Dans un contexte de backlash politique autour de la RSE, le groupe La Poste choisit d’avancer sans faiblir. Sa directrice RSE de la branche Services-Courrier-Colis, Laure Mandaron, défend une approche de « One Performance », où trajectoires économiques et extra-financières se construisent ensemble. Optimisation logistique grâce à l’IA, réduction du scope 3, inclusion des jeunes et accompagnement des personnes en situation de handicap : autant de leviers au cœur d’une stratégie qui conjugue impact écologique, social et territorial.
Laure Mandaron fait partie des 10 Personnalités RSE Féminines 2025 sélectionnées par la rédaction de The Good (découvrez les 10 Femmes sélectionnées ici : https://urlr.me/u5q3Fj). Le trophée de la Personnalité RSE Féminine 2025 sera remis lors du Gala des Femmes Inspirantes, organisé par The Good, aux Salons Hoche, le 14 octobre prochain. (Pour en savoir plus cliquez ici: https://urlr.me/jMS53d). 
The Good : Après une période d’engouement pour la RSE, on observe un certain backlash politique. Comment analysez-vous ce contexte ?
Laure Mandaron : Le contexte est en effet essentiel. Nous avons connu un momentum RSE avec un engouement sans précédent, puis assez vite un backlash, avant tout politique, qui a beaucoup façonné la dynamique actuelle. Dans ce contexte, notre conviction depuis quelques mois est simple : ne rien lâcher. Et cela passe notamment par un travail engagé depuis 2 ans pour arrimer la performance économique et la performance extra-financière.
The Good : Concrètement, comment se traduit cette convergence  ?
Laure Mandaron : Nous avons créé un budget carbone doté d’un volet atténuation et d’un voletadaptation au changement climatique. Depuis 18 mois, ces budgets sont intégrés dans nos revues stratégiques et nos arbitrages économiques. Lorsqu’on examine un projet, nous regardons à la fois sa trajectoire économique et sa trajectoire climatique, qu’il s’agisse d’adaptation ou de réduction. Notre ambition est d’étendre cette approche à d’autres domaines, au-delà du climat, comme les ressources naturelles.
The Good : Vous inspirez-vous des démarches de triple comptabilité ?
Laure Mandaron : Nous suivons de près toutes les méthodologies : triple capital, monétarisation des externalités, comptabilité écologique… Nous nous en nourrissons. Mais nous avons choisi d’être pragmatiques, en commençant par la thématique carbone, réduction et adaptation, avec un ancrage fort dans le cycle de gestion financière. Dans les prochains mois, nous allons relancer un chantier autour de la monétarisation des externalités, notamment sociétales, dans une logique d’ancrage local.
The Good : Où en êtes-vous de vos objectifs de décarbonation ?
Laure Mandaron : Nous travaillons autour de trois grands leviers. Le premier, central, est la mutualisation et l’optimisation de nos liaisons pour réduire les kilomètres parcourus et gagner en efficience. L’IA joue ici un rôle clé : nous l’utilisons pour optimiser la planification de nos liaisons de transports et de nos tournées de livraison. C’est un enjeu industriel où performance économique et écologique convergent.
The Good : Qu’en est-il du scope 3, qui reste un enjeu majeur pour de nombreux groupes ?
Laure Mandaron : Le scope 3 pèse très lourd dans notre empreinte carbone. Sur les 5 480 000 tCO2 émises par le Groupe La Poste en 2024 (hors produits financiers), 93% sont portées par le scope 3. C’est une priorité stratégique, notamment à travers la relation avec nos fournisseurs dans les domaines du transport, de la livraison, de l’IT, du textile …. Nous travaillons main dans la main avec eux, en contractualisant des objectifs de progrès et en accompagnant leur transition à un rythme raisonnable. Le scope 3, ce n’est pas seulement un chiffre dans un rapport, c’est la qualité de service pour nos clients, notre capacité à innover et la résilience de notre modèle.
The Good : Au-delà de l’écologie, comment intégrez-vous l’impact social et territorial dans votre stratégie RSE  ?
Laure Mandaron : L’ancrage local et l’action en faveur de la cohésion des territoires sont dans l’ADN de La Poste. Nous développons de nombreux partenariats avec des associations comme la Croix-Rouge ou Emmaüs. Nous sommes très mobilisés pour l’emploi des jeunes : nous accueillons chaque année un nombre très important d’alternants, qui trouvent souvent leur premier emploi chez nous. Nous travaillons sur des sujets très concrets comme l’accès à un compte bancaire, le passage de l’examen du code de la route – avec nos 1750 centres d’examen sur toute la France, car sans permis, difficile d’accéder à un emploi. Nous soutenons également le dispositif de cohabitation intergénérationnelle du Groupe SOS Sénior dont l’objectif est d’offrir aux jeunes une solution de logement à un coût accessible. Notre ambition est de proposer un bouquet de solutions pour donner à chaque jeune les moyens de son autonomie. Enfin, La Poste est le premier handi-employeur en France avec 14 000 postiers en situation de handicap dont nous accompagnons les situations individuellement.
The Good : Vous insistez également beaucoup sur votre rôle d’accompagnement des citoyens en situation de fragilité sociale. Quels leviers concrets mettez-vous en place ?
Laure Mandaron : Face aux fragilités sociales – qui touchent près de 30 % des Français renonçant à leurs droits –, La Poste agit pour renforcer l’inclusion. À travers le programme France Services et un maillage territorial unique, elle rapproche les usagers de onze opérateurs publics et les accompagne dans leurs démarches quotidiennes.
Avec ses médiateurs présents dans 645 bureaux des quartiers prioritaires et dans 400 bureaux dédiés à l’accueil des migrants, l’entreprise s’engage aussi aux côtés de l’OFII. Pour lutter contre l’illectronisme, qui concerne encore 15 % des Français, La Poste déploie ses 95 Étapes numériques, des ateliers et un accès libre à plus de 4 000 postes informatiques.
En 2024, ces initiatives et partenariats ont permis d’accompagner près de 2,2 millions de personnes, avec un objectif ambitieux : atteindre 1 million de bénéficiaires par an d’ici 2030.
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Laure Mandaron fait partie des 10 Personnalités RSE Féminines 2025 sélectionnées par la rédaction de The Good. Le trophée de la Personnalité RSE Féminine 2025 sera remis lors du Gala des Femmes Inspirantes, organisé par The Good, aux Salons Hoche, le 14 octobre prochain. 
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