04/11/2025

Temps de lecture : 2 min

Labeyrie Fine Foods ou l’agro-industrie à l’épreuve de la durabilité

Du foie gras à la transition bas carbone, Labeyrie Fine Foods tente de réinventer son modèle. Derrière la promesse d’un « hédonisme engagé », l’entreprise incarne les contradictions et les progrès d’une agro-industrie en quête de sens.

Fondé en 1946 dans le sud-ouest de la France, le groupe Labeyrie Fine Foods (qui regroupe les marques Labeyrie, Delpierre, Blini, L’atelier Blini, Père Olive), référence historique de l’agroalimentaire premium, inscrit aujourd’hui sa stratégie RSE dans une vision claire : concilier plaisir, qualité et responsabilité. À travers douze engagements structurés autour de trois piliers — Préserver, Maîtriser, Respecter —, l’entreprise française entend transformer ses filières et ses pratiques. Un chemin ambitieux, mais encore semé de défis.

De l’hédonisme à la responsabilité

« Ensemble, partager un hédonisme engagé » : la raison d’être de Labeyrie Fine Foods résume sa promesse. Longtemps symbole du plaisir gastronomique, le groupe a entrepris depuis 2019 une mutation profonde pour aligner sa croissance avec les impératifs environnementaux et sociaux.
Sa démarche s’articule autour de trois axes :

  • Préserver, en misant sur des approvisionnements responsables, la protection du bien-être animal et la réduction de l’empreinte environnementale ;
  • Maîtriser, via la suppression des additifs controversés, l’éco-conception des emballages et l’amélioration de l’efficacité énergétique de ses sites ;
  • Respecter, en favorisant le bien-être collaborateur, la diversité et une communication plus transparente.

Derrière ces mots, des objectifs chiffrés : 100 % d’emballages recyclables d’ici 2025, réduction de 10 % de la consommation d’eau et de 8 % de gaz et d’électricité, et un baromètre de bien-être collaborateur supérieur à 8/10.

Une démarche structurée mais encore perfectible

Labeyrie se distingue par la mesurabilité de ses engagements — un point souvent négligé dans l’agroalimentaire. Chaque action est assortie d’un indicateur, et la lutte contre le réchauffement climatique constitue un axe transversal, avec un suivi du bilan carbone aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris (+1,5 °C).

Mais l’entreprise n’échappe pas à certains paradoxes. La dépendance à des produits emblématiques comme le saumon fumé ou le foie gras, aux chaînes d’approvisionnement complexes et à fort impact, pose notamment la question de la vitesse de transition. Le groupe s’engage vers le “zéro déforestation” dans l’alimentation animale, mais la traçabilité complète des filières reste à consolider.

Autre enjeu : la sobriété énergétique. Aligné sur la démarche SBTI, le groupe indique avoir réduit de 25% son empreinte carbone entre 2019 et 2025.

« Nos trois défis majeurs sont : le scope 3 de nos émissions carbone, l’éco-conception et l’accompagnement des comportements des consommateurs« , confie Gaëlle Ouri, directrice RSE du groupe Labeyrie Fine Foods, qui dit pouvoir compter sur son PDG pour faire progresser ces sujets.

Les leviers de la transformation

Labeyrie s’appuie sur une démarche collaborative : sensibilisation des salariés, mobilisation des fournisseurs, éco-innovation produit. Les formations internes à la durabilité et l’intégration de critères RSE dans la gouvernance comme dans les rémunérations constituent des avancées notables.
L’entreprise met également l’accent sur la transmission culturelle, en défendant l’idée que gastronomie et durabilité ne s’excluent pas.

Pour aller plus loin, la marque pourrait renforcer la transparence publique sur ses indicateurs de progrès, accélérer la diversification vers des protéines alternatives et rendre ses engagements sociaux (diversité, inclusion) aussi visibles que ses actions environnementales.

Une nouvelle responsabilité du goût

Dans un secteur souvent tiraillé entre productivisme et exigence environnementale, Labeyrie choisit une voie singulière : tenter de réconcilier l’excellence culinaire et la sobriété. L’entreprise avance à pas mesurés, consciente que le goût du changement se cultive comme celui des bons produits : avec du temps, de la méthode et une dose d’audace.

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