Selon la nouvelle étude de rémunérations 2026 de PageGroup, la plus complète du marché, l’année 2025 a marqué un coup de frein inattendu sur les recrutements liés à la RSE. Mais derrière cette accalmie se dessine déjà un nouveau cycle : celui de la montée en puissance des compétences vertes, des fonctions d’impact et de la formation durable au cœur des entreprises.
Après plusieurs années de croissance continue, le marché de l’emploi durable connaît un moment de respiration. Le report à 2027 de la directive européenne sur la publication d’informations de durabilité (CSRD) a temporairement ralenti les embauches dans les directions RSE et les fonctions d’impact. En 2025, de nombreuses entreprises ont gelé leurs recrutements, privilégiant la consolidation interne à la création de nouveaux postes.
Pour Laurent Blanchard, directeur général de PageGroup France, ce ralentissement ne signe pas un désengagement, mais une réorganisation stratégique :
« La CSRD représente une opportunité structurante pour ancrer la durabilité dans la stratégie des entreprises. Mais sans investissement massif dans la formation et les compétences, ces ambitions risquent de rester lettre morte. »
Les métiers verts, essentiels mais pénuriques
Les métiers liés à la transition écologique demeurent parmi les plus stratégiques — et les plus difficiles à pourvoir. Le Guide des salaires 2026 identifie plusieurs fonctions critiques :
- Chef·fe de projet décarbonation (45 à 80 k€ selon expérience),
 
- Coordinateur·rice économie circulaire (40 à 70 k€),
 
- Directeur·rice de l’impact (Chief Impact Officer) (60 à 120 k€).
 
Ces postes exigent une double compétence rare : maîtrise technique des enjeux environnementaux et compréhension stratégique des indicateurs ESG. La tension est particulièrement forte dans les secteurs de la finance, de l’immobilier et du facility management, où les nouvelles réglementations énergétiques et climatiques imposent une transformation rapide.
La formation, levier de la reprise
Face à cette pénurie, la formation devient un levier clé. Les programmes dédiés aux compétences vertes et ESG se multiplient, tandis que les entreprises recherchent désormais des profils hybrides capables d’intégrer les indicateurs extra-financiers dans leur stratégie, de maîtriser les outils digitaux et l’intelligence artificielle pour améliorer les performances environnementales, ou encore de piloter des supply chains responsables.
Cette montée en compétence structure une nouvelle génération de talents : plus agiles, plus technophiles et capables de traduire la durabilité en résultats mesurables.
Transparence, équité et sens : les attentes salariales évoluent
L’étude souligne également une mutation culturelle : la rémunération devient un levier de sens et d’engagement. À l’approche de la directive européenne sur la transparence salariale (juin 2026), 7 salariés sur 10 estiment leur entreprise insuffisamment transparente, et plus d’un sur deux se dit prêt à quitter son poste en cas d’injustice perçue.
Ce nouveau contexte impose aux organisations de repenser leurs politiques RH, non plus comme un outil de rétention, mais comme un instrument de confiance et d’alignement de valeurs.
La photographie du marché dressée par PageGroup est claire : 2025 a marqué une pause, mais 2026 s’annonce comme l’année du réarmement des compétences durables. Car dans un marché de l’emploi en mutation, la durabilité n’est plus un avantage concurrentiel : c’est un prérequis pour exister.