Conseils de Pablo Castro (ClimateSeed) pour qu’événementialiser rime avec sobriété

(contenu abonné) Conformément à ses engagements européens, la France s’est fixée pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030, par rapport au niveau de 1990. En d’autres termes, cela implique de les abaisser deux fois plus vite qu’aujourd’hui. Si les cinq secteurs les plus émetteurs que sont les transports, l’agriculture, l’industrie, le bâtiment et l’énergie, se sont vus assignés les plus importants efforts à faire, particuliers, entreprises privées, Etat et collectivités, nous sommes tous sont concernés.

Dans ce contexte, la nécessité de maîtriser et de diminuer ses impacts environnementaux s’impose au secteur de l’événementiel qui doit lui aussi s’engager dans un profond changement de paradigme. Car si les événements génèrent très souvent des émissions carbones significatives, la pression des publics internes comme externes les obligent désormais à les limiter au maximum.

Eviter et réduire : les étapes indispensables pour créer un événement bas carbone 

Assez fatalement, on pourrait penser que les événements n’ont plus raison d’être et que la contrainte d’une conception éco-responsable ou dite « bas carbone » sera bientôt trop forte ; qu’il serait plus simple de ne plus faire d’événements du tout. Et à raison ! Car embarquer toutes les parties prenantes d’un événement, des collaborateurs aux fournisseurs externes ou encore à l’ensemble des participants, peut vite devenir complexe ; surtout si l’événement est phygital – à la fois physique et accessible à distance ! Pourtant, du fait de sa nature même, un événement se doit d’être exemplaire car il est immanquablement et visuellement la vitrine d’une marque ou d’une entreprise. En réduire au maximum les impacts négatifs et en maximiser les impacts positifs est donc désormais au cœur des enjeux des acteurs de l’événementiel.

Si chaque événement est unique, les sources d’émissions de carbone sont très souvent les mêmes : les transports pour s’y rendre – encore plus si le public est international, le lieu et la restauration. Pour le lieu d’abord, cela peut sembler aller de soi, mais il sera préférable d’opter :

  1. pour un lieu qui existe déjà,
  2. si possible, engagé dans une démarche éco-responsable,
  3. à proximité ou dit central par rapport à la localisation des publics ciblés ; et proche des transports en commun (train, bus ou RER/Métro, gare SNCF),
  4. qui propose de la location de mobilier ou qui lui garantit une seconde vie, et
  5. Qui ne présente pas de risque direct sur l’environnement et la biodiversité,
  6. Qui propose une infrastructure adaptée et un maximum de services clés en main et sur place pour éviter d’avoir à comptabiliser en sus les émissions des déplacements des prestataires externes.

Pour les transports ensuite – qui dépendent bien évidemment du choix du lieu – il conviendra pour réduire l’usage de transports polluants :

  1. D’encourager les modes de déplacement propres et à mobilité douce, avec par exemple la fourniture gratuite d’un titre de transport en commun,
  2. De donner des recommandations de parcours pour faciliter les déplacements actifs (vélo, marche),
  3. D’envisager la mise en place de navettes collectives quand cela est possible.

Enfin, pour la restauration : 

  1. Privilégier des repas végétariens ou végan ; ou si la viande est obligatoire, opter pour du poulet qui est moins émissif que la viande rouge,
  2. S’appuyer pour des prestataires qui proposent des produits frais et de saison, idéalement certifiés issus de pratiques durables et servis dans des emballages recyclés / recyclables ou encore mieux réutilisables.

D’autres périmètres doivent également être pris en compte tels que : les déchets – les minimiser et en garantir une gestion efficiente ; l’énergie – avec le choix en faveur de matériel technique peu énergivore et d’un fournisseur d’énergie verte quand l’événement le permet ; les goodies – en limiter le recours et retenir uniquement les cadeaux utiles et éco-conçus (tout en les limitant) ; la date de l’événement – qui va définir là encore tout un tas d’autres paramètres : chauffage et éclairage en hiver ou climatisation en été ; les émissions carbone résiduelles, c’est-à-dire celles qui n’auront pas pu être évitées – peuvent faire l’objet d’une contribution climatique pour laquelle les participants peuvent être invités à voter en faveur d’un projet à impact économique, social et environnemental.

Comprendre pour optimiser :  des données concrètes pour une démarche d’amélioration continue

Quand on a pu le voir juste avant, la liste de paramètres à prendre en compte est longue ! Par conséquent, si l’événement en question est amené à se reproduire dans le futur, il sera primordial de quantifier minutieusement à l’aide d’un bilan carbone dédié, les impacts de la première édition. Il permettra d’identifier les axes d’amélioration possibles pour la suite. Étant donné l’interdépendance de chaque choix relatif à l’organisation d’un événement – que ce soit pour des raisons réglementaires (extension de la CSRD à horizon 2024) ou parce qu’elles décident de publier ces informations de manière volontaire – toutes les entreprises ont intérêt à professionnaliser leur approche comptable des émissions carbone liées à leurs différents événements en coconstruisant leurs stratégies de réduction avec les acteurs du conseil spécialisé dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre.

Pablo Castro, Consultant Carbone, spécialisé dans l’événementiel chez ClimateSeed

Pablo Castro
Pablo Castro
Consultant Carbone, spécialisé dans l’événementiel chez ClimateSeed

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