émissions directes (scopes 1 et 2), et 80 % analysent leurs risques climatiques. En revanche, seules 16 % ont fixé des objectifs à court et long terme, et 22 % agissent réellement sur leur scope 3, c’est-à-dire les émissions indirectes générées tout au long de leur chaîne de valeur — fournisseurs, transport, usage des produits, etc.
Un déficit de gouvernance climatique
Le diagnostic d’EthiFinance pointe un déficit de gouvernance climatique : seuls 42 % des dirigeants intègrent des objectifs climatiques dans leur rémunération, et à peine 71 % des entreprises disposent d’un dispositif de supervision dédié. Pour Camille Ferron, responsable des produits d’investissement ESG chez EthiFinance, « la décarbonation reste trop souvent cantonnée aux directions RSE ; or, sans ancrage dans le modèle d’affaires, elle ne peut être transformative ».
Une donnée surprenante ressort pourtant : les PME et ETI figurent parmi les plus performantes. Leur agilité, leur proximité avec les territoires et leur gouvernance resserrée leur permettent de traduire plus vite les engagements en actions. EthiFinance note également que le secteur de l’énergie renouvelable, l’automobile et la construction comptent le plus d’acteurs avancés, tandis que le transport, l’immobilier et l’exploitation minière accusent un retard préoccupant.
Cette cartographie européenne révèle une double réalité : d’un côté, une dynamique de fond portée par les nouveaux standards réglementaires (CSRD, Taxonomie verte, SBTi) ; de l’autre, un écart croissant entre entreprises pionnières et retardataires. Pour EthiFinance, la crédibilité des plans de transition repose désormais sur une exigence simple mais radicale : placer la gouvernance climatique au cœur du pilotage stratégique, en alignant les incitations, les financements et la transparence.
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